Rwanda : « un vrai enjeu d’éducation »

Le Père Gabin, représentant du Secrétaire général de l'Enseignement catholique du Rwanda, et Daniel Renaud, ancien président de l'Ugsel, référent pour le développement du partenariat avec l'Enseignement catholique Français. ©AS

25 ans après le Génocide contre les Tutsi, dans un pays en pleine explosion démographique et en forte croissance économique (+6-7% par an), les défis sont nombreux pour l’École catholique au Rwanda qui compte 2 millions d’élèves scolarisés dans 2500 écoles.

Pour aider à les relever, un partenariat se met en place avec l’Enseignement catholique français.

 

 

Entretien avec le Père Gabin Bizimungu,  vicaire général du diocèse de Ruhengeri dans le nord ouest du pays, chargé de l'éducation, à l'occasion de sa visite, début septembre, au SGEC et dans le diocèse de Nantes.

 

 

Propos recueillis par Aurélie Sobocinski

 

Quelle est la réalité de l’école catholique au Rwanda aujourd’hui ?

Père Gabin : Dans ce pays grand comme la Bretagne qui compte aujourd’hui 12 millions d’habitants dont quatre millions d’enfants scolarisés, deux millions le sont dans le réseau catholique.
On distingue en son sein deux types d’établissements : les écoles dites « conventionnées » avec l’État où le personnel enseignant et administratif, le chef d’établissement sont rémunérés par celui-ci et où le « minerval » - la scolarité payée par la famille- est modéré.
Les autres sont les écoles dites « privées », associées au diocèse et reconnues par l’État mais sans bénéficier d’aucune subvention. Les enseignants et le personnel sont payés par l’établissement, et le minerval est plus élevé. Les défis aujourd’hui ne manquent pas.

De quelle nature sont ses défis ?

Père Gabin : Il y a d’abord celui de l’éducation religieuse qui fait toute notre spécificité. Jusqu’à peu de temps celle-ci était fortement soutenue par la famille mais aujourd’hui la nécessité économique est telle que nombre de parents sont parfois séparés géographiquement et/ou n’ont plus le temps de s’en charger et demandent à l’école catholique de le faire. Or très peu d’enseignants sont formés à dispenser des cours de religion. La nécessité est grande de renforcer l’encadrement spirituel et pastoral dans nos écoles ainsi que l’accompagnement psycho-social : c’est la question de leur identité catholique qui est en jeu.

Face au développement démographique, il y a aussi un défi d’accueil de tous …

Père Gabin : Faute de moyens suffisants et quelques fois d’espaces nécessaires, les élèves dans les écoles conventionnées catholiques comme ceux des écoles publiques d’ailleurs, sont accueillis soit le matin, soit l’après-midi, ce qui peut ralentir le rythme et la qualité des apprentissages. Il y a aussi tout un enjeu de relocalisation des structures, dont le maillage ne correspond plus à l’implantation de la population. Même si l’on cherche sans arrêt à inventer au sein de notre réseau des espaces d’« arrangement » pour assurer une formation de qualité…

Quel est le climat collectif 25 ans après le génocide ?

Père Gabin : Le peuple rwandais a fait preuve de beaucoup de résilience. Le processus de reconstruction continue, avec au cœur la question de la transmission.

D’où l’importance de donner de l’espérance et le rôle majeur de l’éducation. L’une de nos priorités est de travailler et d’approfondir notre projet éducatif autour de ce thème essentiel de la réconciliation et du développement intégral de tout homme et de tout l’homme.

Un partenariat entre les Enseignements catholiques rwandais et français se met en place. Qu’en attendez-vous ?

Père Gabin : Nous aimerions nous appuyer sur l’expertise française pour mieux structurer notre réseau, pour approfondir la formation de nos chefs d’établissements, de nos personnels tant administratifs qu’enseignants notamment en français, pour développer nos formations en enseignement professionnel et technique aussi… avec le souhait que des échanges puissent se concrétiser en ce sens -de savoir-faire, de personnels- entre nos établissements.

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