Point de rentrée dans la Croix

 « L’enseignement catholique doit prendre sa part pour mettre un terme aux ghettos scolaires »

Secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme représente les deux millions d’élèves de ce réseau auprès des pouvoirs publics. Il a fait le point sur la rentrée 2024 dans un long entretien accordé à La Croix-L’hebdo.

Philippe Delorme - bureauL'intégralité de l'entretien à retrouver dans la Croix

Extraits de ses propos, recueillis par Héloïse de Neuville et Emmanuelle Lucas, ci-dessous.

Sur le sujet de la mixité sociale

« Nous subissons un phénomène sociodémographique qui nous dépasse lié à l’embourgeoisement des grands centres urbains. (…) Par ailleurs, l’enseignement catholique n’est pas réductible à quelques établissements dont les médias parlent en permanence.

(…) Évidemment qu’il y a des ghettos scolaires et que, pour y mettre un terme, l’enseignement catholique doit prendre sa part.

En développant des annexes dans des zones à plus forte mixité sociale, par exemple. Il faut repenser notre maillage territorial, quitte à fermer certaines structures pour en ouvrir d’autres ailleurs. »

Sur les attaques ciblant l’enseignement catholique 

« Depuis le vote de la loi Debré, en 1959, l’enseignement catholique est régulièrement l’objet de critiques. De temps en temps, le volcan est endormi et, parfois, il explose. Là, on a connu une phase active. (…)

Dans le contexte politique actuel, les différents acteurs utilisent parfois l’école privée pour réveiller un certain nombre de querelles entre eux. (…)

Face à ces secousses, nous restons relativement sereins car, nous savons que tout cela est cyclique. Ces polémiques ont cela de positif qu’elles nous obligent à nous questionner sur la manière dont vit notre projet éducatif. »

Sur le succès de l'enseignement catholique

« Les familles ne viennent chez nous par défaut mais car elles sont aujourd’hui à la recherche d’un projet, d’une alliance éducative entre eux et le personnel enseignant autour de leur enfant, pour qu’il soit accueilli comme une personne unique avant d’être un élève, et qu’il ne tombe pas dans une forme d’anonymat. Je peux les comprendre : je suis frappé par le nombre de jeunes adultes qui, après de brillantes études, se réorientent vers des métiers manuels. Cela montre que l’école ne leur a pas permis de découvrir ce qui les habitait vraiment, faute d’une attention personnelle. La question de l’accompagnement à l’orientation est majeure. Nous y travaillons de façon très volontariste. »

Sur le discours décliniste

« Certes, de de grandes enquêtes internationales nous renseignent sur la baisse dans telle ou telle matière, mais nos jeunes ont aussi développé des compétences nouvelles. Je pense que dans l’expression, dans la relation, dans la capacité d’analyser, ils ont des forces qu’on n’avait peut-être pas forcément. Arrêtons de leur dire qu’ils sont nuls, c’est désespérant ! Vous imaginez, on leur dit en permanence « T’as le bac, mais ça ne vaut rien », c’est faux !  »

 

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