Mis à jour le : 12 février 2025 / Publié le : 4 février 2025
Un forum sur l’orientation à besoins spécifiques
Avec un accompagnement adapté, les élèves en situation de handicap réussissent à trouver leur voie. D’où l’initiative de l’Enseignement catholique des Hauts-de-Seine d’une matinée de rencontres et de témoignages pour ouvrir des perspectives à ces jeunes.
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Le 11 janvier dernier, le collège Notre-Dame de Malakoff (92) a accueilli le forum Ulis, une journée dédiée à l’orientation des élèves à besoins spécifiques. Organisé pour la première fois avec la direction diocésaine, cet événement a rassemblé 250 participants : familles, associations et professionnels, tous réunis pour accompagner ces jeunes dans leurs choix scolaires et professionnels. « Trouver sa voie en situation de handicap est un défi, mais avec un accompagnement adapté, ces élèves réussissent », a déclaré Caroline Couturier, cheffe d’établissement. Pour répondre aux besoins concrets des participants, six pôles thématiques avaient été installés, abordant des sujets variés, de l’enseignement personnalisé aux ressources associatives. Audrey, mère d’un collégien en 4e, salue l’initiative : « Mon fils rêve de devenir maître-chien, mais ce parcours nous paraît intimidant. Alors, il fait des stages pour découvrir la réalité : Guerlain, Orange, le Secrétariat général de la Défense… » Jean-Marc Boulin, directeur d’exploitation chez Sodexo, insiste sur l’importance de ces expériences : « Ces jeunes sont une véritable richesse pour nos entreprises. Je leur conseille toujours d’oser, de tester différents stages pour mieux définir leur voie. Et surtout, qu’ils n’hésitent pas à parler de leur handicap à leur employeur pour permettre des conditions de travail adaptées. » Maxime, 28 ans, incarne cette réussite. Ancien élève d’une Clis – devenue Ulis –, il a exploré de multiples horizons : CAP Petite Enfance, bâtiment, puis intérim dans la vente et l’événementiel. « J’aime toucher à tout. Ça a été un long chemin pour trouver ma place », explique-t-il. Pour Djamila Jupille, son ancienne enseignante spécialisée et cheville ouvrière du forum, cet événement répond à une demande croissante : « L'événement accueillait au départ une poignée de familles mais ça a pris de l’ampleur. » Une étude menée en 2022 par l’Ifop et l’association Tremplin Handicap révélait que 77 % des jeunes en situation de handicap considéraient l’accès à un poste en alternance comme particulièrement difficile.
Trois questions à Matis et sa famille
De l’Ulis en primaire à une Segpa en menuiserie, puis un CAP d’ébéniste, jusqu’à ses études actuelles en design, Matis a su trouver sa voie. Pour ses parents Myriame et Éric, l’information et les rencontres ont été les véritables moteurs d’un chemin qui va bien au-delà des parcours balisés et des plans tracés.
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En quoi ce forum vous a-t-il aidé et pourquoi témoignez-vous aujourd’hui en tant que famille ressource ?
Myriame : Quand Matis était en primaire, en Ulis, ce forum nous a beaucoup aidés. Nous étions perdus et angoissés sur son avenir. Découvrir des structures adaptées, comme la Segpa, nous a ouvert des portes et offert des perspectives concrètes. Aujourd’hui, je veux à mon tour aider et donner un visage à ce parcours pour que les familles sachent que c’est possible. J’aimerais rassurer celles qui se sentent démunies, comme nous l’étions à l’époque.
Quel rôle ce forum a-t-il joué dans vos choix ?
Eric : Lors de la première réunion, nous étions dans le flou total. Je me souviens d’un moment clé avec son enseignante, où elle nous a parlé de la Segpa, une solution que nous ignorions complètement. Ce forum a comblé ce manque d’information et nous a permis de mieux orienter Matis. Aujourd’hui, je suis là pour partager notre expérience avec d’autres parents et les rassurer. Il y a des solutions, et ce forum en est la preuve.
Que diriez-vous à d’autres jeunes en situation de handicap ?
Mathis : Je leur dirais de croire en eux, mais aussi d’être prêts à avancer étape par étape. J’ai toujours voulu travailler dans un métier manuel et grâce au soutien de mes parents et de mes enseignants, j’ai suivi un parcours qui me passionne : Ulis, Segpa en menuiserie, CAP ébéniste, bac pro, et maintenant une école de design. Ce n’est pas facile, mais on peut réussir si on est bien accompagné.
Victor, Arnaud et Maxime témoignent
Victor, Arnaud et Maxime, anciens élèves de l’Ulis du collège Notre-Dame de Malakoff (92), sont venus partager leurs expériences lors du forum Ulis de l’établissement. Presque trentenaires aujourd’hui, ils ont roulé leur bosse dans des domaines variés et emprunté des chemins différents, parfois semés d’embûches. Ils ont pourtant un message commun : avancer ensemble.
Victor :
Je travaille chez Cojean depuis huit ans. Grâce à l’association qui m’a accompagné, j’ai trouvé cet emploi qui me plaît beaucoup. Je commence à 10h30, je m’occupe de la plonge, je dessers les tables, et je veille à ce que tout soit propre. C’est un travail important et j’en suis fier. À côté, je pratique la self-défense, ce qui m’a aidé à prendre confiance en moi. Même si ça n’a pas toujours été facile, avec des hauts et des bas, je suis heureux d’en être arrivé là et de pouvoir maintenant aider les plus jeunes à avancer.
Maxime :
Après la Clis en CM2, j’ai intégré l’Ulis au collège. Mon parcours professionnel a été un peu chaotique. J’ai commencé par un CAP Petite Enfance à Vanves, puis j’ai multiplié les expériences pour me trouver. J’ai fait des stages en peinture, bâtiment, mise en rayon, et même du street marketing où je me déguisais parfois en SpiderMan ou en Père Noël pour vendre des événements. Ensuite, j’ai travaillé deux ans chez McDonald’s pour me prouver que je pouvais tenir sur la durée. Aujourd’hui, je fais de l’intérim en événementiel et en vente, comme à la Fnac, où j’étais vendeur en produits éditoriaux. C’est en avançant que j’ai appris à mieux me connaître.
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Arnaud :
Après la Clis, j’ai fait quatre ans en Segpa, puis un CAP Horticulture, mais je ne l’ai pas obtenu. Ça n’a pas été simple mais je ne me décourage pas. Depuis deux ans, je travaille chez Facilitrans à la gare du Nord, où je ravitaille les trains Thalys et Eurostar. Je suis content d’avoir trouvé un emploi stable. Le handicap ne doit pas empêcher de réussir, mais il faut être accompagné, et la MDPH m’a beaucoup aidé. Mon conseil aux jeunes, c’est de ne pas hésiter à demander du soutien.