Mis à jour le : 24 janvier 2025 / Publié le : 22 janvier 2025

L’école inclusive : pour tous et ensemble

Rendre l'école accessible à tous, est-ce possible ? Depuis la loi de 2005, qui fixe le principe d'une accessibilité généralisée, l'école inclusive est une nécessité dont s'est saisi l'Enseignement catholique, qui célèbrera le tout au long de l'année, les 20 ans de la loi sur l'école inclusive.

En Ille-et-Vilaine, où la direction diocésaine est mobilisée sur le sujet, la dynamique est à pied d'œuvre : après le lancement d'un collectif en 2023 pour la co-construction d'un établissement universel, dont la rentrée est prévue pour septembre 2025, l'accompagnement des établissements vers une plus grande accessibilité se poursuit. C'est dans ce contexte, que s'inscrivait le mercredi 15 janvier dernier, la conférence donnée par David Rodrigues, Conseiller national d'Éducation au Portugal et spécialiste de l'inclusion.

Rendez-vous le 11 février prochain — jour anniversaire des 20 ans de la loi — pour une table ronde sur l'école inclusive, animée par le journaliste Marc Tronchot. Diffusée en direct sur les réseaux sociaux, elle réunit à la fois, des personnes qui ont contribué à la promulgation de la loi de 2005 et d'autres qui s'inscrivent dans la dynamique de mise en œuvre de la loi. Les horaires seront confirmés ultérieurement.

David Rodrigues, acteur de l'éducation inclusive au Portugal.
David Rodrigues, acteur de l'éducation inclusive au Portugal.

L'éducation : un droit fondamental pour tous les élèves

«On ne peut pas dire à un élève : "toi tu es bon pour apprendre" et puis à un autre, "toi non, tu dois quitter l'école et travailler". Et ce pour une raison simple : tous les élèves ont la même importance et tous disposent du droit à l'éducation. Nous avons besoin d'un nouveau contrat social pour l'éducation, qui puisse réparer les injustices tout en transformant l'avenir.» Par ces propos liminaires, David Rodrigues rappelle que les notions d'inclusion et d'équité à l'École sont inscrites dans le droit international. Plusieurs documents y font d'ailleurs référence, comme la Convention relative aux droits des personnes handicapées, la Déclaration d'Incheon ou celle de Salamanque. Des conventions qui attestent de l'importance du mouvement mondial autour de l'inclusion et dont l'impact se reflète aujourd'hui sur les législations nationales.

68% des pays ont aujourd'hui intégré l'éducation inclusive dans leur lois, politiques ou planifications. Au Portugal, pays sous-développé en éducation au sortir de la dictature, le taux d'analphabètisme en 1974 s'élevait à 30% de la population. Le système éducatif a été réformé par le prisme de l'inclusion. Bilan : 99% des élèves handicapés sont scolarisés dans des écoles ordinaires et au global, l'éducation au Portugal se porte bien : 52% des jeunes de 18 ans accèdent à l'enseignement supérieur et le taux de décrochage scolaire est inférieur à 6%.

«Les écoles ordinaires sont les moyens les plus appropriés pour éduquer les élèves ayant des besoins éducatifs spéciaux.»

Déclaration de Salamanque (1994)

L'école inclusive : oui, mais comment ?

Pour David Rodrigues, l'éducation inclusive peut se comprendre selon différents aspects conceptuels. Le premier étant l'inclusivité que le spécialiste définit ainsi : l'école pour tous dans un environnement commun. Car l'inclusion, ce n'est pas garantir le droit à l'éducation, ça on peut déjà le faire mais dans des écoles séparées. L'inclusion c'est pour tous et ensemble.» À ce concept s'ajoute celui de suppression des barrières, autrement dit : éducabilité universelle. «Quand on parle de barrières, on les met généralement en dehors de l'école. Mes interlocuteurs me parlent de transports, de milieux socioculturels, de la famille... Or, nous devons identifier les barrières dans l'école. Tous les humains sont capables d'apprendre, nous devons identifier ou éliminer les barrières auxquelles chaque individu est confronté dans l'apprentissage. Ce n'est pas un manque d'exigence, mais une réflexion que nous devons avoir car tous les élèves sont capables d'apprendre - l'apprentissage étant une caractéristique intrinsèquement humaine.»

Pour le spécialiste de l'inclusion, garantir le droit à l'éducation revient à garantir de nombreux autres droits : «l'inclusion a cette double nature d'être un objectif mais aussi un moyen pour garantir cet objectif.» Il s'agit là du concept de droit multiplicateur, suivi du concept d'environnements habilitants que David Rodrigues explique en ces termes : «L'inclusion est un processus d'interaction, de relation, de dimension sociale et sociologiques. Ainsi, elle ne peut être comprise à travers une vision "cas par cas". Si je pense à un élève avec un problème et à un professeur d'éducation spécialisée, je suis dans une perspective d'éducation spécialisée et non dans une perspective d'inclusion, car cette dernière est un processus.»

Enfin, l'éducation inclusive doit être pensée comme une réforme éducative et non comme quelque chose qui s'ajoute ou se «colle» à l'école. David Rodrigues suscite quelques éclats de rire : «Parfois j'arrive dans un établissement et on me dit : "L'inclusion c'est avec Nathalie. Quand Nathalie avait la grippe, l'inclusion était absente durant une semaine. Or, l'inclusion ne se résume pas à une personne, à un lieu, elle est une valeur transversale à l'École

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Points de départ pour la pratique

David Rodrigues nous invite à réfléchir à ce que doit ressembler une École pour tous : comment celle-ci peut, ou doit, être accessible à tous ses élèves, en termes de diversité culturelle, de handicap, de langue maternelle ou encore de statut socio-économique, etc. ?

Le spécialiste évoque le non-sens qu'est la recherche d'homogénéité dans nos écoles alors que les humains sont «tous différents». Pour lui, «l'homogénéité réduit toute notre complexité à un seul aspect, ce qui ne favorise pas l'apprentissage». Il distingue les différences humaines (génétique, expérience et condition sociale) qui sont sources de progrès, de l'inégalité (jugement sur des facteurs que nous ne contrôlons pas).

Citation de David Rodrigues

5 leviers pour une école inclusive

1. Programme et différenciation

Comprendre le programme comme une orientation, avec une conception universelle de l'apprentissage.

2. Innovation inclusive

Développer les façons de faire : travaux de projet, apprentissages actifs, lien avec des situations concrètes...

3. Dispositifs et ressources

Penser la mise en lien des ressources extérieures à l'école, comment s'articulent elles avec l'établissement ?

4. Collaboration et formation

Un enseignant seul ne peut créer ou soutenir une école inclusive, cela implique une collaboration.

5. Politiques publiques

David Rodrigues cite l'exemple du Portugal qui, en fixant l'école à temps plein, a favorisé l'inclusion.

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