Génération Erasmus: Européenne et fière de l’être!

Le programme Erasmus, levier majeur de citoyenneté européenne, fête ses 30 ans cette année et s’ouvre à de nouveaux publics tels que les apprentis ou les lycéens professionnels. Un enjeu bien perçu par nombres d’établissements catholiques, comme le lycée Charles-de-Foucauld de Brest dont une élève de terminale,Ilanne Kaczmarek, a été distinguée dans le cadre du concours video Erasmus +. À Saint-Charles, à Chalon-sur-Saône, ce sont les élèves des filières professionnelles qui ouvrent la voie des mobilités européennes. Autre option pour rejoindre la dynamique: participer au projet Erasmus sur la pluriculturalité à l'école porté par Renasup.

Un lycéenne primée et le dynamisme européen d'un établissement brestois reconnu

Du haut de ses 18 ans, Ilanne Kaczmarek (en bas à droite), élève de terminale à Charles de Foucauld-l’Estran, à Brest, est une citoyenne européenne convaincue ! Et après l’Allemagne et la Norvège, cette lycéenne bretonne s’apprête à visiter Rome, y ayant remporté un séjour de trois jours pour deux personnes dans le cadre du concours vidéo Erasmus + et moi. Elle a reçu cette récompense le 9 janvier 2017, des mains de la ministre de l’Éducation Najat Vallaud Belkacem, au théâtre de l’Odéon, à l’occasion du trentième anniversaire du programme de mobilité européenne.

Obtenu pour un clip réalisé in situ lors d’une semaine de rencontres européennes organisée à Kehl en Allemagne, du 4 au 11 novembre dernier, ce prix récompense aussi un établissement, pionnier d’Erasmus. Sous le pilotage de Dominique Mignon, enseignant de biologie en langue anglaise car en section européenne, des mobilités et projets européens s’y conduisent depuis plus de vingt ans.

Espagne, Danemark, Allemagne, Turquie et France… une cinquantaine d’enseignants de ces cinq pays y filent, pour trois années consécutives, une thématique de travail commune. Avec des mobilités à la clef pour quelque 250 jeunes– 50 élèves de toutes les séries générales et technologiques de Charles de Foucauld - à l’occasion des cinq séminaires organisés dans chacun des cinq lycées partenaires. Ces trois années sont aussi jalonnées de sessions de formations enseignantes comme par exemple en novembre dernier en Finlande sur les usages pédagogiques du numérique.

Dans le cadre du projet 2015-2018, sous l’intitulé « Identité, différence, citoyenneté active », professeurs et élèves échangent sur les points de convergences et de divergences de leurs coutumes, cultures et religions. L’objectif : approfondir leur connaissance réciproque pour contribuer à bâtir une citoyenneté européenne commune tout en expérimentant la richesse de l’intelligence collective, lorsqu’elle se nourrit d’approches et de sensibilités diverses. Chants en quatre langues –Langue des signes, esperanto, chinois… et breton-, exposition photos, jeux coopératifs, e-book… des réalisations collectives sont aussi produites à chaque rencontre.

Sur les trois ans, une dizaine d’élèves de Charles de Foucault ont aussi bénéficié d’une mobilité de trois mois au Danemark, même si celles-ci deviennent plus compliquées à organiser : « L’ouverture d’Erasmus à de nouveaux publics des sections professionnelles, par exemple, est bien sûr une très bonne chose mais l’imbrication des programmes rend leur multiplication plus difficile », regrette Dominique Mignon. Il remarque aussi que l’usages de logiciels, s’il rationalise le montage de projets, complexifie des procédures qui étaient autrefois accompagnées  avec davantage de proximité par les membres de l’agences Erasmus en France (ex 2E2F) qui, économie oblige, ont dû alléger la préparation des mobilités : « Nous sommes un groupe de pilotage solide, passionné et convaincu des bénéfices humains et intellectuels de ces échanges… mais cette complexification pose question. Les jeunes collègues qui s'apprêtent à reprendre le flambeau devront être plus nombreux pour porter ces projets », prévient-il.

"I Have Rights": un projet Erasmus+ sur les valeurs

RenaSup, réseau des établissements catholique proposant des formations supérieures, est promoteur d'un projet stratégique Erasmus+ intitulé «I Have Rights». Ouvert à tous les établissements catholiques, il concerne les élèves de 13 à 17 ans et porte sur le thème de la  pluri-culturalité à l’école. Il vise à engager des stratégies permettante mieux comprendre et partager un certain nombre de valeurs européennes fondamentales.

