La vocation en question

La synthèse des contributions recueillies dans le cadre de la préparation du synode des évêques en octobre 2018 sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations » a été publiée. Sur 110 réponses reçues, une quinzaine émanent de l’enseignement catholique. Le document pointe un enjeu d'écoute et la nécessité de diffuser une conception plurielle de la vocation qui ne se résume pas à la seule vie religieuse.

La synthèse nationale adressée à Rome cet été par l’équipe du SNEJV a compilé et traité les 110 réponses reçues dont 69 venant des diocèses, 18 des communautés, 6 des mouvements et une quinzaine de l’Enseignement catholique.
L’ensemble de ces contributions atteste de ce que l’Église répond à l’immense besoin des jeunes d’être écoutés, selon des modalités aussi diverses que les profils de jeunes sont variés, leurs habitudes de vie nomades, leurs environnements pluriels.

Les jeunes éloignés de l’Église n’attendent rien d’elle. Les rejoindre reste difficile même si les établissements d’enseignement catholique qui accueillent de nombreux jeunes non pratiquants leur offrent un terrain d’échanges propices avec les acteurs pastoraux.
Les jeunes catholiques engagés ou peu pratiquants, malgré des clivages perceptibles, rêvent globalement d’une Église évangélique, simple et joyeuse, à l’image du Pape François. Ils lui demandent d’écouter sans juger, d’être exemplaire et cohérente, ouverte sur le monde, relationnelle et non institutionnelle. Ils expriment un grand besoin d’accompagnement spirituel.

Les grands rassemblements et pèlerinages restent les propositions qui rencontrent le plus de succès auprès des jeunes. La pastorale ordinaire se vit quant à elle davantage dans les aumôneries, les établissements d’enseignement catholique, et surtout le scoutisme qui jouit d’un dynamisme fort. Alors que beaucoup de jeunes déplorent le peu de responsabilité qui leur est accordé dans les paroisses ce mouvement seul évoque la participation des jeunes à ses instances décisionnelles.

Contrairement à l’approche large du document préparatoire, on note que les réponses à la consultation réduisent souvent la vocation à la prêtrise et à la vie religieuse. Or la société et les familles sont méfiantes à l’égard d’une vie donnée dans le célibat et l’éveil vocationnel est peu porté par les pastorales des jeunes, l’enseignement catholique et les familles qui privilégient la réussite professionnelle et scolaire. On note toutefois un certain nombre d’initiatives et de propositions, le scoutisme, le volontariat ou les années pour Dieu apparaissent comme des lieux particulièrement favorables au discernement.

 

 

Extrait de la synthèse des contributions françaises
à la préparation du synode sur les jeunes et les vocations

De quelle manière les écoles et les universités ou d’autres institutions de formation (civiles ou ecclésiales) contribuent-elles à la formation au discernement des vocations?

La réalité de la laïcité en France fait que les institutions civiles scolaires n’abordent jamais la question du discernement des vocations. Dans ce paysage les établissements catholiques d’enseignement contribuent peu à la formation au discernement des vocations. Mais les quelques initiatives proposées dans tel ou tel établissement sont appréciées et pertinentes. Quand elles ont lieu, ces propositions pastorales - conférences, témoignages, moments de culture chrétienne et de catéchèse, échanges entre élèves et avec les personnels de la communauté éducative - offrent des temps propices à l’éveil vocationnel. Les établissements catholiques d’enseignement peuvent alors être pour les jeunes des lieux de relecture et d’approfondissement de la foi. L’école catholique peut aussi être un lieu de formation à la connaissance de soi et à l’intériorité et proposer un accompagnement dans les périodes de crises (décès d’un élève, passages d’une classe à l’autre, etc...). A noter que la présence de prêtres est attendue au sein des établissements, leur absence fait obstacle à l’éveil vocationnel. Les réponses font percevoir que l’école catholique et l’enseignement catholique en France pourraient accompagner davantage les élèves sous l’angle large de la vocation en l’articulant avec la question de l’orientation.

 

 

 

 

 

 

La contribution de l'École catholique

Accompagner sans juger et connecter le questionnement existentiel des élèves à leur processus d'orientation... voici quelques pistes pour travailler la question de la vocation dans les établissements catholiques.

Par Joseph Herveau,
Responsable de l'animation
pastorale scolaire au Sgec

 

En France, les diocèses ont été appelés à contribuer à la consultation planétaire, préalable au prochain synode sur les jeunes et sur les vocations. Le Sgec a de son côté sollicité les directions diocésaines de l’enseignement catholique, dont 17 ont répondu au questionnaire spécifique qui leur a été adressé.

Dans ces contributions, riches et variées, quelques constantes se dessinent. On retrouve la même volonté de s’intéresser positivement à ce qui fait la vie des jeunes, selon un regard proche, mais qui sait prendre une distance critique. Il a été beaucoup question de leur faire confiance, pour que leur confiance en eux-mêmes grandisse. Il s’agit bien d’entendre le souhait de construire un monde meilleur, au-delà des fatalités et de travailler à une plus grande cohérence entre l’Evangile annoncé et l’Evangile vécu.

Quant aux jeunes, ils demandent de l’écoute. Chrétiens ou non, ils attendent de l’Église qu’elle aide à vivre et qu’elle accompagne, non qu’elle condamne ou qu’elle disqualifie. Voilà qui pourrait être également vrai de l’École catholique elle-même.

Il convient de rappeler que la démarche synodale s’intéresse à l’ensemble des jeunes -les 16-30 ans -, qu’ils soient chrétiens ou non. De même l’Église insiste à cette occasion sur la nécessité d’entendre la question des « vocations », dans un sens bien plus large que celui de l’appel à la vie religieuse ou au ministère ordonné. Ce qui est en jeu ici, c’est le sens que l’on souhaite donner à sa vie autant que les appels entendus dans diverses circonstances, et qui tournent vers l’autre. Pour l’enseignement catholique, cette question est inséparable de celle de l’orientation, qui, elle aussi, concerne tous les jeunes.

 

À noter

Les établissements peuvent encore solliciter lycéens et étudiants et pas uniquement les chrétiens, jusque fin novembre, via un questionnaire  en ligne qui leur est destiné.

 

 

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