Les groupes au collège: BO, moyens et organisations possibles

Partisan de la différenciation pédagogique, l’Enseignement catholique est plus réservé sur la systématisation des groupes de niveau au collège, les recherches ayant montré l’importance de la mixité pour apprendre. La mise en œuvre de groupes de besoins temporaires et ajustés aux élèves et à la progression semble plus propice.
Contrairement au public, il n’a pas reçu de moyens complémentaires pour les mettre en œuvre, hormis les 370 postes relatifs à la suppression de la 26e heure d’accompagnement personnalisé. Ces derniers seront redéployés, au sein des académies, vers les établissements qui ont le plus d’élèves en difficulté.

« Il faut laisser de l’autonomie aux chefs d’établissement pour organiser ces groupes comme ils l’entendent, en fonction de la réalité de leur collège. (…)
Le risque, sinon, c’est la création de classes de niveau. Il faut un projet qui fasse progresser tous les élèves, sans les enfermer dans leur échec. »

«Après la  révolution copernicienne annoncée par le Président il y a deux ans, on a aujourd’hui, la sensation qu’on revient en arrière. (…) On nous parle de choc des savoirs, de réarmement civique… N’a-t-on pas quelque chose de plus positif à proposer aux élèves, un projet porté par l’espérance ? »

Philippe Delorme
Sec. Gal de l'Ens. catholique

C’est la mesure emblématique du Choc des Savoirs : L’enseignement des maths et du français en groupes de besoins, dès la prochaine rentrée en 6e  et en 5e puis en septembre 2025 pour les classes de 4e et de 3e.

La Note de service parue au Bulletin officiel spécial n°2 du 18 mars 2024 (En référence à l’arrêté du 15 mars 2024)  précise enfin l’organisation de ces groupes finalement qualifiés « de besoins ». 

Ce dispositif de différenciation pédagogique relève, selon le Code de l’Education, de l’autonomie des établissements privés sous contrat (D 332-5) qui sont libres de leur organisation pédagogique L 442-5, dans la mesure où ils respectent les volumes horaires et les programmes prévus par l’éducation nationale (L442-7).

Dans ce contexte légal, comme pour des dédoublements, le chef d’établissement, en concertation avec son équipe pédagogique, décide donc ou non de mettre en place les groupes évoqués par l’arrêté du 15 mars 2024. 

 Etant donné qu’ils rejoignent des pratiques déjà mise en œuvre dans les établissements, chacun d’entre eux a toute latitude pour adapter ces groupes de besoins à  son public scolaire et pour les adapter aux propositions pédagogiques préexistantes (différenciation en classe, groupes, accompagnement, soutien)

Les propositions et points d’attention ci-dessous sont au service de la créativité des équipes qui seules, permettent de relever le défi de la différenciation pédagogique, au service de la réussite de tous, au cœur du projet éducatif de l’Enseignement catholique. 

 

Suggestions d’organisation 

Rappel du cadre posé par le par le BO pour l’Enseignement public

  • Les enseignements de mathématiques et de français sont organisés en groupes, communs à plusieurs classes, sur la totalité de l’horaire hebdomadaire.
  • Les programmes et attendus de fin d’année sont identiques pour tous.
  • Les groupes comportant un nombre important d’élèves en difficulté sont à effectifs réduits (maximum 15).
  • La composition des groupes s’appuie sur l’analyse par le chef d’établissement et les équipes pédagogiques, des besoins spécifiques de chaque élève.
  • Cette composition est réexaminée au cours de l’année scolaire afin de tenir compte de la progression et des besoins des élèves.
  • Par dérogation à cette organisation générale, les élèves peuvent être regroupés conformément à leur classe de référence pour une ou plusieurs périodes sur 1 à 10 semaines dans l’année. L’horaire hebdomadaire ne peut être fragmenté.
  • Les professeurs définissent des objectifs d’apprentissage communs par période sur lesquels reposent les progressions de chacun des professeurs.

Les collèges n’ayant pas reçu de moyens supplémentaires, peuvent

  • Organiser les cours de mathématiques et de français en barrette de manière à favoriser la répartition des élèves de l’ensemble des divisions selon les besoins repérés par les enseignants au moment des évaluations ou en fonction des parties de programmes travaillées.
  • De mettre en œuvre les groupes au sein d’une même division en laissant à l’enseignant le soin de personnaliser les apprentissages.
  • De travailler avec les professeurs des écoles qui peuvent être mobilisés, dans le cadre du Pacte enseignant, pour le soutien des élèves les plus en difficulté dans la limite de 2 heures hebdomadaires. 

Les collèges ayant reçu des moyens complémentaires,

devront les utiliser pour mettre en œuvre les groupes de besoins, selon une organisation adaptée aux contextes de leurs établissements et au public accueilli.

Ils pourront notamment :

  • Organiser les cours de mathématiques et de français en barrette de manière à favoriser la répartition des élèves de l’ensemble des divisions selon les besoins repérés par les enseignants au moment des évaluations ou en fonction des parties de programmes travaillées.
  • Articuler temps d’apprentissage en groupes et périodes en classe entière dans la limite des 10 semaines.
  • Prévoir des groupes évolutifs par période ou selon les parties du programme travaillées.
  • Travailler avec les professeurs des écoles qui peuvent être mobilisés, dans le cadre du Pacte enseignant, pour le soutien des élèves les plus en difficulté dans la limite de 2 heures hebdomadaires.

Points d’attention : 

Le collège est le lieu de l’articulation entre 3 dimensions essentielles au développement et à la réussite des jeunes qui lui sont confiés :

  • La différenciation, nécessaire à l’accompagnement des parcours diversifiés des élèves.
  • L’orientation, permettant à chaque jeune de construire son projet personnel de scolarisation.
  • L’évaluation, indispensable à la mise en œuvre des parcours d’apprentissage et d’orientation.

Pour permettre une mise en oeuvre harmonieuse de ces 3 dimensions, il est essentiel :

  • De travailler à la construction d’une culture partagée de l’évaluation, par exemple au travers de la rédaction d’un projet d’évaluation collectif.
  • De préserver la liberté pédagogique des enseignants tout en incitant aux pratiques collaboratives nécessaires à la cohérence des apprentissages et à l’accompagnement des élèves.
  • D’être attentif à la place donnée aux parents et à la relation éducative partagée.

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