Conseils de classe en mutation

Le Pôle Lycée publie les résultats d’une consultation menée auprès de 15% des lycées de l’Enseignement catholique- sur les conseils de classe transformés par la réforme de 2019 dont les spécialités font éclater le groupe classe.

Synthèses de suivi régulières avec les élèves et leur famille, mise en place de tutorats, échanges en équipe via des plateformes collaboratives, introduction d’une part d’auto-évaluation… après deux ans de mise en œuvre de la réforme du lycée, force est de constater que le préparation et l’organisation des conseils de classe ont bien changé.

Le Pôle Lycée du département Education du Sgec, avait pointé dès 2019 le potentiel impact de la réforme du lycée sur cette instance (Webinaire du 4 nov. 2019). Du fait de la modularité inédite des enseignements, les lycéens ne suivent plus, à partir de la 1è, que 10h de tronc commun en classe contre 12 heures de cours de spécialité et dispensés dans d’autres groupes d’appartenance.

Le Pôle Lycée publie aujourd’hui les résultats d’une consultation conduite de janvier à avril 2021 auprès de 199 établissements -soit 15,3% des lycées de l’Enseignement catholique- sur les expérimentations de terrain autour de ce conseil de classe post-réforme
Malgré les perturbations liées au contexte sanitaire, cette enquête traduit « un glissement signifiant de la notion de « conseil de classe » vers la notion de « conseil des élèves » qui va de pair avec le souci d’un accompagnement plus personnalisé et ajusté », résume Benoit Skouratko, responsable du Pôle Lycée.

 

Dans les établissements ayant poussé au maximum la logique de la réforme, les conseils de classe se retrouvent parfois même éclatés en plusieurs types de rencontres aux périodicités et aux objectifs différents : bilan des enseignements de tronc commun ou de spécialités, suivi des progression ou décisions d’orientation…

Ces transformations, si elles prennent des visages divers, transforment en profondeur l’organisation spatiale et temporelle des lycées. De plus, elles induisent toutes une collégialité accrue puisque 95% des modalités nouvelles ont été décidées de manière concertée selon les résultats de l’enquête, elle-même renseignée à plusieurs mains dans 58,8 % des cas.

Le conseil de classe devient ainsi un lieu où la responsabilité en partage s’exerce volontiers. « Le rôle et les fonctions du professeur principal, encouragé à fonctionner en binôme, en suivant des élèves à qui il enseigne une spécialité, sur toute la durée du cycle terminal, y ont évolué de manière conséquente (lire ci-contre). Mais ce n'est pas tout : la place des lycéens et de leurs représentants ainsi que des parents correspondants et même de la vie scolaire se trouve également impactée », analyse Benoit Skouratko qui incite à poursuivre cette réflexion participative afin que « le conseil de classe devienne une organisation apprenante pour chacun des acteurs de la communauté. »

Parmi les autres axes de réflexion à approfondir émergent la nécessaire transformation des conseils de classe en seconde, en lien avec les choix de spécialités… puis dans les classes inférieures, pour que leur fonction nouvelle d’appui à une individualisation accrue des parcours puisse aussi bénéficier aux collégiens.

Le professeur référent de groupe d’élèves, un professeur principal bis

Un décret (n° 2021-954) du 19 juillet 2021 crée, au lycée général, en plus de la fonction de professeur principal chargé du suivi d’une classe, un nouveau « professeur référent d’un groupe d’élève » et la possibilité de tenir des « conseils de groupes d’élèves » selon leurs profils.

Ils perçoivent les mêmes indemnités, sont recrutés à discrétion du chef d’établissement et sur la base du volontariat et sont amenés à déployer des suivis complémentaires.

Pour Bruno Magliulo, inspecteur honoraire de l’Education nationale, ce PRGE nouveau venu parmi les personnels de l’Education nationale illustre bien la transformation en en cours des rôles des conseils de classe et du professeur principal : « On a  progressivement réformé le conseil de classe, par petites touches successives, en le conduisant à moins se comporter comme une instance de pure analyse des résultats scolaires et de classement des élèves, et corrélativement, de plus lui demander de devenir une instance de réflexion collégiale sur les parcours de chacun, donc élargie à d’autres compétences que purement scolaire, et tenant compte de la diversité des élèves concernés. »

Selon lui la réforme du lycée est venue amplifier une tendance qui vise aussi à individualiser encore davantage les suivis, notamment celui des élèves à besoins éducatifs particuliers. Il rappelle néanmoins qu’au vu des difficultés actuelles à recruter des candidats à la fonction de professeur principal, une revalorisation financière de ces missions aurait sans doute aidé au déploiement de leur dédoublement, qui pour l’heure reste entière facultative.

Le replay du Webinaire du 4 novembre 2019
à visionner ci-dessous

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