Rentrée en Centre-Val-de-Loire : Penser l’avenir ensemble

Le 25 août dernier, une journée commune de pré-rentrée interdiocésaine a illustré la préoccupation de ce territoire de penser son développement dans un périmètre de pilotage élargi.

Aurélie Sobocinski

  

Plus qu’un symbole, l’approfondissement d’un processus. Pour la pré-rentrée de leurs chefs d’établissements, les diocèses de la région Centre-Val-de-Loire ont fait le choix d’une journée commune à Blois avec toutes les instances de l’Enseignement catholique, le 25 août dernier, réunissant 330 acteurs -présidents d’Ogec, d’Apel, délégués de tutelle- dans le strict respect des mesures sanitaires. Au sein de ce « petit » territoire accueillant 56 000 élèves au total, avec une répartition démographique très contrastée entre les pôles attractifs de l’axe ligérien (Chartres-Orléans-Tours) et des secteurs ruraux en forte déprise (Bourges, Blois et Châteauroux), la question d’un périmètre de pilotage plus large que le seul niveau diocésain pour penser le développement et construire l’avenir se pose avec acuité.

 

Classe karting et BTS œnologie

 « C’est simple, sans intégrer cette dimension à nos projets, nos établissements ne peuvent pas y arriver. On est trop petits pour penser l’avenir seul ! », explique Stéphane Gazo, chef d’établissement à Salbris en Sologne (41) d’un collège de 127 élèves. Aux confins de trois départements, ce petit établissement qui multiplie les projets innovants -dont la création d’une classe à horaires aménagés « karting » depuis deux ans qui pourrait attirer des effectifs de l’ensemble de la France- aurait besoin d’un partenariat interdiocésain pour développer un accueil en internat qui lui garantisse sa pérennité.

Pour la petite école à classe unique de Cindy Rondet, chef d’établissement à Sancerre, l’avenir est assuré à cette rentrée grâce à son rapprochement avec l’ensemble scolaire de Bourges-Centre (ESBC). Au-delà de la fusion économique, la dynamique a permis de valoriser le nouveau BTS tourisme œnologie ainsi qu’une mutualisation des pratiques pédagogiques autour de l’école sans classe. « Il nous faut additionner nos richesses, viser et articuler les complémentarités pour que chaque territoire puisse développer une stratégie de niche », souligne Arnaud Patural, son collègue, directeur général de l’ESBC.

Depuis trois ans, la réflexion s’est accélérée au sein du CAEC, avec de nouveaux dossiers partagés tels que l’Isfec, la gestion de l’emploi des enseignants du premier degré qui devrait s’élargir bientôt à celle de l’ensemble des moyens, sans oublier l’organisation de « dialogues en territoire », rendez-vous annuels dont les thèmes ont déjà porté sur la ruralité et les filières pro.

« Il nous faut avancer ensemble plus large, plus loin et plus profond -sur la question du développement prospectif, d’une gouvernance académique plus transversale et collaborative, de l’animation éducative, pédagogique et pastorale. L’enjeu est celui du passage au collectif », a pointé Jean-Pierre Bonnet, directeur interdiocésain du Berry-Loiret et secrétaire général du CAEC, appelant à une nouvelle étape de mobilisation, en introduction à cette journée régionale inédite.

 

Mutualiser sans phagocyter

« Nous voulons une dynamique qui dépasse l’économique et les moyens, ose des solidarités nouvelles sans opposer rural et périurbain, 1er et 2Nd degrés, compétences régionales et diocésaines, et se développe grâce à la participation de chacun dans le cadre de la responsabilité en partage !», a complété Bruno Chauvineau, directeur diocésain de Blois.

 

Convié à trois temps d’échanges avec les acteurs de la région Centre tout au long de la matinée, Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique, a pu témoigner de cet esprit essentiel de recherche du bien commun, de subsidiarité et de fraternité. Le tout dans l’élaboration d’une vision collective, avec de vrais lieux de décision et de partage à faire vivre… autant d’éléments qui guident aujourd’hui aussi la démarche prospective au niveau national.

« Cette question de la mutualisation touche à celle du respect de l’identité, dans une société où le rapport à l’altérité, au service, à la communion sont totalement mis en cause : on doit apprendre aujourd’hui à mutualiser en donnant une identité à chacun, sans phagocyter. L’enjeu est d’arriver à cette structure de relations », a mis en exergue de son côté Mgr Jérôme Beau, archevêque de Bourges et évêque référent pour l’Enseignement catholique de la région Centre, qui voit dans la formalisation de projets éducatifs compatibles à tous les niveaux -des établissements à la région- de précieux jalons d’avenir.

 

Partagez cet article

>