Hommages à Paul Malartre

Suite à la disparition  de Paul Malartre, qui fut secrétaire général de l'Enseignement catholique de 1999 à 2007, les hommages se multiplient.

Le secrétariat général de l'Enseignement catholique s'associe à la peine de ses proches, avec Monseigneur Ulrich, Président du Conseil épiscopal pour l’Enseignement catholique.

Retrouvez aussi ici un florilège de témoignages à la mémoire de ce grand Monsieur, serviteur indéfectible de l'Eglise et de l'Enseignement catholique.

© PQR/ Sud-Ouest

 

"Un porteur
d'espérance
éducative"

 

 

 

 

Communiqué du 1er juin 2020

Monseigneur Laurent Ulrich, Archevêque de LILLE
Président du Conseil épiscopal pour l’enseignement catholique

 

Philippe Delorme
Secrétaire général de l'Enseignement catholique

 

Paul Malartre vient de décéder à l’âge de 74 ans après une année de maladie.
Ce professeur de philosophie, ce chef d’établissement puis directeur diocésain de l’enseignement catholique à Saint Étienne, et enfin Secrétaire général de l’enseignement catholique de 1999 à 2007 a été un initiateur de grande qualité et surtout un porteur de l’espérance éducative.
Il a perçu très tôt les chances de renouveau que l’Enseignement catholique portait en lui-même : donner à voir que l’on ne saurait enseigner sans éduquer, montrer que l’on ne saurait éduquer sans une communauté, faire en sorte que la communauté éducative soit réellement composée de tous ceux qui interviennent en faveur de l’élève - de l’enseignant et de la famille au personnel de service et au gestionnaire ... Et que cette communauté éducative sache qu’elle cherchera sa référence dans l’évangile et ses pratiques dans le dialogue éducatif au nom d’une conception chrétienne de l’homme.
Ce croyant très profond a été capable de faire partager sa passion d’éduquer et sa vision. Ce chrétien aura été un serviteur de l’Eglise en étant un tel serviteur de l’éducation. L’Église, en France, lui doit beaucoup.
À son épouse et à sa famille, nous disons notre profonde reconnaissance, nous partageons leur peine et leur prière dans l’Espérance.

 

Orphelin…

Yann DIRAISON
Secrétaire général adjoint de l’Enseignement catholique

 

Orphelin … C’est le mot qui m’est venu à l’esprit en apprenant le décès de Paul.

Orphelin du responsable à qui je dois ce que je suis.

Orphelin de l’homme de parole et de confiance.

Orphelin du passionné d’éducation qui a rendu sa fierté à l’Enseignement catholique.

Je dois à Paul ce que je suis devenu. Il est le Secrétaire Général qui m’a accueilli dans les instances nationales lorsque j’ai été élu à la présidence du Synadec. Celui dont j’ai admiré le savoir-faire. Celui qui, un soir de Commission Permanente, au nom d’Eric de Labarre qui allait lui succéder, m’a proposé de rejoindre le Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique.

La parole donnée et la confiance, Paul n’en parlait pas beaucoup. Elle était l’un des lieux ou devait, par-dessus tout s’exprimer la « cohérence entre le dire et le faire ». Cette parole et cette confiance mutuelle nous ont permis de traverser ensemble les turbulences qui ont précédé le vote du premier Statut du chef d'établissement du premier degré en 2006.

Mais ce qui restera à tout jamais la marque de Paul dans l’Enseignement catholique c’est cette longue démarche des Assises qui a permis à l’Enseignement catholique de s’interroger sur ce qu’il est et de lui redonner la fierté de l’affirmer.

À Dieu Paul. La lumière de votre « passion d’espérance » éclairera longtemps les éducateurs de l’Enseignement catholique.

Une idée du bonheur

Pascal Balmand
Ancien secrétaire général
de l'Enseignement catholique

Je partage avec vous cette phrase du romancier Pierre Adrian : « la générosité de certains hommes dépasse leur propre volonté. Elle donne une idée du bonheur » …

Oui, avec toute sa générosité, Paul nous a donné une idée du bonheur.

D’abord en raison de tout ce qu’il nous a apporté, en raison de tout ce que l’Enseignement catholique lui doit.

Professeur, chef d’établissement, directeur diocésain, secrétaire général, Paul a été un grand, un très grand Monsieur pour l’École catholique.

Je pense à toute l’énergie qu’il a déployée pour que prenne vraiment chair la notion de communauté éducative. À l’impulsion qu’il a donnée à la prise en compte du fait religieux dans l’enseignement. À toute son action sur le terrain de la formation des professeurs et des chefs d’établissement.

