La mixité sociale et scolaire - Interviews de Philippe Delorme - Enseignement Catholique

La mixité sociale et scolaire – Interviews de Philippe Delorme

Philippe Delorme, secrétaire général de l'Enseignement catholique, continue à répondre à la presse sur la mixité sociale de l'Enseignement catholique, suite à la publication d'indicateurs par le ministère et dans la perspective du plan mixité que ce dernier devrait présenter début avril.

 

À lire: deux  interviews accordées au Café pédagogique et à l'AEF ainsi qu'une enquête de Mediapart et un dossier de Marianne sur la question.
Retrouvez également d'autres interviewes, accordées à l'Opinion, au Parisien et au JDD.

Pour mémoire, Philippe Delorme avait aussi accordé une interview au Nouvel Obs en janvier 2023 sur le même sujet.

Mixité scolaire et Enseignement catholique : des lignes rouges à ne pas franchir

« Nous ne sommes pas dans un bras de fer avec le ministre de l’Éducation nationale » confie Philippe Delorme au Café pédagogique: « Nous sommes dans une discussion où chacun d’entre nous veille à ce que soient respectés les principes de la loi Debré. De notre côté, il s’agit de vivre pleinement notre caractère propre. Aucune affectation ne sera donc possible, nous ne toucherons pas à la liberté de choix des familles ni à la liberté de choix des établissements » La suite de l'interview détaille les pistes envisagées pour lever les freins financiers et culturels à l'augmentation de la mixité sociale au sein de l'Enseignement catholique.

L'article de Lilia Ben Hamouda du 09/03/2023
en intégralité, sur le site du Café

L'article de Lilia Ben Hamouda du 24/03/2023
en intégralité, sur le site du Café

Verbatims

"Il faut une politique incitative portée par l’ensemble de l’institution et les acteurs de l’institution pour veiller à accueillir plus d’élèves boursiers. Si on a une parité des aides sociales pour les enfants boursiers, on pourra s’engager sur une évolution significative du taux de ces élèves. Le paradigme changera, les familles, informées de cette parité, viendront plus facilement vers nous. Nous ne refusons jamais d’élève au motif qu’il vient d’un milieu défavorisé. Mais Il y a une forme d’autocensure de la part de certaines familles défavorisées. Si nous, écoles catholiques, n’appliquons pas les valeurs chrétiennes qui nous caractérisent, où allons-nous ? Solidarité et fraternité ne sont pas de vains mots pour nous.
Autre levier de régulation, l’allocation des moyens en fonction du profil social de l’établissement, que nous appliquons d’ailleurs depuis longtemps. Je m’explique. Lorsque nous répartissons les moyens au niveau académique, nous les pondérons déjà. Il ne nous semble pas inconcevable de voir 34 élèves par classe dans le VIIe arrondissement de Paris, en revanche en Seine-Saint-Denis, nous veillons à avoir un taux d’encadrement plus bas. Pour aller plus loin, nous étions contre le « 24 par classe » du Ministère qui ne tient pas compte du profil social de l’établissement.

(...)

En effet, la hausse des tarifs d’énergie met à mal certains établissements. La loi Egalim qui nous oblige à diversifier ce qui est dans l’assiette des élèves, nous revient très cher. Nous avons un modèle économique fragile.
Certaines familles ne peuvent plus se permettre le choix du privé sous contrat. Nous avons perdu 18 000 élèves à cette rentrée, et pas seulement pour des raisons démographiques, et en même temps l’IPS a augmenté de 3 points. Il y a un vrai effet ciseau pour nos familles : une perte de pouvoir d’achat et une hausse de nos coûts qui nécessite une augmentation, même modérée des contributions.

Mixité sociale : l’école privée pas exemplaire et peu volontaire

L’enseignement privé est sur le point de devenir définitivement la chasse gardée des classes moyennes et supérieures. Pour redresser la barre, il demande surtout de nouvelles aides de l’État, en refusant les contraintes. Quelques voix minoritaires tentent de faire bouger les choses en interne.