Ce projet va reposer sur des échanges de pratiques pédagogiques et éducatives entre les différents  partenaires du projet (Belgique, France,  Grèce, Italie, Lituanie, Portugal). Il s'agira notamment de relever ce qu’il se fait dans les établissements des différents pays concernés en termes d’accueil d’élèves étrangers  et d’origines culturelles diverses.

Il sera aussi l'occasion d'évaluer la connaissance des élèves sur les Droits de l’Homme pour promouvoir l’égalité, la non-discrimination et l’interculturalité. Il devra également aboutir à la mise en place de protocoles expérimentaux. Un séminaire de formation de 4 jours à Florence sera proposé à un certain nombre d'enseignants volontaires ayant participé au projet.

 

 

Plus d'informations sur le site du lycée Charles-de-Foucauld de Brest

Le concours vidéo Erasmus + sur le site du Ministère de l'Éducation

À voir aussi , le témoignage vidéo d'une enseignante sur son séjour Erasmus+ à Oxford, sur SitEColes.

Saint-Charles, un lycée pro-Érasmus

À Saint-Charles, à Chalon-sur-Saône, c’est le lycée professionnel qui sert de tête de pont aux mobilités Érasmus. Le 17 mars prochain, à l’occasion des portes-ouvertes de l’établissement, une soirée européenne réunira la cinquantaine d’élèves et d’anciens élèves ayant effectué une mobilité de quatre semaines en Suède depuis 2012, soit l’équivalent de leur stage professionnel plus une semaine en établissement scolaire et à la découverte de la ville de Stockholm.

Ce sont ces élèves qui ont relancé les échanges internationaux initié voilà vingt ans avec la Grande-Bretagne, mais qui s’étaient essoufflés. À la faveur d’un séjour d’étude Erasmus + enseignants, un nouveau partenariat s’est en effet noué avec un lycée professionnel suédois proposant lui aussi des filières des Métiers de l’esthétique et des Services aux personnes. « Les bénéfices en termes de progrès linguistiques –l’anglais étant la langue de communication pour les élèves en mobilité- mais aussi d’estime de soi, de motivation, et d’ouverture d’esprit pour des élèves ayant souvent vécu des parcours de collège compliqués est véritablement spectaculaire », souligne Jean-Christophe Dubuis, directeur adjoint du lycée professionnel.

Il se félicite de l’intégration des mobilité professionnelles dans un programme commun Erasmus + qui apporte un gain de lisibilité à ces expériences autrefois effectuées dans le cadre du programme Léonardo, moins prestigieux et mal identifié des employeurs : « Que le stage Erasmus puisse compter comme expérience professionnelle présentée au bac permet d’organiser une mobilité longue et pleinement reconnue. De plus, la nouvelle épreuve mobilité introduite au bac pro, facultative mais affichant un coefficient 2, valorise encore cette expérience », se félicite Jean-Christophe Dubuis.

François-Michel Pardon, chef d’établissement et coordinateur de l’ensemble scolaire confirme : « Comme nous le rappelle Guy Le Boterf, la compétence c’est savoir agir et inter-agir en situation : alors quoi de plus naturel que de mettre nos jeunes en situation réelle, pour développer leurs talents dans un contexte professionnel inédit ?  Et le fait que ce soit les élèves de voie professionnelle qui investissent ce terrain d’ouverture à l'international constitue un signal fort pour la réussite de tous au sein du lycée, qui accueille aussi plus de 400 élèves dans les voies générales et technologiques ».

Les bienfaits de cette mobilité ont conquis quatre autres enseignants du lycée professionnels qui sont venus renforcer le comité de pilotage. Cela permet d’envisager une extension du dispositif aux filières commerce et gestion administration. L’obtention récente de la charte Erasmus + pour les BTS ouvre aussi des perspectives prometteuses. En effet, l’unique expérience de mobilité longue de deux mois effectuée par deux jeunes de BTS en 2013 leur a ouvert les portes de l’école d’une grande marque de cosmétique démontrant l’intérêt des employeurs pour ce programme, gage d’un bon niveau linguistique.

Fanny et Kathellen, deux élèves de bac pro esthétique, prêtes à repartir!

Fanny : « C’est rassurant avant le départ d’avoir des renseignements sur le déroulement du séjour et de savoir qu’un professeur nous accompagne. J'expliquais en anglais aux clientes que nous ne parlions pas suédois et qu’elles devaient s’exprimer en anglais. Cela ne posait aucun problème pour elles. Lors d’un maquillage j’ai reçu une rose de la part d’une personne très satisfaite de ma prestation ».

