Mis à jour le : 2 mars 2022 / Publié le : 16 mai 2019

Au-delà du sigle, qui sont les MNA?

Les jeunes mineurs non accompagnés (MNA) qui arrivent en France sont en majorité des garçons issus principalement d’Afrique de l’Ouest. Leur augmentation très importante (+ 85 % en 2017) est allée de pair avec un durcissement du premier accueil...

Qui sont les Mineurs non accompagnés (MNA)?

En 2017, 14 908 jeunes ont été déclarés mineurs non accompagnés (MNA), selon le Rapport annuel de la mission mineurs non accompagnés du ministère de la Justice paru en mars 2018.

C’est 85 % de plus que l’année précédente. Fin 2017, l’Assemblée des départements de France (ADF) faisait état de son côté de plus de 25 000 jeunes pris en charge, sur un total de 50 000 se réclamant du statut de MNA.

Il s’agit surtout de garçons (à 95 %), issus à 66 % d’Afrique de l’Ouest (Guinée, Côte d’Ivoire, Cameroun, Mali), 10 % d’Asie (Pakistan, Afghanistan, Bangladesh), 5 % d’Algérie et du Maroc, 4 % d’Albanie, les 15 % autres venant d’autres pays d’Afrique subsaharienne, du Maghreb, du Kosovo.

Ces jeunes – en premier lieu les filles – risquent de se retrouver victimes de traite humaine et l’ont souvent été durant leur parcours. D’où l’importance d’une entrée rapide dans les dispositifs de la protection de l’enfance, qui survient, pour 60 % d’entre eux, après 16 ans. Or cette mise à l’abri se trouve compliquée par l’augmentation des flux de mineurs qui arrivent.

Amorcée en 2015, celle-ci s’est accélérée jusqu’à provoquer, à l’été 2017, la saturation des dispositifs de protection de l’enfance, notamment sur la frontière alpine. Parallèlement, les recours contentieux des jeunes qui contestent la non reconnaissance de leur minorité et l’implication de MNA dans des faits de délinquance ont aussi augmenté. Cette conjoncture a aggravé les difficultés liées à l’absence d’harmonisation, entre départements, des pratiques de l’évaluation de l’âge, en pleine inflation aussi (80 000 évaluations pour 2018, contre 53 000 l’an passé selon l’ADF).

Dans ce contexte, la loi Asile et immigration du 10 septembre 2018, si elle a facilité l'accès aux contrats d'apprentissage et de professionnalisation des mineurs étrangers confiés à l'Aide sociale à l'enfance, a aussi durci le premier accueil fait à ses jeunes.

Un projet de décret prévoit en effet qu’un fichier biométrique « d’appui à l’évaluation de la minorité » soit désormais constitué en préfecture et puisse aboutir à une expulsion, en cas de doute sur la minorité.

Alors que le 10 décembre dernier, à Marrakech, le Pacte mondial sur les migrations a été signé par la France, l’Unicef a rendu, le 7 décembre, un rapport alarmant sur les privations dont les jeunes réfugiés et migrants sont victimes durant leur déplacement. Comme d’autres associations, l’Unicef plaide pour leur offrir un moment de soin et de repos à leur arrivée…

Une prise en charge à renforcer

Une enquête qualitative, conduite en 2017 en France, en Italie et en Espagne, par l’Observatoire des jeunes et des familles d’Apprentis d’Auteuil auprès d’une quarantaine de jeunes migrants, pointe des écueils liés aux politiques publiques. Elle déplore notamment que soient insuffisamment prises en compte la problématique interculturelle ainsi que la souffrance psychologique des jeunes qui déclarent souvent une forme de stress post-traumatique environ six mois après leur arrivée. De plus, la fin de la prise en charge par l’Ase (Aide sociale à l’enfance) dès 18 ans, implique une professionnalisation très rapide qui ne tient pas compte des aspirations et compétences des jeunes, ni des besoins du territoire où ils s’implanteront. Le plan Pauvreté annoncé par le président de la République à la mi-septembre 2018 annonçait un prolongement des prises en charge au-delà de cet âge… mais aucun texte d’application n’a été évoqué jusqu’à présent. VL

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