Mis à jour le : 16 septembre 2024 / Publié le : 24 juillet 2016
Jeu de rôle pour élèves de maternelle
Des pratiques comme le jeu des Trois figures, outil de prévention de la violence par développement de l’empathie qui crée, dès la maternelle, un espace de construction narrative partagée à partir des expériences d’images faites par les enfants chez eux.
Convoquer des faits-divers, scènes de films d’horreur et autres images télévisuelles choquantes dans des clases de maternelles, pour permettre aux enfants de prendre du recul par rapport à leur impact néfaste. C’est l’objectif du jeu des trois figures, conçu par Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste qui a initié à cet outil 33 professeurs des écoles de l’enseignement catholique, dont des maîtres E, à la demande du département Education du Sgec, courant 2011. En trois journées filées sur l’année, ces derniers ont ainsi bénéficié d’un accompagnement sur mesure à l’expérimentation des Trois figures dans leurs classes. Sur le principe d’un jeu de rôle très protocolisé, les élèves sont invités à construire une saynète, convoquant des souvenirs d’écran marquants et mettant en scène un agresseur, une victime et un sauveteur qu’ils interprèteront successivement.
Réapprendre à jouer, travailler la socialisation, ouvrir le champ des possibilités identificatoires, souvent stéréotypées dans les dessins animés, jeux vidéo et autres pubs… les enseignants ont exploré tous les bienfaits d’un outil qu’ils jugent également efficace pour prévenir la violence scolaire et améliorer le vivre ensemble : « Les tout petits pratiquent déjà beaucoup des jeux de bagarre et d’affrontement. Nous éprouvons par ailleurs des difficultés grandissantes à les engager dans des activités de groupe, car ils tolèrent moins bien les contraintes liées au collectif », témoigne Sylvie Morelli, enseignante à Belley (01). « Support d’un travail cognitif authentique –scénarisation, mémorisation, expression orale et corporelle-, ce temps gratuit de co-production sollicitant leur imaginaire et où l’enseignant intervient à minima ravit les enfants », apprécie Dominique Fontaine, maître E en Mayenne. Pour Patricia Doublet, enseignante à Angers, « la théâtralisation et l’alternance des personnages entraînent les enfants à distinguer réalité et fiction, à se montrer et parfois à se découvrir sous un jour nouveau. » Un outil précieux, donc, au service du changement de regard, mais à manipuler avec précaution, en proscrivant toute tentation de psychologisation. Grâce aux formations d’enseignants formateurs conduites dans l’enseignement catholique, cet outil et son bon usage continue à se déployer dans le réseau.