Vers l’accessibilité universelle

Mi décembre, les référents École inclusive ont échangé avec Sophie Cluzel, ministre chargée des Personnes handicapées, et de jeunes comédiens porteurs de handicap invisible, durant leur session de formation.

Une école où les parcours de réussite ne se résument pas au seul et unique chemin tout tracé pour tous… et où il serait même bien vu de vouloir devenir boulanger… voire comédien… Une école qui ouvrirait d’autres voies de réalisation qu’une focalisation anxiogène sur le travail scolaire… Des classes où tous seraient acceptés et respectés et où les stylos et autres handspinners pourraient librement tourner… La lecture d’extraits de la pièce en cours de création « Personne n’est ensemble, sauf moi », de Clea Petrolesi, a enthousiasmé les membres du Redi, réseau d’éducation inclusive de l’Enseignement catholique. Logique, puisque l’œuvre entend interroger la notion de normalité, donner de la visibilité aux marges et aider à diffuser une culture de l’adaptation, autant de thématiques au menu de leur session annuelle de de formation dont l’intermède théâtral a été particulièrement apprécié.

En attendant les représentations prévues pour l’automne prochain, un temps d’échanges avec les acteurs, de jeunes gens porteurs de handicap invisible, enrôlés par la metteure en scène via les ateliers théâtre proposés par le programme égalité des chances de l’Essec à Cergy (95), ont régalé ces responsables diocésains de l’école inclusive. Cette discussion a en effet bien incarné la teneur de leurs trois journées de travail proposées du 13 au 15 décembre en visio, par l’ECM et Marie-Odile Plançon, leur responsable pour le Sgec :  Co-élaborer l’établissement inclusif idéal, s’immerger dans les pratiques de différenciation pédagogiques les plus innovantes et partager des questions politiques…

Côté pédagogie

La formation a débuté sur l’historique d’un siècle d’évolution de l’école, du ségrégationnisme du début du XXe siècle à l’école inclusive du XXIe. Une rétrospective assurée sur un mode ludique par Véronique Poutoux, ancienne enseignante et formatrice de l’Enseignement catholique qui anime le site « Vers une école inclusive » et a conçu un jeu interactif permettant de mesurer le chemin parcouru mais aussi combien la tendance à médicaliser et catégoriser reste prégnante malgré la transformation progressive des mentalités.

Philippe Tremblay, le professeur en sciences de l’éducation à l’université Laval de Québec a ensuite invité l’assemblée à revenir au cœur des pratiques pédagogiques de classe. Plan de travail différencié par nature, évaluation diagnostique très finement corrélée aux besoins spécifiques, une évaluation résolument formative et un co-enseignement levier d’un accompagnement davantage en proximité… Autant de pratiques qui se diffusent -notamment grâce au renforcement de la formation initiale dans ces domaine- parmi les enseignants ordinaires.

 

Côté politique

Les référents de l’École inclusive ont aussi vécu un temps d’échanges avec Sophie Cluzel, ministre en charge des Personnes handicapées, dont ils partagent le constat des avancées – 20% de scolarisation d’élèves en situation de handicap supplémentaires – et des marges de progression restant à l’école inclusive : « 35% d’accompagnants d’élèves en situation de handicap en plus, c’est positif mais l’inflation continue des demandes d’AESH questionne la capacité des communautés éducatives à mettre en œuvre l’accessibilité universelle dont l’accompagnement n’est qu’un levier parmi d’autres » a-t-elle insisté, tout en reconnaissant les difficultés posées par le non financement par l’Éducation nationale des AESH sur le temps périscolaire, proposant un groupe de travail croisé sur ce problème qui concerne aussi le public.

En plus des 25 heures ajoutées à la formation initiale des enseignants ordinaires et de la montée en puissance du Cappei, grâce à la VAE, deux mesures effectives dans l’Enseignement catholique, l’enjeu de renforcer encore la coopération avec le secteur médico-sociale a été largement évoqué avec la ministre. Malgré une transposition complexe dans le privé du décret de 2009 et le fléchage des budgets ARS vers le 1er degré, des initiatives fructueuses se montent sur tout le territoire. Par exemple au collège Mautpertuis–Saint-Benoît du Mans où un pôle santé favorise le suivi à la fois intégral et sur mesure d’élèves souffrant d’autisme et profite à tout l’établissement.

Des freins persistants à ce rapprochement avec les professionnels du médico-social – dans les Yvelines ou le Var –, ainsi que des obstacles administratifs à la poursuite d’études d’élèves en situation de handicap dans des lycées agricoles qui cultivent pourtant la fibre inclusive – en Bretagne, dans la Marne et les Ardennes ainsi qu’en Ardèche – ont pu être remontés à la ministre.

Le souhait d’être associé à l’expérimentation du Livret de parcours inclusif qui garde trace des adaptations scolaires réalisées pour les élèves BEP, a aussi été entendu. Un outil de plus pour favoriser la continuité des trajectoires scolaires des élèves, leur formation intégrale et l’ouverture d’une école toujours plus inclusive à tous les élèves ainsi qu’aux professionnels extérieurs qui les soutiennent.

Le Cappei accessible via la VAE: mode d'emploi

 

 

Le dernier ouvrage de Philippe Tremblay sur l'école inclusive

Enquête sur l'accompagnement des élèves en situation de handicap durant la pause méridienne jusqu'au 22 décembre 2021

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Note explicative

 

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