Prospective au Salon des maires

Le 17 novembre, au deuxième jour de présence de l'Enseignement catholique au Salon des maires, il a été beaucoup question du développement de l'Enseignement catholique, à travers des initiatives innovantes comme des implantations nouvelles.

Autant de projets qui ont des retombées dynamisantes pour les territoires et qui d'ailleurs se voient accompagnés et appuyés par des élus locaux.

Cela montre bien que faciliter l'implantation de l'Enseignement catholique ou son essor, en réponse aux nouveaux besoins scolaires est un pari gagnant-gagnant, comme l'a souligné Philippe Delorme, son secrétaire général.

Un bac international pour le Séminaire de Walbourg... et toute l'Alsace Nord !

 

Frédéric Reiss, député du Bas-Rhin

Jean-Michel Staerlé, vice-président de la Communauté d’Agglomération de Haguenau

Véronique Pointereau, directrice du Sem’ de Walbourg

Le club très sélect des écoles IB pourrait s’ouvrir à l’enseignement catholique. Ce bac international, préparé en deux ans après la seconde mais selon un cursus totalement hors contrat  en France est reconnu internationalement pour la qualité de son référentiel : « Ouverture culturelle, recrutement cosmopolite, excellence linguistique, cours de Français langue étrangère (FLE) et surtout pédagogie de projet au service d’une culture de paix, en parfaite adéquation avec les valeurs de l’Enseignement catholique », explique Véronique Pointereau, directrice du Sem’ de Walbourg qui vient d’obtenir une certification au terme de deux années d’un parcours du combattant sur le plan administratif et en termes d’ingénierie pédagogique. Cochant les 72 critères requis, son établissement pourra accueillir à la rentrée 2022 sa première promotion internationale dans un pôle dédié de son bâtiment de 24 000 m2 niché dans un parc de 15 hectares, avec une équipe pédagogique spécifique, en partie recrutée parmi les enseignants de l’établissement, mais sur fonds propres.

Une victoire pour toute l’Alsace du Nord, remportée avec le soutien des élus locaux qui continuent d’accompagner ce projet qui cherche encore son modèle économique : « Ces cursus présentent un prix très élevé pour les familles 7 500 euros sans compter les frais d’internat et de demi-pension. Nous nous lançons donc dans une campagne de mécénat d’entreprises pour abaisser le coût global et proposer des bourses pour des élèves méritants », détaille Véronique Pointereau, qui peut compter pour cela sur le soutien de ces élus. « Si je disposais encore d’une réserve parlementaire,  j’amorcerais moi-même la pompe sans hésiter car c’est un projet d’intérêt général qui permettra à la région de continuer à accueillir des cadres de grandes multinationales ! », s’enflamme Frédéric Reiss, député du Bas-Rhin, dépité de n’avoir obtenu aucun soutien du côté du ministère de l’Éducation nationale. À défaut, il mutualise avec la Communauté d’Agglomération de Haguenau une aide qui prend la forme d’une mise en relation auprès des industriels du secteur, comme l’explique Jean-Michel Staerlé, vice-président de la Communauté d’Agglomération de Haguenau  : « Nous avons créé une zone d’activité, mais pour continuer d’attirer les acteurs économiques, il nous faut redoubler d’inventivité... Et proposer un établissement capable d’accueillir les enfants, de toutes nationalités, des familles d’expatriés, constitue un argument de poids pour conserver et développer les implantations de grands groupes que nous sollicitons volontiers pour accompagner ce bac international. En arrière-plan il y a aussi pour nous, transfrontaliers, tout l’enjeu des relations avec l’Allemagne. »

Ouverture d'établissement:
un projet de territoire

 

Rémy Dick, maire de Florange

Yann Diraison
Adjoint au Secrétaire général de l’Enseignement catholique

Dominique Chambat
Directeur diocésain de l’Enseignement catholique de Metz

Florange, 12 000 habitants, siège d’Arcelor Mittal, a subi les affres de la désindustrialisation. Son jeune et dynamique maire entend redorer le blason de sa ville, qui reste attractive du fait de sa position transfrontalière avec le Luxembourg. Et pour lui, cela passe par la création d’écoles privées : « Les 6 micro-crèches privées créées depuis quatre ans ont rencontré un vif succès alors que ce modèle était auparavant rejeté par idéologie au profit du tout public. Aujourd’hui, des familles déménagent vers Thionville où les deux écoles privées présentent des listes d’attente impressionnantes. Il y a une demande pour cette offre scolaire, complémentaire à celle de l’enseignement public, avec par exemple une amplitude périscolaire plus importante. Créer l’alternative n’est pas un crime », clame l’édile Rémy Dick qui se veut facilitateur de projets pour l’Enseignement catholique.

Une volonté politique prise très au sérieux par les responsables locaux de l'enseignement catholique : « Dans une région à la démographie en berne, il y a tout intérêt à soutenir le dynamisme du Nord Mosellan : Arcelor Mittal ce n’est plus Germinal... mais le digital! Les besoins de formation sont à l’avenant », confirme Dominique Chambat, directeur diocésain de l’Enseignement catholique de Metz qui salue le fait que la réserve à projets de l’Enseignement catholique  devrait lui permettre d’envisager la faisabilité d’une telle ouverture. « À moyen constant, toute ouverture implique des fermetures dans des zones où il n’y a plus d’élèves. Chaque année, nous créons ainsi 2 à 3 établissements  et on en déplace autant. Sur 6 000 entités, c’est homéopathique, mais ces nouvelles implantations ont des potentiels de croissance très importants. »

La guerre scolaire
n'a plus lieu d'être !