Et puis bien sûr et avant tout à la démarche des Assises, et à tout ce en quoi cette démarche nous a apporté du souffle, de l’ouverture et de l’audace. Tout ce en quoi elle nous a enracinés dans la passion de l’éducation en nous rappelant, envers et contre tout, qu’il n’est pas d’éducation sans Espérance. Pas d’éducation sans prise de risque. Pas d’éducation sans vision, sans projet.

Cet élan des Assises était celui d’un Enseignement catholique qui allait de l’avant, qui faisait confiance à ses communautés éducatives, qui puisait dans les richesses de son passé pour regarder vers l’avenir. Grâce à l’intuition de Paul, à sa calme opiniâtreté, à sa force de conviction, les Assises nous ont portés, elles nous ont nourris, elles nous ont fait grandir. Elles nous ont rendus heureux…

Mais c’est aussi et tout autant dans ce qu’il était que Paul nous a donné une idée du bonheur. Dans sa manière d’être, dans sa façon d’habiter sa vie, d’habiter sa relation aux autres, d’habiter sa foi.

Un mélange de pragmatisme terrien et de hauteur de vue, d’enracinement et de vision.

Une capacité rare à l’ouverture, à l’écoute, au dialogue, et en même temps une douce fermeté sur l’essentiel.

Beaucoup de malice, mais une malice toujours bienveillante.

Une grande détermination, mais sans la moindre forme de brutalité.

Une constante attention aux autres, toujours dans la simplicité souriante, dans la délicatesse, dans la dédramatisation rassurante.

Une manière de vivre pleinement ses engagements et ses responsabilités, sans jamais se laisser miner de l’intérieur par leur poids pourtant bien lourd…

Oui, Paul a toujours été pleinement engagé, parce qu’il était totalement habité par le sens du service.

J’en veux pour preuve la façon dont il aura vécu ses années de retraite, toujours actif au sein de l’Eglise diocésaine et toujours passionné d’éducation, comme en témoignent ses investissements dans les conseils d’administration de la Fondation d’Auteuil et des Scouts et Guides de France.

Toujours engagé, toujours serviteur, et en cela toujours libre.

Libre de la liberté d’un homme de foi, libre de la liberté d’une vraie vie intérieure, libre de la liberté qu’il savait pouvoir trouver et vivifier auprès de Geneviève, de ses enfants et de leur famille.

 

J’ai commencé avec un romancier, je termine avec un poète, René Char : « Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence »…

Ce n’est pas le silence, parce que Paul continuera à nous accompagner.
Ce n’est pas le silence, parce qu’il continuera à nous donner une belle idée du bonheur. 

Paul Malartre un grand monsieur !

Monseigneur Jean-Yves Riocreux
Évêque de Basse-Terre en Guadeloupe

En ce dimanche de Pentecôte, la nouvelle du décès de Paul Malartre, Secrétaire Général de l’enseignement catholique, nous a bouleversés. Agé de 74 ans, mari de Geneviève, père de quatre enfants et heureux grand-père, il a marqué. Et les témoignages unanimes rendent hommage au chrétien, au pédagogue et à ce grand serviteur de l’Eglise.
Moi-même lié à cet homme d’exception par nos communes origines dans la région stéphanoise, et plus précisément à notre village de Marlhes, j’ai à cœur de m’associer à ce concert impressionnant.

Curieusement, malgré nos racines et connaissances communes, nous ne nous étions pas rencontrés avant son arrivée à Paris en 1999. Nouveau « patron » de l’enseignement catholique, nous nous sommes salués chaleureusement à la nonciature pour la réception annuelle en octobre. Et nous ne nous sommes plus quittés, nous rencontrant très régulièrement à Paris, à Notre Dame de 2001 à 2003, puis à Pontoise, Lourdes pour les assemblées des évêques, enfin et surtout à Marlhes chaque année.

Quel beau chemin il a parcouru. Depuis son enfance à Saint Etienne, avec sa famille en pensant à sa maman partie alors qu’il était enfant, son père qui a fait le choix du hameau du Monteil, à côté de Brodillon. De sa maison de vacances, dans les hauteurs, il admirait le paysage mais surtout le clocher de notre église qui culmine à 1000 métres. Formation classique, enseignant la philosophie à 22 ans, directeur d’établissement à 33 ans, puis directeur diocésain dans la Loire et « montant » à Paris en 1999 pour travailler à la rue Saint Jacques pendant huit années. Un record ! (…)

Comme secrétaire général, il a sillonné le France et aussi le monde, notamment dans l’outre-mer.  (…) Libéré de ses obligations nationales, de retour à Saint Etienne pour la « retraite », il a servi  autrement. Le diocèse bien sûr. Mais aussi au niveau national, comme membre du Conseil d’administration de la Fondation d’Auteuil, puis président des « Amis de la Vie ».

