L’École catholique européenne pendant la crise

Le CEEC (Comité européen pour l’enseignement catholique) publie une enquête sur l’impact de la crise sanitaire sur les établissements de l’Enseignement catholique en Europe.

Propos recueillis par Laurence Estival

Vous avez envoyé un questionnaire aux vingt-sept pays membres du CEEC (Comité européen pour l’enseignement catholique) afin de dresser un premier bilan de l’impact de la crise sanitaire sur les établissements catholiques. Pourquoi cette démarche ?

 

Guy Selderslagh : Quelques jours après la fermeture des établissements, nous avions interrogé les responsables nationaux de l’enseignement catholique dans les vingt-sept pays européens réunis au sein du CEEC pour qu’ils nous décrivent leur situation. Trois mois plus tard, nous souhaitions comprendre ce qui s’était passé pendant le confinement, partager et échanger sur l’impact de la crise sur les établissements et la pédagogie, mutualiser les bonnes pratiques et réfléchir aux défis à l’aune de cette période. Nous souhaitions aussi repérer les pays qui ont des difficultés particulières afin de voir comment les aider. Nous avons donc adressé fin mai un questionnaire à nos membres et reçu une semaine plus tard vingt-deux réponses. Ce qui, compte tenu des délais, est un bon score.

 

Et que dit cette enquête ?

Guy Selderslagh : Elle montre tout d’abord que dans presque tous les pays, les établissements ont fermé entre le 5 mars et le 23 mai. La réouverture des classes se fait aussi en ordre dispersé : onze pays dont les Pays-Bas, la France, la Belgique, l’Allemagne ou la Suisse ont déjà repris partiellement les cours. Onze autres, parmi lesquels se trouvent l’Italie, l’Espagne, la Roumanie et le Royaume-Uni, devraient attendre la rentrée. Mais au-delà, ceux qui ont ouvert les classes ne l’ont pas fait au même rythme et n’ont pas ciblé les mêmes élèves prioritaires : la Slovénie et le Portugal ont privilégié les dernières années de cycle ; la Suisse, les élèves âgés de 4 à 15 ans ; la France, d’abord les plus jeunes... Début juin, 100% des élèves en Lituanie avaient repris le chemin de l’école, 90 % en Grèce, 70 % en Slovénie ou en Suisse, mais 25 % en France et 25 % au Danemark. On s’aperçoit que dans les pays où la reprise est lente, les familles les plus vulnérables sont celles qui craignent le plus de remettre leurs enfants à l’école...

 

Comment expliquer cette attitude ?

Guy Selderslagh : La crise a touché les plus fragiles. Cette peur est toujours présente et cela nous préoccupe. Au point de nous demander s’il ne pas faudrait pas une initiative commune pour rappeler l’obligation de scolarisation. Nous sommes également frappés par les résultats de cette enquête, qui indiquent que la fracture numérique semble avoir été toute relative, avec des taux de contacts numériques avec les élèves compris entre 75 % et 100 % dans une majorité de pays. Mais nous savons aussi que le fait d’être connecté ne suffit pas toujours. Les enseignants demandent partout plus de formation. Des pays s’inquiètent aussi des conséquences de la crise économique sur les inscriptions à la rentrée. Les craintes sont fortes notamment dans les pays où, comme en Italie, l’enseignement catholique ne bénéficie pas d’un soutien des pouvoirs publics. Nous devons rester vigilants. Le CEEC appuie un texte proposé par la plateforme ECNAIS qui rassemble plusieurs fédérations d’établissements privés du continent. Elle va publier un document demandant aux pouvoirs publics de ne pas abandonner l’École indépendante.

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