«On monte en complexité au fur et à mesure»

Jean-Philippe Solanet-Moulin, chef d’établissement du 1er degré au groupe scolaire Immaculée-Conception, à Méru (60), évoque le quotidien de son établissement qui compte 237 écoliers et 403 collégiens.

François Husson

Jean-Philippe Solanet-Moulin, chef d’établissement du 1er degré au groupe scolaire Immaculée-Conception, à Méru. © Immaculée-Conception

Comment avez-vous géré la continuité pédagogique ?

On a été pris de court par l’intervention du ministre. Il fallait agir vite. Dès le lundi 16 mars, on a contacté les enseignants et la grande majorité des parents par mail.

En primaire, la première semaine, on a envoyé les devoirs par mail. Puis, comme toutes les familles n’ont pas d’imprimante, on a tout mis en ligne. Nous avons utilisé le système École directe qui permet un contact par mail performant, notre ENT et le site Edumoov pour les CE2-CM1. Puis, nous avons étoffé la proposition, avec des exercices en ligne, sur des sites comme LearningApps. Les maternelles avaient déjà Toutemonannée.com, un ENT avec un blog auquel on se connecte avec un code. On y a déposé des consignes et ensuite des vidéos, et des outils permettant plus d’interactivité.

Enfin, les concertations entre enseignants se font désormais en visioconférence via Zoom, ou Google Meet, qui ne sont pas saturés.

 

Quels problèmes rencontrez-vous ?

La question était au début de ne pas trop charger les élèves en devoirs et exercices. Ce qui manque, à présent, c’est le feedback des parents et des élèves, en maternelle comme en primaire. On peut savoir si les mails ont été lus, mais sur les sites, il nous faut attendre un retour pour vérifier si le travail a été fait. Actuellement, un ou deux élèves par classe ne donnent pas suite. Du coup on les appelle… C’est difficile de savoir si tout le monde joue le jeu. L’Isfec-Afarec d' Île-de-France crée des outils et donne des conseils pour faciliter le retour des élèves. Cela évite d’utiliser des liens vers un site sans savoir s’il a été cliqué et traité.

 

Identifiez-vous d’autres difficultés ?

Il y aura un impact financier. Pour la cantine et la garderie, nous avons mis en place un système d’avoir.

Nous avons aussi dû annuler un voyage, que le voyagiste refuse de rembourser à ce jour car le mot « pandémie » n’apparaît pas sur le contrat, même si le « cas de force majeure » y figure. Cela va être long et risque d’entraîner une action juridique.

Enfin, un problème se pose pour les professeurs stagiaires. Ils se forment via l’Isfec deux demi-journées par semaine et sont obligés d’assurer la continuité pédagogique de leur classe… C’est dur pour les débutants !

En revanche, nous réussissons à assurer l’accueil des enfants des soignants avec le personnel volontaire ainsi que la direction.

 

Comment voyez-vous le court terme ?

On monte en complexité au fur et à mesure. Nous allons mettre en place des visio-conférences avec les enfants, surtout pour lancer une tâche pédagogique. Mais nous nous posons des questions : faut-il proposer de nouveaux apprentissages ? ; Sur quinze jours ou sur une plus longue durée ?, ... La continuité pédagogique dépend de la disponibilité des parents. On sait qu’on n’aura pas tous les enfants et qu’à terme on risque de creuser l’écart entre ceux qui suivent et les autres. L’enjeu va être de garder le contact avec les parents et les élèves car l’école continue !

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