Se préparer à la gestion de crise

Comment réagir quand on est confronté à un drame à l’Ecole ? Des formations, animées par des psychologues de l’enseignement catholique, donnent aux chefs d’établissement les bons réflexes.

 

Coline Léger

Accident de car scolaire, suicide, mort violente, agression… Pas une année ne passe sans que des établissements scolaires ne soient confrontés à des drames. Une partie, voire l'ensemble de la communauté éducative, se retrouve alors sous le choc. « La particularité d'une crise traumatique est d'affecter le groupe, au-delà des victimes et de leur famille », explique Catherine Guihard, coordinatrice de la région Ouest de l'association nationale des psychologues de l'enseignement catholique (Anpec). Pour aider les chefs d'établissement à faire face, le secrétariat général de l’enseignement catholique (Sgec) a mis en place, dès 2006, des formations à la gestion de crise, animées par des psychologues eux-mêmes formés selon les standards européens. Elles se présentent sous deux formes : un module optionnel de trois heures, pendant la formation initiale à l'École des cadres missionnés (ECM), ou des sessions d'une journée, organisées à la demande des diocèses, pour les chefs d'établissement déjà en poste.

Ces séances permettent de définir des procédures qui facilitent la prise de décision : « Nous indiquons comment évaluer l'ampleur d'une crise et les moyens à déployer : cellule d'écoute restreinte à un petit groupe, ou étendue à l'ensemble de l'établissement avec, si besoin, l'aide de partenaires extérieurs », illustre Catherine Guihard, qui anime ces formations.

Point-clé : la communication

Le chef d'établissement est lui-même affecté par le drame qui touche ses élèves ou professeurs. Là réside toute la difficulté de sa mission. « Pour garder de la distance avec l'événement, il doit s'entourer d'une équipe. Il ne doit jamais décider seul », prévient la psychologue. Il peut aussi faire appel à la coordination nationale de l’enseignement catholique pour la gestion des crises. Créée en 2008 (2009 ?), elle regroupe des psychologues et des directeurs diocésains, répartis en coordinations territoriales, qui sont autant de personnes-ressources pour les diocèses. « Notre rôle est à la fois de former à l'anticipation en proposant aux chefs d'établissement de créer des cellules de veille, lesquelles sont soutenues et accompagnées en situation de crise traumatique », indique Françoise Gaussen, directrice diocésaine de Marseille, en charge de la coordination nationale de la gestion de crise avec Catherine Dalichoux, du Sgec, et Catherine Guihard, de l'Anpec.

Autre point-clé, la communication. Manque d'information laissant libre court aux rumeurs ou informations inexactes rompent la confiance avec les familles et accentuent la crise. La coordination nationale a donc conçu un document de référence, baptisé La Trousse de Secours (voir encadré), qui insiste sur cette thématique délicate. « Nous pouvons aider à la réalisation des communiqués de presse », ajoute à ce sujet Catherine Dalichoux. Un soutien utile face à la pression médiatique.

Jean-François Fournier, directeur du secondaire de l'ensemble Notre-Dame-du- Château, à Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire), a suivi le module de trois heures en avril dernier, « incontournable » à ses yeux : « Si une crise se produit, je ne me sentirai plus démuni. » Il a d'ores et déjà prévu un séminaire de direction pour constituer une équipe prête à intervenir en cas de drame.

La Trousse de Secours, document de référence

En complément des formations à la gestion de crise, la coordination nationale de l’enseignement catholique pour la gestion des crises a conçu un document ressource, validé par le Sgec, baptisé La Trousse de Secours. En une trentaine de pages, il indique les procédures à mettre en place, donne des conseils, et recense les contacts utiles. « Nous avons diffusé ce document à l'ensemble des directeurs diocésains, qui l'ont eux-mêmes transmis aux chefs d'établissement », souligne Catherine Dalichoux, du Sgec. Véritable aide-mémoire, cet outil reprend les principaux éléments dispensés au cours de la formation. « Je vais regarder de très près le document avec mon équipe : il faut du temps pour se l'approprier…, estime Jean-Louis Fournier, chef d'établissement dans la Haute-Loire. N'attendons pas que la crise arrive pour s'y intéresser ! ». Un vade-mecum à conserver précieusement.

Article issu du n°374 du magazine Enseignement catholique Actualités.

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