 

En terminant cet hommage, je souhaite évoquer ces moments de vrai bonheur en famille au Monteil chaque année pour un échange toujours riche.
Paul est parti à 74 ans. Encore jeune, comme on dit. Il a rejoint sa maman, son papa, sa sœur, son frère prêtre Jean. Et ce vendredi 5 Juin, nous serons en profonde communion pour l’action de grâces de l’Eucharistie célébrée dans la cathédrale Saint Charles de Saint Etienne.

Merci, Paul, de ce que tu as été pour Geneviève, tes enfants et petits-enfants,ta famille, tes amis, dont ceux de Marlhes et pour tous.
Un grand monsieur, comme l’a écrit si justement un prêtre de Saint-Etienne !

 À Paul Malartre…

Yves Ruellan,
Président de RenaSup

J’ai été élu président du Synadic à l’Assemblée générale de février 2006.
Dès ce moment, j’entrais dans le cercle de ceux qui ont eu la chance de côtoyer très régulièrement Paul Malartre, d’apprivoiser son sens de la relation et de sa manière de vous mettre dans la confidence, de comprendre l’importance d’un sujet par sa seule introduction, d’admettre son regard interrogatif sur le nouvel arrivé en Commission permanente.
Commission permanente, saint des saints de l’Enseignement catholique, où comme nouvel élu j’arrivais impressionné, osant peu demander la parole les premiers mois, mais Paul était là bienveillant, encourageant d’un signe de tête à continuer, terminant un propos qui semblait banal par un : « c’est une bonne idée à creuser ! ».
Générer de la confiance, aller rechercher des idées neuves, inciter à les mettre en œuvre, nous avons tous gardé en mémoire la démarche des Assises de l’Enseignement catholique, les affiches sont restées longtemps placardées dans mon bureau et celle que je préférais était celle d’une école sans mur. Quelle belle inspiration qui vient se télescoper avec la période que nous venons de vivre.
J’ai aimé le regard de Paul, celui qui vous traversait, qui lisait en vous ; avions-nous besoin de répondre ? Il savait déjà ! Il savait aussi élever le ton, débattre, entrer dans la rhétorique, désarmer pour vérifier que ses choix étaient les bons !
A l’invitation du CAEC de Nice, nous nous sommes retrouvés dernièrement avec plaisir dans une table ronde. Dans mon rôle d’interviewer, je surveillais son regard malicieux, le comment il prenait la salle à témoin « vous n’êtes pas d’accord ? », le juste mot qui remettait chacun à sa place… Tout lui, inchangé, près de chacun et de tous à la fois.
Je garderai également ce souvenir où le Synadic l’avait invité pour son départ. En lui offrant une peinture du midi, il n’a vu que l’arbre et s’est exclamé : « Geneviève adore le vert !». Tout lui, partageant avec ses proches ses joies, ses doutes et ses peines.

Les engagements nationaux permettent ces rencontres exceptionnelles ; j’ai été marqué voire changé après celle avec Paul. Merci à toi Paul, qui m’avait accordé le tutoiement dix ans après mon arrivée en Commission permanente.

Une belle amitié 

+ Stanislas Lalanne
Evêque de Pontoise
Pour le Val-d’Oise

De 1999 à 2007, comme porte-parole puis secrétaire général de la conférence des évêques de France, j’ai eu de multiples occasions de rencontrer Paul Malartre, de travailler et d’échanger avec lui, de confronter nos idées et nos projets, alors qu’il était lui-même secrétaire général de l’enseignement catholique. Et, au fil des années, une belle et profonde amitié s’est nouée entre nous, faite de complicité et de confiance réciproque.

Les dossiers communs étaient nombreux. Je pense, à titre d’exemple, à la question des rythmes scolaires, la place de la culture chrétienne dans l’enseignement, l’insistance sur le projet éducatif à élaborer avec tous les membres de la communauté éducative, le statut des maîtres, la manière de vivre la laïcité…

Paul avait une passion contagieuse pour l’éducation. Et il avait cette conviction, tellement vitale, qu’on ne peut pas enseigner sans éduquer et sans proposer un sens chrétien de l’homme et de la vie.

Le rencontrer a toujours été un bonheur pour moi. J’ai été profondément marqué par sa simplicité, sa manière d’entrer simplement en relation avec chacun, sa foi solide, son amour de l’Eglise, sa grande ouverture et son souci que le monde éducatif fasse le pari de la confiance.

