L’Éducation inclusive, levier de transformation

C’est à deux voix que le directeur de l’Isfec de Bourgogne  – Franche-Comté, Gaëtan Honoré et la formatrice Véronique Poutoux, ont mis en perspective la conception universelle des savoirs (CUA) comme champ d’exploration prioritaire pour les 72 référents Éducation inclusive de l’Enseignement catholique, réunis du 12 au 14 mars derniers à l’ECM, à Montrouge (92).

Alors que les effectifs d’élèves en situation de handicap ont triplé dans les classes, les enseignants, également confrontés à une montée des troubles oppositionnels, se sentent de plus en plus démunis, ployant sous l’injonction à toujours plus différencier les apprentissages. « Passées les premières appréhensions, il y a vingt ans, les enseignants sont finalement entrés assez facilement dans une logique d’accueil. Aujourd’hui, cette dernière montre ses limites et est, ça et là, plus ouvertement contestée », s’inquiète  Camille Vecten, référente EI qui officie dans l’Aisne.

D’où l’idée de s’appuyer sur la CUA pour inventer de nouvelles manières de faire classe, bientraitantes pour les élèves et les enseignants. C’est ce qu’a développé, avec force exemples, Noémie Chavanes, enseignante spécialisée, formatrice, cheffe d’établissement et ancienne membre du pôle inclusif diocésain de Lyon : « Cultiver le bonheur à l’École, c’est mieux prendre en compte la santé physique et mentale des élèves et des enseignants et instaurer un climat motivationnel propice. Celui-ci s’appuie sur la théorie d’auto-détermination qui promeut l’autonomie des élèves via des pédagogies actives, dans un cadre souple et structuré ainsi qu’une proximité sociale soutenue par l’implication. » Soucieuse de ne pas se cantonner au plan théorique, Noémie Chavanes a illustré son propos par de nombreuses capsules vidéo montrant l’introduction de temps de sophrologie ou de méditation en classe, de modules visant à développer les compétences psychosociales ou présentant le fonctionnement d’une classe flexible. « Cette clé dynamise les pratiques enseignantes, diminue le risque de burn-out, prévient le harcèlement et consiste finalement à réorganiser les apprentissages selon qu’ils sont à travailler en autonomie, en classe entière ou en petits groupes, permettant au final à l’enseignant de gagner un temps précieux », a voulu convaincre l’intervenante, qui a partagé à l’assistance les fiches qu’elle a élaborées pour aider les enseignants à travailler leur posture.

Entre autres leviers présentés et plébiscités par les référents : les usages de l’intelligence artificielle appliquée à l’école inclusive actionner des outils de différenciation pédagogique et de suivi individualisé des élèves à besoins éducatifs particuliers. C’est l’experte Julie Higounet qui a initié l’assemblée à ces techniques, leur démontrant, travaux pratiques à l’appui, comment la dernière révolution en date du monde numérique pouvait là encore faire gagner un temps précieux aux enseignants.

Autant de ressources qui, comme d’autres initiatives présentées en mode World Café aux référents (lire ci-contre), pourront désormais être valorisées, à travers eux, dans le réseau. Cette logique de mutualisation s’est aussi exercée autour de pistes de réflexion éducative adossées au nouveau texte présentant la dynamique inclusive dans l’Enseignement catholique : co-enseignement, équité en matière d’évaluation, efficience du binôme enseignant-AESH… Les référents ont commenté les premières « fiches de questionnement » réalisées et soumis de nouvelles thématiques au débat.