Mis à jour le : 1 mars 2022 / Publié le : 22 février 2017

Questions sur les rythmes scolaires

Ce jeudi 9 février, une délégation du secrétariat général de l’enseignement catholique a été reçue au Sénat pour témoigner de l’impact de la réforme du temps scolaire dans le cadre d’une évaluation conduite sur la semaine de quatre jours et demi entrée en vigueur de manière obligatoire dans le public en 2015 et facultative pour le privé.

Jérôme Brunet, responsable du département Éducation du Sgec, accompagné de Marie-Odile Plançon, animatrice du pôle École du Sgec et de de Pierre Marsollier, chargé des affaires politiques,  ont rendu compte, ce jeudi 9 février au Sénat, de l’impact de la réforme du temps scolaire de 2015 dans l’enseignement catholique. Ils répondaient à l’invitation de la commission des finances et la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat qui ont créé un groupe de travail commun visant à mener une évaluation de la réforme des rythmes scolaires dans le premier degré, en matière pédagogique et sociale notamment, au regard de ses conséquences financières pour les collectivités territoriales, l’État et les familles.

En préambule, il a été rappelé que l’Enseignement catholique, de par son projet éducatif, travaille de longue date sur le temps de l'enfant. En revanche, en vertu de l'autonomie de ses établissements, il revient à chaque école de déterminer sa propre position, en fonction du terrain, des paramètres locaux et des résultats du travail de concertation. D’un territoire à l’autre, les réalités sont très diverses et les options peuvent être radicalement différentes pour une école de 4 classes accueillant des élèves de 12 communes différentes en milieu rural, et une école de 12 classes en centre ville. Par ailleurs, l’enseignement catholique n’étant pas structuré de façon centralisée, il apporte une analyse essentiellement qualitative de la situation sur les rythmes scolaires, ne disposant pas de statistiques centralisées.

La synthèse dressée conclut que « l’engagement des établissements catholiques dans la réforme des rythmes scolaires a été moins suivi que prévu, en raison notamment des contraintes organisationnelles et financières ». En revanche, elle souligne qu’ « un travail de concertation, d’expérimentation a engagé les équipes dans une démarche de recherche qui a changé leur regard sur les besoins des enfants »

Concernant la mise en œuvre de la réforme, le principal écueil semble être de réorganiser les emplois du temps en se focalisant quasi exclusivement dur les activités péri-éducatives au détriment d’une vraie réflexion sur le temps scolaire. Les écoles engagées dans la réforme, ont pour un certain nombre, renoncé à la poursuivre pour des raisons généralement liées à l’organisation des temps péri-éducatifs et à la fatigue des différents acteurs. De façon pragmatique, des améliorations ont été construites afin de tendre vers la réussite effective de chaque élève et l’amélioration du climat scolaire.

Une recherche d’articulation entre les différents temps a été au cœur du travail en évitant de placer les temps péri-éducatifs au centre pour se focaliser davantage sur la prise en compte des besoins, du climat scolaire, des opportunités d’apprentissage et sur la réduction des inégalités. Il ressort de ce travail des axes à poursuivre pour nos équipes :

Repères chronologiques

2012- L'enseignement catholique initie la réflexion via une série de rencontres en territoires

26 janvier 2013 - Parution du décret sur la réforme des rythmes scolaires
Dans la foulée, le Comité national de l’Enseignement catholique (CNEC) faisait paraître un texte encourageant les communautés éducatives à entrer résolument dans cette réflexion : « L’Enseignement catholique s’est déclaré favorable sur le principe à un réaménagement du rythme hebdomadaire de l’école, en souhaitant que soit aussi prise en compte la question de l’année scolaire et celle de l’inévitable allègement des programmes, mesures indispensable pour repenser totalement les rythmes de apprentissages. » (28 février 2013)

Avril 2013 - Le Sgec édite le document « Rythmes scolaires, garder le cap » qui donne de nombreux exemples de mise en œuvre possible au sein de notre institution.

Septembre 2013- Mise en place d’une commission nationale sur les rythmes scolaires.

Le 17 janvier 2014 - Journée nationale sur les rythmes scolaires pour mutualiser les initiatives, apporter de l’information et des éléments de cadrage sur cette mise en place.

Juillet 2015 - Le Département Éducation du Sgec conduit une enquête sur la prise en compte et l’aménagement du temps de l’enfant à l’école et au collège.