 

Un apport prophétique à l'enseignement du  fait religieux

René Nouailhat
Ancien responsable de la mission
Enseignement et Fait religieux

Je voudrais apporter un témoignage sur un aspect essentiel de l'engagement de Paul Malartre dans le domaine de l'intelligence de la foi et de sa transmission : le domaine de l'enseignement du fait religieux.
Ayant travaillé à ses côtés sur ce sujet pendant tout son mandat de Secrétaire général, je puis dire à quel point son apport fut ici prophétique.
Il avait un sens aigu des enjeux et des défis contemporains en matière d'éducation, et il savait le rôle privilégié que l'Enseignement catholique pouvait apporter en ce domaine.

 Il avait bien compris l'importance et l'intérêt du Rapport de Régis Debray, "L'enseignement du fait religieux dans l'école laïque". Il considérait que l'Enseignement catholique en France, tout à la fois "Ecole de la République" et Institution d'Eglise, se devait de bien distinguer l'enseignement du fait religieux et l'enseignement religieux. Formation à l’esprit critique, clarification dans des contenus disciplinaires et des postures de transmission : l'Enseignement catholique, en régime de laïcité, aimait-il à souligner, devrait être un "laboratoire" privilégié à ce sujet. C'est pourquoi il avait créé la "Mission Enseignement et Religions" dès 2002, dont il me confia le pilotage (présentation approfondie de la mission dans le texte intégral de René Nouaillhat)

Paul Malartre a ainsi contribué à donner du sens aux contenus des disciplines enseignées. Ouvrir de la sorte les enseignements aux questions existentielles permettait de les revivifier. Les enseignants y retrouvaient la raison d'être de leur passion de transmettre.
Paul Malartre alliait exceptionnellement la réflexion et l'action, la foi et la raison, le croire et le savoir.

Ce travail a porté des fruits. Malheureusement, au fil des ans, le réglementaire a pris le pas sur le culturel et, aux problèmes liés à des revendications religieuses identitaires, s'est ajoutée la montée d'un sectarisme et d'un fondamentalisme laïques que l'on croyait d'un autre âge. Tout ceci sur fond d'une inculture religieuse grandissante.

Les sanctions qui se sont abattues en 2017 sur un jeune enseignant de l’école publique de Malicornay, coupable d'avoir voulu traiter de la Bible parmi les "texte fondateurs" en CM2, sont révélatrices des impasses dans lesquelles se fourvoient les actuels débats sur le traitement des religions dans l'espace public.

J'ai essayé d'analyser le phénomène dans un livre intitulé "La leçon de Malicornay" paru l'an dernier.  Paul Malartre en écrivit la préface. L’un de ses derniers textes et derniers combats, au vif d'une actualité tourmentée.

Il y reprenait son message d'exigence éducative, dans le cadre d'une laïcité "qui ne soit pas une réponse frileuse face à une menace souvent fantasmée, mais réponse, dans un contexte de plus en plus pluri-culturel et pluri-religieux, au nécessaire apprivoisement des différences".

Dans une situation que Régis Debray qualifiait de "déshérence collective", nous avons plus que jamais besoin de ce que Paul nous a transmis, avec tant d'intelligence, de profondeur d'esprit et de cœur.

Aux pionniers de l'aurore

Un homme de vérité et un croyant en humanité

Un sourire engageant qui favorise la rencontre,

Un regard pénétrant qui dénote l’intérêt pour son interlocuteur

Une parole suave, mais convaincante qui interpelle

C’est cet homme d’expression qui m’a impressionné !

Une expression forte en tout temps,

À la tribune de l’UNESCO pour le lancement des Assises,

Comme dans la simplicité des rencontres sur le terrain,

Paul Malartre nous invitait à une démarche de vérité,

Une vérité inscrite dans un même mouvement de ressourcement et de prospective.

« Un ressourcement qui n’est pas nostalgie ou repli identitaire, mais qui rappelle (…) que l’Enseignement catholique ne serait pas fidèle à sa tradition s’il était conservateur.

Une prospective qui n’est pas simple adaptation ou retouche, (…) mais qui se veut innovation, c’est-à-dire réponse nouvelle à des attentes éducatives nouvelles » (E.C.A. n°249 – Octobre 2000).

En ces temps complexes et incertains, au moment où l’Enseignement catholique entre dans une nouvelle démarche prospective, cette invitation de Paul nous guide sur un chemin d’espérance :

« Soyons ensemble pionniers à l’aurore de nouveaux commencements » (E.C.D. n°242 – Janvier 2002)

Serge LAFONT
Ancien responsable à la DDEC 78

Simplicité, douceur et profondeur

François David
Ancien chef d’établissement
de Michelet à Brive-la-Gaillarde

Notre première rencontre date de 1998. J'étais à peine élu Président du SNCEEL et lui n'était pas encore en fonction. Or, Il avait pris soin de me demander un rendez-vous, ce qui m'apparut comme une démarche nouvelle et porteuse de sens !

