Entre rire et larmes

Ce mercredi 17 janvier 2018 sort en salles Le rire de ma mère. Ce premier long-métrage de deux réalisateurs français, Colombe Savignac et de Pascal Ralite, raconte le quotidien d’Adrien, 11 ans, qui vit dans une famille recomposée. Un film plein de grâce qui aborde des sujets graves avec délicatesse et tendresse.

 

Dans une voiture un couple se dispute sous les yeux d’un enfant de 11 ans. « Il parle pas ton gosse. Je me suis même demandé s’il n’est pas muet dès que je l’ai rencontré…Une famille recomposée, c’est pas mon truc ». « C’est quoi ton truc ? », réplique la femme qui sort brusquement de la voiture avec son fils Adrien. Elle téléphone aussitôt à son ex-mari, le père d’Adrien pour qu’il vienne les récupérer. Ce dernier arrive avec sa compagne, Gabrielle. La mère renchérit : « Tiens, Roméo et Juliette dans leur carrosse ! ». Ainsi commence le premier film de Colombe Savignac et de Pascal Ralite Le rire de ma mère qui sortira sur les écrans le mercredi 17 janvier 2018. Ce film a été présenté hors compétition au festival international du film de Saint-Jean-de-Luz d’octobre dernier. Entre émotion et rire, détresse et compassion, ce long-métrage nous parle des choses de la vie. Les choses de la vie était le titre d’un des films de Claude Sautet, tourné en 1969. Tout comme les films de Sautet, celui de Colombe Savignac et de Pascal Ralite est fait d’attentions méticuleuses, de personnages attachants, forts et émouvants, de mélancolie et de retenue. Et il aborde aussi les rapports homme-femme, les problèmes de couple, les relations amoureuses et amicales, le rapport père-fils.
Le rire de ma mère sonne juste sur un sujet très difficile, il évoque le monde des adultes à travers le prisme d’un garçon de onze ans et nous pose des questions essentielles et existentielles : Comment vivre au sein d’une famille recomposée ? Comment expliquer à un enfant la séparation de ses parents ? Comment devenir courageux quand on n’a que onze ans ? Mais surtout comment préparer à la mort d’un parent ? Comment accompagner le deuil et soulager la peine ?
Adrien est un enfant timide, secret et inquiet, qui a des difficultés à s’exprimer. Il partage son temps entre son père, Romain, un homme rassurant qui a refait sa vie avec Gabrielle, et Marie, sa mère, femme exubérante, impétueuse et passionnée mais aussi solitaire, avec ses fragilités et ses peurs. Un évènement très grave vient bouleverser la vie de Marie. Adrien prend conscience de cette douloureuse vérité qui va tout changer, non seulement pour lui, mais pour toute sa famille. Romain éprouve des difficultés à parler à son fils. Adrien, quant à lui, est inscrit dans un atelier de théâtre dans lequel il rencontre Elsa, dont il est secrètement amoureux. Mais Adrien, à l’atelier de théâtre, manque de confiance en soi, est mal à l’aise, a des difficultés à s’exprimer devant ses camarades. « Comment devient-on courageux ? », demande-t-il à son père.
Tous les thèmes du film : la maladie, le soutien, le décès d'un parent, les relations enfants /parents, les joies et les peines des familles recomposées, l'amitié, l'affirmation de soi (amour, agressivité, courage, confiance en soi...) sont traités avec beaucoup de justesse, de réalité, d’émotion et d’amour. Une scène montre bien l’état d’esprit et la souffrance d’Adrien : pendant un cours, le jeune garçon semble absent et voit sur le bord de la fenêtre de la classe un oiseau bleu qui lui fait penser au titre de la pièce de Maurice Maeterlinck L’oiseau bleu qu’il travaille dans son atelier théâtre. A la fin du film, Adrien est dans sa loge juste avant d’apparaître sur scène et il a peur. Un oiseau bleu vient se poser sur son épaule, symbole d’apaisement, de courage et d’espérance. Quand Adrien entre en scène, il se parle à lui- même et se redit les paroles prononcées par son copain : « Pour être courageux et ne pas avoir le trac souviens-toi de choses qui sont importantes pour toi ». Le film se termine par cette profession de foi d’Adrien : « J’ai pensé au rire de ma mère, et ça a marché ».
Tous les acteurs sont remarquables : la mère jouée par Suzanne Clément, lumineuse et touchante ; le père par Pascal Demolon, grave et drôle ; Adrien par Igor Van Dessel, juste et pudique. Sans oublier les seconds rôles auxquels les deux réalisateurs accorde une belle importance, que ce soit Gabrielle, la belle-mère, qui devient petit à petit la complice d’ Adrien, jouée par Sabrina Seyvecou, l’ORL, Grégoire Colin ou le psychanalyste, Corrado Invernizzi , ainsi que les deux amis d’ Adrien joués par Chloé Barkoff-Gaillard et Mathis Bour.
Film « coup de cœur » à voir en couple, en famille ou dans le cadre d’une sortie cinéma avec des collégiens ou des lycéens.

Article de Philippe Cabrol

Fiche technique

Date de sortie : 17 janvier 2018
Film français
Réalisation: Colombe Savignac et  Pascal Ralite
Avec Suzanne Clément, Pascal Demolon, Igor Van Dessel,Sabrina Seyvecou, Grégoire Colin, Corrado Invernizzi ,Chloé  Barkoff-Gaillard et Mathis Bour  
Genre : Comédie dramatique
Durée : 96 minutes

 

Partagez cet article

>