Mathilde Goanec

3 février 2023 à 08h54

L'article de  Mathilde Goanec du 03/02/2023
en intégralité, sur le site de Médipart

Verbatims

Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique rappelle la marge d’autonomie structurelle des établissements mais veut croire dans l’impulsion donnée nationalement. « Il y aura toujours la tentation de l’entre-soi et ce n’est pas moi, Philippe Delorme, qui vais faire mettre au garde-à-vous toutes les familles ou les chefs d’établissement de France. Mais nous croyons profondément à la richesse qu’apporte la mixité sociale, mais également culturelle et religieuse. C’est le message que nous voulons faire passer chez nous. »

Dans une longue interview donnée récemment à L’Obs, le secrétaire général laisse entendre que si le privé s’embourgeoise, c’est par pur effet de balancier des aides accordées au public. « D’une certaine manière, les conditions de la concurrence sont faussées. Moins le public coûte cher, plus le prix relatif du privé est élevé. » Auprès de Mediapart, il enfonce le clou : « On a créé des ghettos dans l’enseignement public. Nous n’en sommes pas comptables. » 

Tenir la promesse républicaine

 

Ce dossier retrace l'historique des politiques ministérielles en faveur de la mixité sociale à l'école... en insistant sur leurs échecs répétés, notamment face à l'écueil de politiques de la Ville insuffisantes à démanteler certains ghettos urbains.

Une double page consacrée au privé expose les efforts entrepris en matière d'ouverture tout en indiquant qu'ils restent insuffisants à inverser la tendance qui y concentre un public d'élèves plus favorisés quand dans le public.

Il donne voix aux oppositions qui se font jour, en dehors du réseau, sur l'accueil élargi de boursiers dans l'Enseignement catholique.

 

Dossier du magazine Marianne du 9 au 15 mars 2023
Par Natacha Polony et Marie-Estelle Pech

Pap Ndiaye encourage la mixité sociale

 

Cet article expose les grandes lignes du plan mixité du ministère de l'Education national, annoncé pour être présenté le 15 mars et à nouveau reporté en fin du mois de mars.

Il expose l'implication de l'enseignement catholique dans le dispositif en rappelant qu'il ne reposera "sur aucune forme d'affectation, de sectorisation ou de quotas" mais indique que des engagements pourraient être pris, par exemple sur l'augmentation de la proportion de boursiers, moyennant une extension des aides sociales accordées par les collectivités à ceux de ces élèves fréquentant le privé.

 

L'article du Journal du Dimanche du 12/03/2023
de Marie QUENET

L’Enseignement catholique peut "s’engager sur une hausse significative du nombre d’élèves boursiers"

« "Nous partageons l’ambition d’aller vers une mixité sociale équilibrée", déclare Philippe Delorme à AEF info le 2 mars 2023. Le secrétaire général de l’Enseignement catholique évoque le "protocole" qu’il s’apprête à signer avec le MEN : y figureront "des engagements réciproques pour une mixité plus grande". Il pourrait notamment s’agir "d’abaisser des barrières financières" car "nous ne parviendrons à davantage de mixité que si les familles les plus défavorisées bénéficient des mêmes aides sociales que dans le public. Sur ce sujet, le ministre est prêt à nous appuyer", assure Philippe Delorme. En contrepartie, l’Enseignement catholique pourrait "s’engager sur une hausse significative du nombre d’élèves boursiers", sur plus "d’établissements pratiquant une contribution financière différente selon les ressources" ou encore une "modulation du financement en fonction de la mixité"..

L'article d'Erwin Canard du 03/03/2023
en intégralité, sur le site de l'AEF

Verbatims

"Qu’il y ait une modulation du financement en fonction de la plus ou moins grande mixité des établissements, je ne suis pas contre. Ces modulations peuvent concerner la dotation en moyens d’enseignement - nous le faisons déjà par exemple par la pondération par l’IPS, nous pouvons aller plus loin — et une partie des forfaits versés par l’État et les collectivités territoriales, comme le font par exemple Paris (lire sur AEF info) et Toulouse (lire sur AEF info).