Je fus alors impressionné, et cela ne s'est jamais démenti, par la simplicité, la douceur, l’écoute et le bleu d’un regard qui vous traversait ; par la profondeur d’un questionnement sur une institution à faire évoluer au nom d’une certaine idée de la personne, celle de l'élève, mais aussi celle de tous ses acteurs. Il savait où il voulait aller, il savait qu'il n'irait pas seul ! Nous étions vite tombés d’accord.

La confiance apriori, née ce jour-là, n’a fait que croître lors de nos réunions institutionnelles ou à tant d’autres moments publics et privés. L’amitié s’est approfondie jusqu’à ces derniers jours. Paul nous faisait grandir, nous poussant à aller au fond des choses, à donner le meilleur de nous-même au-delà de notre mission. Il s'agissait de l'Homme, en qui nous devions espérer, l’Homme : une histoire sacrée.

Nous avons souvent évoqué les AG du SNCEEL, que nous attendions l'un et l'autre comme un moment de complicité respectueuse, sans confusion des rôles, sans concession, mais dans une confiance toujours renouvelée. Ses prises de positions courageuses lors de la belle journée nationale des quatre syndicats de chefs d’établissements à Issy les Moulineaux restent pour moi le beau souvenir d'une réalisation dont il avait compris et approuvé le sens.

Et puis, l’aventure des Assises avec André Blandin son fidèle complice, donna tellement de sens à notre engagement ! Leur message parle encore aujourd’hui, au-delà de l’enseignement catholique français. Il me disait que nous formions une belle équipe, je lui rétorquais que le chef n’est jamais étranger à la cohésion et à l’enthousiasme de celle -ci.

Paul me fit l’honneur de venir souvent à Brive, nous soutenir pour la mise en œuvre des Assises dans un établissement qu’elles ont sauvé. Il aima notre ville et devint même spectateur des matches télévisés de notre équipe de rugby !

Au moment où se terminait la belle, paisible et émouvante cérémonie des funérailles, m’est revenu au cœur ce que j’avais spontanément affirmé devant lui lors d’une assemblée du SNCEEL, provoquant de longs applaudissements :

« Nous sommes fiers de notre secrétaire général »

Un homme de cœur, au cœur de notre engagement

Bertrand Puech
Chef d'établissement
Ensemble scolaire Saint Nicolas - Toulouse

Nous sommes un certain nombre à avoir eu la chance de croiser, rencontrer ou côtoyer le professeur de philosophie, le chef d'établissement, le directeur diocésain, et davantage pour les cinquantenaires dont je suis le secrétaire général de l'enseignement catholique de 1999 à 2007. 

Nous aimions son tempérament son action son verbe, en un mot l'homme : joie d'avoir pu apprécier sa disponibilité et goûté la présence d'un être chaleureux qui en public avait ce don de faire émerger le meilleur de chacun. Souvenir aussi d'un homme dont la foi était communicative. Humble, clairvoyant, malicieux, visionnaire, proche, prévenant, avec ce goût immodéré de la relation : le voici à jamais relié au paysage de l'enseignement catholique auquel il a donné tant de couleurs.

« Espérer en l’élève c’est aimer son avenir » « Ce qui fait la taille d'un établissement c'est la qualité de ce qui s'y vit » « Soyons ensemble pionnier à l'aurore de nouveaux commencements » « Avoir le courage de l'avenir» « Passion d'espérance » ...  Son sens de la formule allait droit au cœur, " relier" semblait être pour lui une seconde nature, sachant pointer le trait d’union entre le Projet et le terrain, le sens et l'action, l'idée et son accomplissement. Un sens aigu de la personne et l'intuition fine que l'enseignement catholique pouvait se réinventer avant de se réenchanter...

Homme de renouveau Paul Malartre nous invite à continuer plus que jamais le chemin qu'il a impulsé, à faire vivre les ressources nées de la démarche des Assises. « Une école de toutes les intelligences ... Une école des ruptures et des seuils ..» « Risquer la communauté éducative ... Risquer l'inattendu de la Personne ». « Changer de regard pour faire grandir la Personne» au final en 6 ans plus de 100 "directions" à explorer, à dynamiser nos établissements et à y préparer le terrain du Réenchantement de l’école.

Mais revenons à vous, Paul, qui avez suscité nourri fortifié nombre de vocations dont la mienne. Vous nous avez, de loin en proche, accompagné, invité, incité à pousser la porte de nous-même, à répondre à l'appel d'un engagement où l'humain et le chrétien ne font qu'un en faveur de tous et de chacun; où l'attention à la personne nous invite précisément à n'oublier personne.
" Voir le beau, dire le Bien, faire le Bon" ( thème d'année 19/20 du groupe scolaire Saint Nicolas ) ne va pas de soi dans une communauté toujours en marche et en devenir mais vous nous avez montré le chemin, mieux vous nous avez invité à considérer que l'important ce n'est pas la destination, c'est bien le chemin, un chemin à conduire dans la joie le difficile l'inattendu, sans jamais perdre de vue " l'Unité, forme de toute beauté" selon le mot de Saint Augustin.

