Une profession apprenante

Immergés dans un univers d’informations et de techniques en constante évolution, les enseignants documentalistes réactualisent leurs connaissances et pratiques en permanence.

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Commenter les ressources du Web sous forme d’annotations, les recommander, partager de l’information en ligne… Le numérique renouvelle la circulation des savoirs et impacte le rôle des professeurs-documentalistes. Soucieux de nourrir leur mandat pédagogique aux méthodes actives et d’adapter à ces mutations les parcours d’éducation aux médias et à l’information (EMI) proposés aux élèves, ils se forment donc en permanence. Hélène Mulot, professeur documentaliste au collège Saint-Jean de Saint-Sulpice (Tarn), explique : « Au début des années 2000, la formation continue portait surtout sur les aspects techniques. Des éléments de pédagogie y ont progressivement pris une place plus importante. Et, aujourd’hui, suivant l’évolution de la formation initiale, elle interroge davantage l’impact des nouveaux médias sur la relation pédagogique et la société. »

À côté de sessions dédiées aux outils, aux enjeux juridiques liés au Web, aux apports des sciences de l’information ou aux derniers dispositifs pédagogiques en date, Noël Uguen, professeur documentaliste au Likès, à Quimper, pointe le nouveau défi de la formation continue : « Elle doit aider notre profession à devenir force de proposition pour élaborer des parcours d’éducation aux médias et à l’information (EMI1) intégrant l'évaluation et l'usage critique de l'information, mais aussi les compétences et savoirs nécessaires en matière d'édition et d'écriture en ligne. Au-delà de la maîtrise des outils de recherche ou de veille, il s’agit de prendre la mesure de l’impact des brassages opérés par le numérique qui bouscule la pédagogie documentaire traditionnelle. »

Lui-même formateur à l’Ifucome et membre d’un collectif de chercheurs2, Noël Uguen souligne la fécondité des travaux universitaires pour renouveler l’approche info-documentaire : « En analysant les pratiques de type copier-coller, en promouvant l’utilisation des réseaux sociaux à des fins d'annotation, les chercheurs questionnent les pratiques médiatiques des jeunes. Cela permet de ne plus les envisager comme des obstacles, mais comme des leviers pour faire entrer les élèves dans une culture lettrée du numérique. »

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Discipline d’autoformation

Pour acquérir une telle posture, les professeurs documentalistes ne se limitent pas aux modules dispensés dans des organismes tels que le Cepec, l’ISP, l’Ifucome ou l’IFD3. Rompus à la veille sur la Toile, ils font depuis longtemps du Mooc sans le savoir, avant que le groupe DocTICE de l’académie de Besançon4 ne lance le premier open cours dédié aux professeurs documentalistes en ce début d’année. Cette dynamique d’autoformation se manifeste par exemple à travers la « ProfDocOsphère5 », galaxie d’une cinquantaine de sites dont le blog d’Hélène Mulot, qui a aussi développé un groupe de travail informel en ligne : « Mutualisation de pratiques et de séances pédagogiques, partage d’interrogations ou de conseils… Nous y échangeons entre collègues y compris avec des universitaires, jusqu’à plusieurs fois par jour. »

Lever les appréhensions

En plus de ce type de formation informelle entre pairs, deux associations professionnelles, l’Andep pour l’enseignement catholique et la Fadben pour l’enseignement public, proposent outils et formations déclinés en région en fonction des besoins locaux. Ainsi, sur deux sessions dispensées chaque année par l’Ardep Midi-Pyrénées, l’une, plus abordable, s’adresse à un public moins à la pointe des nouvelles pratiques numériques. « Rentrer dans la problématique des Tice via un questionnement réflexif plutôt que par les outils aide d’ailleurs à lever les appréhensions », observe Hélène Mulot. Avec les chefs d’établissement du réseau des Apprentis d’Auteuil, elle a aussi organisé en avril dernier une journée pédagogique interétablissements avec le chercheur André Tricot, visant à stimuler des usages transdisciplinaires des Tice. Alliance avec la recherche, formation par les pairs, mais aussi échanges didactiques en salle des profs… les enseignants documentalistes œuvrent à diversifier les modalités. Dématérialisée pour une part, elle s’appuie pour l’autre sur la dimension apprenante des établissements. Car c’est aussi par voie de compagnonnage, de coopérations et de discussions informelles, que l’EMI deviendra l’affaire de tous.

Des ressources venues des CDI

Ticeur, un réseau pour tous les curieux des TICE, du Numérique éducatif et documentaire, animé par les professeurs documentalistes des établissements de l’enseignement agricole privé.

L'odyssée d'Ln : je tisse m@ toile : le blog d'une prof doc qui a envie de partager ses découvertes, ses doutes et ses espoirs (en particulier dans les communs).

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