Accessibilité universelle

Les référents du réseau Ecole inclusive de l’enseignement catholique se sont réunis du 7 au 9 février pour une session de travail stimulante, à l’Ecole des cadres missionnés.

 

« We have a dream », le dernier film de Pascal Plisson (pp 44, 45), proposé aux quelques 70 référents diocésains de l’éducation inclusive dans le cadre de leurs journées annuelles, reflète bien, entre pragmatisme et utopie, leur volonté de faire de l’accueil de tous, l’affaire de tous.

Cela passe par une approche interdisciplinaire intégrant l’appui du médico-social au milieu scolaire, comme l’a rappelé Charles Rozoy, ancien Conseiller éducation de la Ministre chargée des personnes handicapées. Si les objectifs de la dernière conférence du handicap sont partiellement atteints, l’articulation de ces cultures professionnelles progresse bel et bien.

A Lyon, un pôle de ressources diocésain participe à l’organiser par une série de conventionnements et un réseau d’enseignants basés en structures médico-sociales qui interviennent en appui des établissements catholiques. A Saint-Benoît-Maupertuis au Mans, c’est un dispositif d’autorégulation (DAR) où un plateau médicosocial et une enseignante accompagnent la scolarité d’élèves porteurs d’autisme comme d’élèves en difficulté. Et, en Bretagne, le déménagement du collège malouin du Sacré-Cœur à Saint-Jouan, à la rentrée 2024, servira de terrain d’expérimentation à « un établissement inclusif universel », qui accueille un IME dans ses murs. 

Dénormaliser l'environnement scolaire

Relever ce défi passe par un effort d’accessibilité pédagogique qu’Hervé Benoit, enseignant chercheur à l’INSHEA a brillamment théorisé : « Les politiques publiques du handicap surinvestissent les mesures compensatrices, au nom d’une habitude de sélection/catégorisation/orientation. Mais, peut-être au vu de l’alourdissement exponentiel de la charge financière que représentent les AESH, on cherche aujourd’hui à les limiter. Cela requiert d’augmenter l’accessibilité en reconfigurant l’environnement scolaire de manière à le dénormaliser et en anticipant les besoins des élèves en difficulté. » Pour cela il s’agit de repenser les espaces spatio-temporels -sas refuges, lieux coopératifs, temps de pause, modes de circulation de la parole en classe-, autant que l’organisation structurelle des établissements -rapport à l’évaluation et à la discipline-. « Tout ce travail a permis aux référents de proposer une grille de critères d’accessibilité qui guideront les évolutions à venir et viendront nourrir un prochain texte d’orientation en cours d’élaboration » , a conclu Solveg Wattel, animatrice du Rédi, au terme de ses journées aussi denses que riches !

Effort de recensement

L’enseignement catholique entend améliorer la collecte des données relatives aux élèves à besoins éducatifs particuliers qu’il accueille en dispositifs inclusifs, en Segpa, en milieu ordinaire ou à l’aide de dispositifs innovants. Ces chiffres permettront d’objectiver les progrès réalisés et attendus sur ITEMS, tableau de bord public des données socio-économiques des établissements au service de la mixité sociale mais aussi de la mixité scolaire.

Vers un accueil de tous

En plus de ses onze classes, l’école de l’Interparoissial, à St Lô compte un dispositif Ulis qui accompagne 14 élèves… et 5 autres ayant reçu une notification en Institut médico-éducatif mais n’y trouvant pas de place. Très investie dans l’accueil de ces jeunes, l’équipe a constitué une sorte d’espace éducatif coordonné par l’enseignante de l’Ulis, en mobilisant toutes les aides humaines possibles : les AESH attachées à l’école, l’enseignante du réseau d’aide en appui ponctuel, avec le relai de personnels Ogec.

Sortie épuisée d’une première année de ce fonctionnement et confrontée à la réprobation de certains familles, l’école de l’Interparoissial cherche aujourd’hui à financer l’installation d’une équipe médico-sociale dans ses locaux, à hauteur de 450 000 euros. L’établissement a sollicité l’ARS, l’Education nationale et il a déposé un dossier au Conseil national de la Refondation et s’engage cette année dans une recherche action avec le soutien de Formiris. Au programme : la découverte et l’appropriation du programme socio-éducatif québécois CAPS-1 appuyé sur un jumelage avec une école et en lien avec des chercheurs de ce pays très inclusif. En France, Eric Piriou, psychologue et directeur du cabinet de conseil CPSI (Centre de preuves société inclusive) soutient aussi ce projet.

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