Nous nous souviendrons de vous comme d’un découvreur d’un guide d’un compagnon, d'un aîné sur la route de nos missions ...  Toujours en marche, les Assises nous ont permis de nous renouveler au cœur de nos communautés éducatives en mouvement.

Nous sommes heureux et fiers d'avoir connu votre compagnonnage Monsieur Malartre. Vous aviez samedi dernier un dernier rendez-vous avec la Pentecôte vers une demeure d’Espérance. Nos souvenirs, nos pensées émues, nos prières vous accompagnent comme elles accompagnent vos proches en ce jour de fête des mères où Marie n'est pas loin. Nous serons tristes de ne plus vous voir, vous entendre mais nous vous savons là, discrètement dans nos pas. Votre absence a déjà raison, elle fait de nous des témoins en marche.

La route est belle devant parce qu'il y a là derrière, le souffle de votre passage, de votre veille à nos côtés. 

La passion et l'espérance

André Blandin,
Ancien adjoint de Paul Malartre

Paul MALARTRE, c'était une passion : l'éducation, un regard : l'Espérance, enracinée dans la foi, souvent affirmée, au Christ d'un "certain matin de Pâques".

Pendant sept ans, avec une équipe qu'il a su renforcer et animer, il a entretenu le souffle des Assises : "Eduquer, passion d'Espérance". Partant de propositions pour un établissement ouvert à la diversité des intelligences, des rythmes et des talents, la réflexion aborda ensuite la vitalité des communautés pour nous conduire au coeur de l'éducation : le refus de désespérer de quiconque, un regard conjuguant bienveillance et exigence, confiance et respect.

Militant de la reconnaissance et du respect des personnes il a promulgué  plusieurs textes dans ce sens, le statut du chef d'établissement du 1er degré par exemple. Souhaitant que nos innovations soient force de proposition pour l'ensemble du système éducatif, il contribua à la clarification institutionnelle des rapports avec l'Education nationale. Enfin, l'exercice de sa responsabilité dans le quotidien du Secrétariat Général était souvent source de clarté et d'apaisement des rapports entre les personnes.

"Notre projet, c'est l'art de ne pas séparer" disait Paul. Suivons-le dans l'éducation : relions enseignement et éducation, suivons-le dans sa foi  :  choisissons des pratiques qui "rendent compte de l'Espérance qui est en nous, avec douceur et respect" (1 Pierre 3, 15-16).

Génération Assises

Claude Berruer,
Ancien secrétaire général adjoint
de l'Enseignement catholique

J’étais directeur diocésain à Bourges et Orléans, lorsque Paul Malartre lança les Assises. De nombreux acteurs de terrain se lancèrent résolument dans la démarche. L’Église invitait à entrer dans le IIIème millénaire avec une créativité nourrie à la source. L’Enseignement catholique avait aussi besoin d’aller de l’avant en puisant à l’intuition des fondateurs. Paul Malartre initia son projet en mobilisant tout ce qui l’animait : sa passion d’éducateur attentif à chacun, son fort enracinement dans la foi chrétienne et la vision de la personne qu’elle fonde, son attachement de philosophe au personnalisme communautaire d’Emmanuel Mounier. Une génération « Assises » allait naître.

Surtout, Paul savait partager avec une simplicité admirable ce qui l’habitait. Les expressions qu’il forgeaient, donnait à chacun le désir d’aller plus loin. Il nous laisse ainsi des phrases qui font vivre : « éduquer, passion d’espérance » ; « changer de regard sur la personne. » ; « espérer en l’élève, c’est aimer son avenir » … et tant d’autres qui continueront de résonner et qui entretiendront de lui une mémoire vive. J’ai passé quarante ans dans l’Enseignement catholique. Paul Malartre m’a donné la fierté d’appartenir à cette institution.

Une sage humilité, une rare solidité

Eric de Labarre
Président d’honneur de l’Apel
Ancien sec. gal de l’Enseignement catholique
Président de l’ICES (Institut catholique de Vendée)

Toute personne recèle un mystère. Celle appelée à vivre en pleine lumière plus encore que la moyenne, son jardin secret étant la clé de son équilibre.