  • Travailler la question du temps en communauté éducative
  • Réfléchir sur le climat scolaire
  • Sensibiliser tous les éducateurs sur les conditions de vie et le rythme des différents acteurs de l’école
  • Repenser le sens et l’accompagnement des devoirs du soir
  • Veiller à la cohérence des aides aux élèves en difficulté, à la mise en œuvre de parcours d’accompagnement personnalisés

Bilan quantitatif

Si toutes les écoles ont été en réflexion sur la réforme, seules 15% d’entre elles ont passé le cap, 274 écoles dès 2013-2014 et 800 en 2014- 2015. Ce sont donc 122 000 élèves soit 13,5% du total des élèves du privé sous contrat qui sont concernés par la semaine de quatre jours et demi. À noter qu’un certain nombre d’écoles avaient aussi continué à fonctionner sur neuf demi-journées, contournant ainsi la réforme de 2008.

Il existe bel et bien des fonctionnements bénéfiques, proposant des temps péri-éducatifs enrichissants pour les élèves, gratuits pour les parents et complémentaires du temps scolaire. Ces réussites sont conditionnées à des relations partenariales avec les édiles : une collaboration facilitée par des liens étroits entre TAP et projets d’établissements ou encore le respect de l’autonomie des chefs d’établissement, par exemple dans le recrutement des animateurs du temps péri-éducatif. Ces organisations restent néanmoins fragiles quant à leur pérennité financière, les financements CAF ne couvrant généralement l’intégralité des dépenses publiques engagées.

Quel impact ?

Le gain d’une cinquième matinée de travail est jugé propice en termes d’apprentissage et de continuité par des enseignants, même placée le mercredi matin plutôt que le samedi, créneau jugé plus favorable par les chronobiologistes. Les équipes soulignent néanmoins une fatigue accrue des élèves, notamment en maternelle où des ajustements gagnent à être entrepris pour mieux respecter le temps de sieste. Souvent les activités pédagogiques complémentaires ont souffert d’une assimilation abusive aux TAP.

Le travail en équipe peut être soit amélioré soit pénalisé par un sentiment d’accélération supplémentaire en fonction des équipes. La charge des personnels en responsabilité de direction se retrouve notablement alourdie. En revanche, les personnels éducatifs des établissements (notamment Asem) ont pu être valorisés par de nouvelles fonctions.

 

Les causes de l’abandon de la semaine de quatre jours et demi

Plusieurs facteurs ont conduit nombres des écoles qui éteint passé à la semaine de quatre jours et demi à revenir en arrière : Fatigue accrue des élèves, des équipes, TAP devenant payant pour les familles ou présentant un surcoût trop élevé pour les familles hors communes, regroupement des TAP sur une demi-journée (décret Hamon), déficit d’accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers, encadrement péri-éducatif peu fiable ou assuré par des bénévoles ne renouvelant pas leur engagement…

Réorganisation de la semaine de 4 jours

Cas de figure majoritaire parmi les écoles catholiques, celui d’une semaine maintenue à quatre jours mais réorganisée avec un accueil échelonné, une pause méridienne allongée, des temps d’apprentissages repositionnés sur des créneaux chrono biologiques plus propices, des temps de récréation plus flexibles.

D’autres écoles ont choisi des systèmes mixtes : raccourcir les journées, tout en conservant une organisation sur quatre jours incluant des samedis matin ou un mercredi sur deux dans l’année grâce à l’allongement des vacances scolaires. Des organisations marginales qui n’ont pas pu bénéficier du fonds d’amorçage. Ces options présentent l’avantage de répondre aux attentes des familles qui souhaitent globalement voir privilégier le statu quo.

 

L’audition a aussi donné l’occasion d’exposer quelques unes des contraintes spécifiques à l’enseignement catholique

Les sénateurs ont pu prendre conscience de quelques spécificités de l’enseignement catholique, qui reste libre de l’organisation du temps scolaire. Ils ont notamment pris conscience de l’impact de la fermeture des centres de loisirs le mercredi obligeant certaines écoles à mettre en place des services équivalents. De même la modification des services partagés (transports scolaires, cantine) par les communes a imposé, de fait, un passage à la réforme sans concertation. L’éloignement géographique des centres de loisirs peut également compliquer l’adoption de la semaine de quatre jours et demi.

Autre problématique soulevée : celle de l’accueil d’enfants venant de nombreuses communes voisines pour lesquels les municipalités sont variablement disposées à financer des activités péri-scolaires.

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