Kathellen précise : « Nos techniques de maquillage sont différentes, on commence par les yeux en Suède alors qu’en France on commence par le travail du teint. Il faut être très à l’écoute et savoir s'adapter. La préparation des mercredis après-midi nous a permis d’acquérir le vocabulaire spécifique pour pratiquer notre activité professionnelle en anglais ». « Si c’était à refaire, nos valises seraient prêtes très rapidement pour un nouveau départ » lancent en cœur Fanny et Katheleen !

 

Léa, enchantée par son séjour

« Tout d’abord, je n’imaginais pas pouvoir faire tant de progrès en anglais, en compréhension surtout mais aussi en expression ! J’ai aussi eu l’occasion de découvrir des conditions de travail différentes avec, en maison de retraite suédoise, un taux d’encadrement trois fois plus élevé qu’en France, ce qui permet d’autres modalités de prises en charge.
Si j’ai été très surprise, voire un peu déstabilisée par l’ambiance un peu trop détendue des cours en suède, j’ai adoré le musée ABBA dédié à ce groupe de pop et où on chante et on danse tout en visitant. C’est un autre état d’esprit, une autre culture, un autre rythme aussi car il fait nuit à 15h et l’heure du dîner sonne vers 17h !
Tout cela m’a permis de vérifier que je disposais de bonnes capacités d’adaptation. Je conserve aussi des liens forts avec les familles et les enseignants suédois qui nous hébergeaient le week-end. C’est un enrichissement personnel énorme en termes de maturité, d’autonomie et d’ouverture d’esprit que je conseille à tous ! »

Plus de d'informations sur le site du lycée Saint-Charles

30 ans de mobilités

Défilé de haute couture dans une salle à l’italienne en présence de nombreuses autorités françaises et européennes… C’est le bien nommé théâtre de l’Europe-Odéon, qui a accueilli, lundi 9 janvier le coup d’envoi en France des célébrations du trentième anniversaire du programme de mobilité européenne Erasmus.

Rassembler par la rencontre et les partages culturels… tout en améliorant le niveau linguistique, l’ouverture d’esprit et l’employabilité des publics concernés… Depuis son lancement, le programme Erasmus, largement connu et unanimement apprécié, a bénéficié à 5 millions de personnes. Avec un million de ressortissants ayant profité du dispositif, dont plus de 600 000 dans le cadre de leurs études, la France se classe au deuxième rang des mobilités étudiantes.

Rebaptisé « Erasmus + », il s’est aussi ouvert à de nouveaux publics : aux apprentis, aux bénévoles, aux stagiaires de la formation professionnelle et aux demandeurs d’emploi. La modularité accrue des mobilités favorise également l’essor du programme au sein de l’enseignement scolaire. En France, les stages réalisés à l’étranger dans le cadre d’Erasmus comptent désormais pour l’examen du Bac pro et ces expériens sont aussi valorisables grâce à une nouvelle épreuve de mobilité, facultative mais qui affiche un coefficient 2.

Des fonds sociaux fléchés vers les publics moins favorisés et des bourses adaptées au coût de la vie dans le pays de destination participent aussi à démocratiser Erasmus afin que des enjeux essentiels, tels que l’éducation à un référentiel commun en matière de liberté d’expression, soit plus largement accessible » a souligné la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem.

Menacé de disparition en 2012, Erasmus a résisté et a finalement vu son budget revalorisé de 40%... Pour autant il continue à ne représenter qu’1,5% du budget européen qui lui-même ne pèse qu’un 1% du PIB de l’Union… Un financement qui doit donc souvent être complété par l’apport des collectivités locales…

Est-ce suffisant pour l’importance des enjeux pointés, dont celui de diffuser une citoyenneté européenne ? C’est la question posée entre autres par la jeune Ukrainienne, Naliia Vakulenko. Cette étudiante en licence Erasmus à l’Université d’Amiens-Jules Verne a en effet adressé un plaidoyer vibrant pour consolider l’ouverture engagée du programme aux pays voisins et partenaires de l’Union : « Nous sommes compétents, curieux, motivés et prêts à nous engager pour faire vivre l’idéal européen et construire un monde plus ouvert. Certains étudiants ukrainiens ont même donné leur vie pour ça durant la Révolution orange… » a-t-elle expliqué, dans un français impeccable.

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