S’il en est un dont le jardin secret était riche, c’est sans doute Paul Malartre. Même après des dizaines d’heures d’échanges et de travail en commun, malgré sa très grande qualité d’écoute et l’accueil amical qu’il réservait à la plupart de ceux qui l’approchaient, il m’a toujours semblé ne connaître qu’une infime partie de la personnalité d’une des plus grandes figures de l’enseignement catholique contemporain dont nous ne sommes aujourd’hui que de simples héritiers.

Rien ne semblait l’ébranler, rien ne paraissait susciter sa colère, rien ne troublait sa sérénité. Dans les instants graves, il gardait son flegme ; dans les moments joyeux, il conservait son sérieux.

Tel était le cas parce que sous une sage humilité se cachait un roc d’une rare solidité que ses études de philosophie et sa foi profonde protégeaient contre les tempêtes.

Sa détermination était aussi tranquille que sa fidélité était lucide. Malgré les vents contraires, je peux attester de sa détermination à rendre aux parents d’élèves et aux Apel toute leur place dans l’institution « Enseignement catholique » et j’ai éprouvé à titre personnel sa confiance et sa fidélité inébranlables.

Tel était le cas parce que la « passion d’Espérance » des Assises est bien plus qu’une formule applicable à l’acte éducatif, mais constitue un principe de vie pour faire face au fracas de l’existence.

 

Oser changer de regard

Gilles du Retail,
Ancien responsable
du Service Info-Com du Sgec

Durant cette dernière année, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Paul Malatre et de refaire un tour d’horizon de ce temps de liberté vraie passée avec lui au SGEC. J’en retiens sa grande disponibilité à savoir écouter et redire que chaque personne est une histoire sacrée qui s’affirme pour autant qu’on lui fasse confiance sans jamais désespérer. Cela exige d’oser changer de regard et de ne pas craindre d’aller chercher avec humilité la qualité de chaque personne y compris dans ses vulnérabilités.

Cette passion d’espérance relève particulièrement des missions de l’école et se vit dans les différentes relations nouées à l’école. C’est ainsi que Paul a insufflé avec force cette nécessité de temps de relecture du projet éducatif par chaque communauté éducative en évitant le repli sur elle-même, car on ne peut éduquer sans proposer du sens.

Et, de nous interroger en racontant l’histoire de ces trois tailleurs de pierre : « À la question : « Que fais-tu ? ». Le premier répond : « Je taille une pierre » ; le second : « Je gagne ma vie » ; le troisième : « Je construis une cathédrale ». Comment dès lors éveiller le jeune à percevoir que par son travail quotidien et par ses activités, il ne prépare pas seulement ses moyens de subsistance, mais qu’il participe déjà à une oeuvre collective, à l’histoire de l’humanité?».

Merci Paul.

" Libres propos "
sur RCF Saint-Étienne

Une pensée nouvelle pour l'institution

Paul aura été pour moi, et probablement pour toute une génération d’enseignants et de cadres de l’enseignement catholique, le porteur d’une pensée nouvelle pour l’institution.
Grâce aux assises qu’il a impulsées , les années 2000 auront marqué durablement les esprits, faisant du leitmotiv « éduquer , passion d’espérer » , un véritable projet devenant l’ADN et l’identité de l’enseignement catholique actuel.
Merci Monsieur Malartre.
En mon nom et au nom de l’enseignement catholique de l’Oise, j’adresse à votre famille mes très sincères condoléances et je vous assure de nos prières.

Jean-Jacques Eletufe
Directeur Diocésain de l'Oise

Merci et A Dieu

Paul, tu es parti, mais nous savons tous que tu es arrivé !
Tout ce que tu as insufflé pour l'Enseignement Catholique et les jeunes restera à jamais!
L'Espérance était au cœur de ton message !
Merci et A Dieu

Gérard Sabatier,
Ancien directeur diocésain 63 et 03

 

 

Les Assises : une ambition évangélique et confiante dans les communautés éducatives

Marie-Anne LEDUBY
Directrice de l'Isfec-Afarec Ile de France

(En pensée avec Annie, Marie-Agnès, Laurence, Denis, Maha, Anne-Marie, Vincent, Jean-Loup, Anne, Sophie…et tous ceux pour qui les Assises sont notre fraternité en partage)

