Publié le : 12 mai 2025
Dix jours sans écran: Top départ!
Du 13 au 22 mai 2025, 110 000 élèves de 750 établissements scolaires relèveront ce qui relève de la gageure: se passer entièrement de portable, télévision et tablette. Entretien avec l’initiateur de ce grand défi, Eneko Jorajuria, enseignant à l’école Sainte Marie – Maria Saindua Eskola de Biarritz (64) et responsable de l’association “10 jours sans écrans”.
Cette année, 110 000 élèves vont relever le défi des “10 jours sans écrans”. Comment est née cette aventure ?
Eneko Jorajuria: L’idée vient du Québec, portée dès 2003 par Jacques Brodeur, un enseignant québécois inspiré par les recherches de l’université de Stanford sur l’impact des écrans. Il avait imaginé un défi ludique et collectif. En France, l’association Éco-Conseil a repris le flambeau à partir de 2008. Moi, je l’ai testé une première fois dans mon école en 2017, à Biarritz. L’année suivante, j’ai lancé l’initiative à plus grande échelle avec notre propre association, et dès la première édition, nous avons embarqué 35 établissements, de la crèche au lycée. Cette année, du 13 au 22 mai, ce sont 750 établissements et 110 000 élèves qui participeront. C’est devenu une vraie dynamique collective. Une performance, oui, mais surtout une prise de conscience joyeuse.
Quel est le principe concret de ce défi, et comment impliquez-vous les élèves et leurs familles ?
E. J.: Pendant dix jours, les enfants doivent se passer volontairement de tous les écrans de loisirs : téléphone, tablette, télé, jeux vidéo, séries… Pour les y aider, on envoie des kits pédagogiques à chaque établissement, adaptés aux quatre cycles. Ils contiennent des activités de ludopédagogie pour comprendre les bienfaits de la déconnexion numérique : santé, sommeil, mouvement, imagination… Les élèves réfléchissent aussi à ce qu’ils aiment faire sans écran. Chaque jour, ils remplissent un carnet de bord, avec une grille de points à cocher pour six moments clés de la journée — le matin, le goûter, le soir, la nuit, etc. Chaque tranche sans écran rapporte des points. Le compteur est collectif : on ne met pas les enfants en compétition, au contraire, on favorise l’esprit d’équipe. Et les parents jouent souvent le jeu : par solidarité, ils coupent aussi leur portable. Beaucoup nous disent que c’est une libération. Cela devient l’occasion de remettre les écrans à leur juste place.
Qu’est-ce qui motive vraiment les enfants à jouer le jeu ?
E. J.: Ce qui nous frappe chaque année, c’est leur enthousiasme. Ils sentent que ce n’est pas une punition mais une opportunité. Dès qu’ils perçoivent les bénéfices — être plus disponibles, mieux dormir, bouger davantage, retrouver le plaisir d’un jeu ou d’une discussion —, ils sont fiers. Ils veulent être plus forts que les écrans. Certains disent même qu’ils se sentent “plus libres”. Ce défi leur permet de retrouver de reprendre conscience du temps, de l’attention.