 

Nicolas Tryzna
Vice-président du Conseil départemental du Val-de-Marne
chargé des collèges


Adjoint au Maire de Thiais

 

 

Je suis stupéfait de découvrir que pour certains la guerre public-privé existe encore !

Je ne rénove bien sûr pas les collèges privés mais reste en lien avec eux pour la réussite de tous les élèves. Sur nos 16 000 entrants en 6e chaque année, 4 000 intègrent des collèges privés et sont dotés en équipement informatique, tout comme les élèves du public. De même on a distribué pendant la Covid-19 des masques à tous nos élèves. Cela me paraît normal mais ce n’était pas le cas avant…

Au défi d'Egalim

Aurélia de Saint-Exupéry
Secrétaire générale de la Fnogec

La Fédération coordonne les 5 000 organismes de gestion de l’Enseignement catholique qui s’assurent que les chefs d’établissement disposent des moyens matériels et humains nécessaires à la mise en œuvre de leur projet éducatif. À ce titre, elle est une observatrice privilégiée des dossiers financiers de l’Enseignement catholique et sa secrétaire général a pu témoigner du « ballon d’oxygène » apporté par l’abaissement du seuil de la scolarité obligatoire qui a amené la récupération de forfaits pour les élèves de maternelle. « Nos relations avec les élus sont globalement satisfaisante et la mise en œuvre de cette nouvelle obligation légale depuis 2019 se fait progressivement. Mais nous restons sous-dotés avec la difficulté persistante de ne recevoir des forfaits que pour les élèves résidant dans la commune d’implantation des écoles. »

Quant à la loi Egalim, Aurélia de Saint-Exupéryr chiffre son impact à 40 euros par an par élève tout en reconnaissant que l’intérêt de faire monter en gamme les repas servis aux élèves : « Le repas végétarien, la lutte anti-gaspi, la réduction du choix laissé aux élèves permettent d’en limiter le coût mais l’Enseignement catholique n’est pas éligible au fonds de 40 millions d’euros destiné à accompagner cette révolution de la restauration scolaire dans les petites communes, ce qui, à défaut d’une évolution législative, contrarie la volonté de mixité sociale de l’Enseignement catholique. » Pour aider les établissements, La Fédération a mis en place avec la Mutuelle Saint-Christophe, un fonds de 100 000 euros qui a permis à 62 petites école d’effectuer cette transition qualitative de leur cantine.

Inquiétudes des parents sur l'école inclusive

 

Gilles Demarquet,
Président de l'Apel national

« Nous saluons un dialogue constant et fructueux avec les autorités. En cette rentrée, nous alertons sur la crainte d’un retour en arrière en matière d’école inclusive. Ces dernières années, nous avons salué la professionnalisation et la déprécarisation des accompagnants d’élèves en situation de handicap. Malheureusement, en cette rentrée, il y a une pénurie de recrutement préoccupante.

Une difficulté de taille se surajoute pour l’Enseignement catholique puisqu’une décision du conseil d’état a acté un report de charge vers les collectivités territoriales de l’accompagnement des élèves en situation de handicap sur le temps péri-scolaire. Or dans le privé, le financement de ce temps-là incombe aux établissements et donc aux familles… Il y a là une préoccupation forte liées à une discrimination inéquitable entre enfants du public et du privé.

C’est une situation que l’on retrouve au niveau du plan cantine à 1 euro dont l’Enseignement catholique est exclu …

Porter ensemble notre responsabilité éducative pour faire évoluer le système et notamment ces dossiers. Ce sera l'objectif du prochain Congrès de l'Apel qui fera  prochainement l’objet d’un vaste appel à contribution.»

Le climat scolaire comme outil de pilotage

 

Benjamin Moignard,
Professeur des universités, président de l’Observatoire Universitaire International Education et Prévention (OUIEP).

Nathalie Tretiakow
Adjointe au Secrétaire général de l’Enseignement catholique

« Les recherches sur le climat scolaire se sont développées en France dans les années 1990 dans le souci de diminuer les petites violences ordinaires du milieu scolaire. Elles ont petit à petit révélé l’influence insoupçonnée de ces incivilités et de l’ambiance relationnelle au sein des établissement sur la réussite des élèves », explique Benjamin Moignard, chercheur qui a mené une récente enquête sur le climat scolaire dans l’Enseignement catholique. Parmi les leviers déterminants de ce climat : la stabilité des équipes, la qualité relationnelle entre adultes et la justice scolaire tant dans les sanctions que dans l’évaluation.

« Des éléments qui rejoignent parfaitement notre conception de l’éducation intégrale des élèves qui ne peut pour nous se résumer aux résultats scolaires. Un autre enseignement de ces recherches, très motivant pour nous qui voulons développer la mixité scolaire, c’est que cette question du climat scolaire, corrélée à une diversité de la population scolaire, offre de réels leviers de réussite pour les élèves ! » a commenté Nathalie Tretiakow, adjointe au Secrétaire général de l’Enseignement catholique.

 

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