Paul Malartre, la démarche des Assises, les observatoires pédagogiques…pour bon nombre de chefs d’établissement, d’équipes diocésaines, de formateurs, d’enseignants et d’équipes vie scolaire…ces mots résonnent au plus profond de ce qui anime et a animé leur action dans l’Enseignement catholique. La démarche vécue est devenue fondatrice d’une nouvelle manière d’écouter le réel, d’aller l’observer et d’interroger la radicalité évangélique de nos actes, postures, gestes les plus quotidiens au cœur de la classe et de l’établissement scolaire. Nous avons trouvé là une source simple accessible et inépuisable pour oser nous débarrasser de ce qui encombre dans l’accueil d’un élève, dans la manière d’espérer de son avenir, dans la manière d’entrer en relation avec lui et sa famille. Bien avant les travaux sur le climat scolaire, la démarche des assises est venue éclairer d’un jour nouveau l’importance de « faire communauté », de faire de l’établissement scolaire le lieu de toutes les inventions pour l’éducation des jeunes générations, de travailler la cohérence entre adultes et la cohésion d’une équipe comme facteur de réussite des jeunes. Là où œuvrent les adultes de l’établissement, là est la construction de la personne humaine. Nous avons osé regarder le réel de notre action pour en habiter la responsabilité, nous avons osé avoir des initiatives et nous rassembler pour en partager les trésors, nous avons été invités à des rassemblements nationaux où l’analyse anthropologique et intellectuelle de haut niveau nous invitait à regarder plus grand que nous. Regarder chaque jour, chaque personne, chaque jeune, comme un être relié, comme un être fragile, comme un être en devenir. Un défi, un viatique, une source. Notre responsabilité en partage. Merci Paul. Merci Christiane, Yves et Gilles.

 

 

D'un certain matin de Pâques
à une certaine nuit de Pentecôte

Gilles de Bailliencourt
Directeur diocésain de Lyon

En janvier dernier, avec mon épouse nous étions allés le voir chez lui à Saint-Etienne. Il nous confiait qu’il commençait une chimio très agressive, dont l’issue serait déterminante. Malheureusement la maladie fut la plus forte.

Secrétaire Général de l’Enseignement catholique il a donné à l’Enseignement catholique français un souffle, un élan et un esprit. Tout le monde se souvient des affiches jaune, bleue, rouge des Assises. Depuis 30 ans nombreuses sont les raisons de lui exprimer ma et notre reconnaissance.

Lui qui parlait si volontiers « d’un certain matin de Pâques »  pour signifier la source de notre Espérance, il est parti « dans une certaine nuit de Pentecôte ». Nous le confions à la tendresse et à la miséricorde du Père et confions Geneviève, son épouse, et les membres de sa famille, dont plusieurs travaillent dans l’Enseignement catholique de Lyon, à l’Esprit-Saint Consolateur.

 

© Le Michelet

Pour une école de toutes les intelligences

Luc Venier,
ancien responsable national de la mission
Enseignement Technique et Professionnel (ETP)

Paul Malartre a été aussi un promoteur de la voie technique et professionnelle. Parmi ses nombreuses interventions dans ce domaine, je citerai à titre d’exemple notre coopération pour organiser le congrès « du collège au métier, choisir la voie professionnelle », en collaboration avec l’ADETP, le CTPN, le SYNADIC, RENASUP, l’UNETP, le CNFETP.

Cette journée a réuni  tous les représentants institutionnels de l’Enseignement catholique et aussi le ministère de l’éducation nationale. Suite à cette journée, la Commission Permanente du 8 novembre 2007 a décidé  la création d’une « commission pour l’avenir de l’Enseignement professionnel »  chargée de produire un rapport pour la session de juillet 2008 du Comité National de l’Enseignement Catholique. Voir le N° ECA hors-série de sept. 2008, toujours  d’actualité en 2020…car aujourd’hui encore, la valorisation de l’ETP  est poursuivie dans les instances de l’Enseignement catholique.

Il nous sourit depuis l'autre rive

Il est sur l’autre rive et nous sourit certainement avec son air malicieux et son regard empli d’empathie et d’humanité. Il œuvrait encore au service du diocèse de Saint-Etienne, à l’hebdomadaire La Vie et à de nombreuses autres publications. Ses conférences étaient recherchées, tant par la richesse de ses expériences que par la profondeur de sa Foi surgissant à travers ses réflexions éducatives, pédagogiques et pastorales. Il avait actualisé la contribution originale de l’enseignement catholique français au service public d’éducation. Il a lancé et accompagné les démarches d'Assises « Éduquer : passion d'Espérance ». Il disait souvent qu’une école catholique n’est pas catholique par son recrutement, mais par son projet » ou « Espérer en l'élève, c'est aimer son avenir ».

Il a été un guide, voire un mentor pour plusieurs d’entre nous.

Son livre « Est-il encore possible d'éduquer ? » est encore bien d’actualité. Ses écrits et sa présentation du caractère propre de l’enseignement catholique sont toujours une référence dans les propos tenus ici ou là. A Dieu cher Paul.

Jacques BERMOND
Ancien chef d’établissement à Saint-Etienne,
missionné par Paul Malartre
pour restructurer l’Enseignement catholique burkinabé

Un témoignage vidéo
sur les Assises

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