Un « choc des savoirs » pour relever le niveau

Les conclusions de la mission « exigence des savoirs », lancée début novembre par le ministère de l’Éducation nationale, sont tombées le 5 décembre dernier, jour des résultats de Pisa qui entérinent la baisse du niveau des élèves français. L’enseignement catholique commente les principales mesures...

Huit semaines pour un « électrochoc » … C’est tambour battant que la mission « exigence des savoirs » a consulté les enseignants (via un questionnaire retourné par un quart d’entre eux), auditionné les syndicats, les parents d’élèves et divers autres acteurs, dont le Secrétariat général de l’enseignement catholique, puis rendu ses préconisations. Le 5 décembre dernier, le ministre Gabriel Attal a pu annoncer les mesures envisagées pour « remettre de l’exigence à tous les étages », écrivait-il dans un courrier adressé aux enseignants le même jour.

 

Simplifier Socle et programmes

Pour donner des repères clairs aux enseignants, une refonte quasi générale des programmes (hors Tle) et du Socle commun de connaissances de compétences et de culture est planifiée sur les trois ans à venir. Il s’agit pour le ministre « de simplifier – avec des programmes moins volumineux – et de clarifier – avec l’intégration d’objectifs annuels ». Un processus que le ministère souhaite accompagner d’une labellisation des manuels qui associerait des professeurs du terrain.

Cette série de décisions, qui renvoie à la question de la liberté pédagogique des enseignants, inspire à Nathalie Tretiakow, adjointe au secrétaire général de l'enseignement catholique et responsable du pôle Éducation, quelques points de vigilance : « Il semble important de préserver la créativité pédagogique, une articulation pertinente entre les programmes et le Socle commun ainsi que le principe de la progressivité des acquisitions sur tout un cycle. »

 

Individualiser les parcours

Sans abandonner le modèle du collège unique, Gabriel Attal entend lutter contre son « uniformisation » et faciliter la gestion de l’hétérogénéité croissante des élèves à l’aide de groupes de niveau en français et en maths. À ces groupes « flexibles et de dimension adaptée » s’ajouteraient des « parcours personnalisés » recentrés sur les fondamentaux pour les élèves les plus en difficulté. Au lycée, ce principe de remédiation ciblée passerait par une application mobile reposant sur l’IA, qui permettrait aux élèves de 2de de bénéficier chez eux d’entraînements personnalisés en mathématiques et en français.

Ouvert à la personnalisation des propositions éducatives, l’enseignement catholique privilégie néanmoins « la notion de groupes de besoins et de compétences, plus ajustée et moins stigmatisante que celle de groupes de niveau », nuance Nathalie Tretiakow, qui encourage également « la formation des enseignants à la différenciation pédagogique, qui permet de mettre à profit l’émulation au sein de groupes classes scolairement mixtes. »

 

Revaloriser les examens et réhabiliter le redoublement

Pour Gabriel Attal, l’élévation du niveau passe par la revalorisation des examens du brevet et du bac, notamment en jouant sur leurs modalités d’évaluation, en ajoutant une épreuve anticipée de mathématiques appliquées au bac et en conditionnant l’entrée au lycée à l’obtention du brevet.

De plus, les passages d’une classe à l’autre seront moins automatiques. Dès le premier trimestre 2024, un décret devrait rendre à l’équipe pédagogique – et non plus aux familles – le dernier mot concernant le redoublement, une pratique devenue exceptionnelle depuis 2018 et quasiment réservée aux classes de 3e et de 2de, en cas de désaccord sur l’orientation. Sont également envisagés des « passages sous conditions », soumis au suivi d’activités pédagogiques complémentaires ou à des stages de réussite pendant les vacances.

L’Apel, dans un communiqué daté du 5 décembre dernier, plutôt favorable aux mesures, désapprouve ce retour du « redoublement-sanction » et rappelle que seules « une relation de confiance et de dialogue […], une réflexion et une collaboration régulière » entre parents et enseignants permettent de construire la meilleure décision pour le parcours d’un enfant.

Éléments de calendrier

Dans le premier degré, de nouveaux programmes simplifiés et clarifiés entreront en vigueur dès septembre prochain, de la maternelle au CE2. Pour l’enseignement des maths, il s’agit de généraliser la méthode de Singapour, qui repose sur une pédagogie explicite, une approche concrète et une initiation opératoire précoce. La labellisation des manuels commencera aussi dès 2024 avec ceux du CP, tandis que la refonte des programmes du cycle 3 est prévue pour la rentrée 2025.

Au collège, trois groupes de niveaux évolutifs seront établis dans chaque 6e et 5e pour les maths et le français, dès la prochaine rentrée et en 4e et 3e l’année suivante. Les programmes changeront à la rentrée 2026 et dès 2025 pour les langues et le Socle commun de connaissances, de compétences, et de culture.

La prochaine session du brevet se tiendra sans consignes de correction académiques et, en cas d’échec, les élèves n’entreront pas au lycée mais intégreront une prépa-lycée pour se remettre à niveau. L’an prochain, la pondération du contrôle continu passera de 50 % à 40 % et sa note sera calculée à partir des moyennes disciplinaires et non plus à partir de compétences converties en points.

Au lycée, un logiciel d’intelligence artificielle de remédiation ou d’approfondissement en français et en maths sera mis gratuitement à disposition des élèves de 2de après une expérimentation qui commencera dans le courant de cette année. La refonte des programmes de langue vivante (2de à Tle) et de maths (2de et 1re) est prévue pour 2025, puis, en 2026, l’épreuve anticipée de mathématiques appliquées sera mise en œuvre en 1re.

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