Nous ne sommes donc pas opposés au principe mais il faut être vigilant : il faut que ce soit un bonus, non un malus car, sinon, cela va entraîner un cercle vicieux : les établissements devront compenser le malus par une hausse de la contribution des familles, ce qui accentuerait la non-mixité sociale.

«Personne n’a intérêt à rallumer la guerre scolaire»

INTERVIEW. Le secrétaire général de l’Enseignement catholique dresse des « lignes rouges » dans le débat sur la mixité sociale.

« Nous ne transigerons pas sur le respect absolu du caractère propre de l’enseignement catholique. Ni sur la liberté de choix pour les familles comme pour les établissements. Nous ne voulons pas de quotas, de carte scolaire ou d’affectation obligatoire des élèves. C’est d’ailleurs ce que dit la loi Debré de 1959 et nos interlocuteurs l’ont bien compris. Ce qui n’empêche pas d’avancer vers une répartition de nos moyens qui tiendrait davantage compte des publics que nous accueillons, de bonus des forfaits des collectivités locales si la mixité est plus grande. Je ne crois pas à une mixité punitive. Et je n’accepte pas qu’on stigmatise les enfants et les familles favorisées.»

Article à lire en intégralité sur le site de L'Opinion

 

VERBATIMS

« À croire que l’Enseignement catholique serait responsable de la ségrégation scolaire et sociale en France ! Comme si, en scolarisant 20% des élèves français, nous pouvions pallier des décennies de politiques de la ville désastreuses et de politiques de l’Éducation nationale inefficaces.»

 

Par « mixité équilibrée », j’entends que cette mixité profite à tous les élèves. Peut-on se contenter d’augmenter le taux de boursiers ou d’élèves défavorisés ? Croyez-vous que les collèges de REP ou REP+ (éducation prioritaire) de Seine-Saint-Denis sont mixtes ? Pour moi, la vraie mixité, c’est faire vivre ensemble des jeunes issus de différentes catégories sociales. Ce que nous faisons par exemple dans nos établissements de Saint-Denis et Pantin.

 

« Nous avons des progrès à faire pour que les familles défavorisées surmontent leurs réticences à venir chez nous. Chaque année, Stanislas sélectionne une quinzaine de boursiers pour ses classes prépas. Entre zéro et deux s’inscrivent…»

Augmentation du nombre de boursiers : le « oui, mais… » de l’enseignement catholique

Par Bertrand Métayer pour le Parisien
Le 24 février 2023 

INTERVIEW. Pour Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, le secteur privé doit prendre sa part dans le plan mixité qui sera présenté à la fin du mois prochain. Il réclame cependant des aides supplémentaires à l’État, notamment pour la restauration scolaire.

Article à lire en intégralité sur le site du Parisien

 

VERBATIMS

« Accueillir des élèves boursiers ne pose aucun problème, si et seulement si les familles avaient vraiment la liberté de nous choisir. Ce qui est rarement le cas en raison de l’absence d’aides sociales aux plus défavorisés, notamment pour la restauration scolaire où le coût pour des familles est un frein majeur. Il faut permettre à tous les élèves de pouvoir s’inscrire chez nous, dans les mêmes conditions que s’ils étaient scolarisés dans le public. Là où une famille d’un lycéen très défavorisé de région parisienne va payer 50 centimes son repas, elle le paiera autour de 7,50 euros chez nous. Donc nous disons oui pour augmenter le nombre de boursiers mais à condition que ces élèves bénéficient d’aides sociales au même niveau que les élèves du public. »

 

« Certains établissements pratiquent une contribution différenciée en fonction du quotient familial, on peut travailler à l’étendre. Nous pourrions faire mieux connaître la réalité de nos coûts car il y a souvent une autocensure de familles qui s’imaginent qu’ils sont très élevés. »

 

« Un élève du privé coûte beaucoup moins qu’un élève du public. Je rappelle que ce sont aussi les impôts de nos parents d’élèves qui paient la totalité du public. Il faut sortir de ce jeu-là, cela n’a aucun intérêt. On ne fait pas n’importe quoi avec les deniers publics. »

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