Formation continue: comparer pour comprendre

Du 16 au 20 novembre 2020, le Cnesco organisait en distanciel une conférence de comparaisons internationales sur la formation continue pour mieux cerner ce qu’on sait aujourd’hui du développement professionnel des personnels d’éducation.

Nicole Priou

Du 16 au 20 novembre 2020, le Cnesco  (sous la présidence de Régis Malet (IUF, Université de Bordeaux, France) et Olivier Maulini (Université de Genève, Suisse) en partenariat avec France Éducation international, organisait en distanciel une conférence de comparaisons internationales sur la formation continue et le développement professionnel des personnels d’éducation, pour mieux cerner « ce qu’on sait aujourd’hui du développement professionnel des personnels d’éducation et ce que nous apprennent les résultats de la recherche et les expériences à l’international ». 

Que mettre en exergue de ces apports[2] denses et diversifiés (Canada, Estonie, Singapour, Japon, Allemagne, Écosse, Suisse et Finlande) ?

On ne s’étonnera pas que Régis Malet, comparatiste [membre senior de l’Institut Universitaire de France, Chaire d’éducation comparée], co-président avec Olivier Maulini de cette conférence, ait insisté sur les bénéfices des comparaisons internationales. Au-delà des situations singulières le repérage de dilemmes communs et des choix politiques locaux pour y répondre aide à déplacer le regard de « l’Extrême Orient à l’Extrême Occident » selon la formule ingénieuse d’Olivier Maulini, pour peut-être mieux comprendre ce qui se joue chez nous car « l’école apprend lorsqu’elle accepte de regarder au-delà de ses murs, de chercher des hypothèses, des paradigmes, des stratégies dans d’autres organisations et champs sociaux, de s’exposer telle qu’elle est au regard extérieur » (communication de Monica Gather Thurler).

A en juger par les questions et réactions et questions en ligne du public trois communications ont particulièrement interpellé les participants.

La Lesson Study développée au Japon et présentée par Janos Gordon Györi de l’Université de Eötvös Lorand en Hongrie montre comment des professionnels se mettent dans une posture de développement professionnel constant en préparant en groupe une leçon d’étude sur un problème qui les intéresse avec l’aide de littérature scientifique, d’experts et de chercheurs et en allant s’observer.

La démarche d’ « Enquiry » analysée par Kay Livingston de l’Université de Glasgow en Ecosse s’attache à scruter et définir précisément ce qui se passe dans les salles de classe. Elle invite à cultiver une curiosité continue qui conduit les enseignants à « enquêter » sur leurs difficultés, à collaborer avec leurs collègues et à partager leurs résultats les uns avec les autres en s’appuyant sur les travaux issus de la recherche et sur les informations fournies par les élèves eux-mêmes.

Les Communautés d’apprentissage professionnelles présentées par Claude St-Cyr de l’Université de Montréal au Québec, relatent l’expérience impulsée par des chefs d’établissement et menée depuis 7 ans de pratiques collaboratives développées dans des établissements en réseau.

 

 

 

Prolonger sur le site du Cnesco

 

Les plénières seront  consultables sur la page Facebook du Cnesco.

Le Cnesco publiera en janvier les ressources produites pour cette conférence : trois rapports scientifiques de comparaisons internationales ; une description institutionnelle nationale et  un dossier de synthèse comprenant des préconisations issues des ateliers...

 

D’un intervenant à l’autre des mots reviennent : efficacité, contrôle, bien commun, collégialité, recherche. Mais peuvent s’y cacher parfois des réalités diverses. Si l’apport de la recherche semble unanimement reconnu dans la contribution à la professionnalisation son usage peut servir des causes bien différentes comme le soulignait en conclusion des plénières du mercredi Olivier Maulini.  Elle n’est pas un « arbitre neutre ». Avec qui les chercheurs font-ils prioritairement alliance : la hiérarchie, les professionnels ? Contribue-t-elle à une analyse collaborative du travail ou à la promotion de prescriptions qui viennent des laboratoires ? Contribue-t-elle à une augmentation collective du pouvoir d'agir ou à une standardisation accrue de supposées « bonnes pratiques » ?

Si le souci de s’interroger sur l’efficacité de son action est légitime comment ne pas tomber dans une « obsession de performer » qui – comme le rappelle Maulini - serait « le contraire d'une éducation humaniste, émancipée et émancipatrice, apprenant d'abord à tout questionner ». Et – ajoute-t-il – « se demander ce qui est fécond, c'est accepter en somme que la question des fins soit incluse dans celle des moyens, parce que produire un surcroît de professionnalisme implique également et peut-être d'abord pour les professionnels de se demander ensemble quels pouvoirs ils veulent se donner, pour s'affranchir de quelles règles bureaucratiques ou, à l'inverse, de quelles lois du marché ». Des alertes essentielles.

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