Mis à jour le : 25 avril 2024 / Publié le : 30 novembre 2018
Les parents et la maternelle
Alors que le président de la République a annoncé l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire à trois ans, l’Apel, association nationale des parents de l’école libre, a consacré, à la maternelle un petit-déjeuner-débat qui s’est tenu au Sénat le 28 novembre 2018.
Noémie Fossey-Sergent
L’association avait, pour l’occasion, commandé un sondage BVA sur la question et convié trois experts en éducation ainsi que des enseignants et directeurs de maternelle.
Viviane Bouysse, inspectrice générale, a d’abord rappelé ce qui fait l’identité de la maternelle en France : « Elle a une double mission : soutenir et stimuler le développement des enfants dans tous les domaines, en répondant aux besoins de sécurité, de connaissance, de repos, de mouvement et de communication mais aussi prendre en compte l’enfant comme un élève en devenir, en s’interrogeant sur ce qui va faciliter les apprentissages ultérieurs ? ».
Bérengère Guillery-Girard, neuropsychologue, a confirmé que la maternelle correspondait à un « moment charnière » de la construction du cerveau de l’enfant. Et où se mettent en place les mécanismes de mémorisation : un mécanisme d’encodage-stockage-récupération qui va permettre progressivement à l’enfant d’aller rechercher l’information dans sa tête, et de soutenir ses apprentissages.
L’enquête BVA menée en octobre 2018 auprès de 602 parents montre que les parents ont une opinion positive (89 %) de la maternelle. Ces derniers accueillent aussi positivement l’annonce d’Emmanuel Macron. 90 % d’entre eux y voient la clé d’une aide à la socialisation de l’enfant, 87 % le moyen de permettre un meilleur éveil des enfants et 75 % l’opportunité de mieux lutter contre les inégalités sociales et linguistiques.
En ce qui concerne leurs attentes vis à vis de la maternelle, ils citent l’acquisition des connaissances de base, l’apprentissage de la vie en groupe mais aussi l’éveil et le développement de l’enfant dans toutes ses dimensions. Les parents seraient ainsi demandeurs de pédagogies faisant une place plus grande à la confiance en soi et au bien-être.
Conscience et désir d'apprendre
De nombreux établissements catholiques proposent déjà ce type de pédagogie. C’est le cas du Cours secondaire d’Orsay, qui pratique la pédagogie du père Faure. Mais aussi de l’école l’Enfant-Jésus, à Soissons, dont la directrice était présente pour témoigner. L’école a mis en place un cahier de la réussite et une feuille de défis. Le premier, géré par l’enfant, lui permet de valider ses compétences et de prendre conscience de ses progrès. La deuxième liste les défis que l’enseignant estime nécessaires pour l’enfant, préservant ainsi sa motivation d’apprendre.
Si les pédagogies positives, et notamment d’inspiration montessorienne, ont le vent en poupe, Viviane Bouysse a souligné que ces dernières supposaient d’être vigilant sur la gestion de l’individualisation pour qu’elles soient véritablement profitables à l’enfant. « S’il n’y a pas un moment d’identification de ce qu’ils ont appris, et non de ce qu’ils ont fait, cela pose problème », a-t-elle pointé, ajoutant qu’il ne fallait pas « généraliser une expérience positive ». « Il n’y a pas de solution miracle pour tous. Certains enfants n’ont parfois pas le désir d’apprendre car ils n’en ont même pas la conscience. »
La question de l’écart du niveau de langage des enfants arrivant en maternelle a également été soulevée. Marie-Odile Plançon, du département Education du Sgec, a annoncé qu’un projet impliquant parents et enseignants autour du langage était en train de se dessiner. A partir d’un mot et de ses synonymes, l’enfant serait poussé à se lancer des défis entre l’école et la maison.
Gilles Demarquet a conclu la matinée en soulignant que pour permettre de répondre aux attentes formulées par les parents, des efforts seraient à faire en termes de moyens, « sur la formation initiale et surtout continue, pour que les enseignants puissent se former à ces pédagogies ». Le sondage montre d’ailleurs que parmi les pistes prioritaires pour améliorer les conditions d’enseignement, 68 % des parents citent « une augmentation du nombre d’enseignants et d’Atsem » et 63 % « une formation renforcée».