« Évaluer, c’est bien plus que contrôler »

Avec la montée en puissance du contrôle continu dans le cadre de la réforme du baccalauréat et après l’expérience d’enseignement à distance vécue lors du premier confinement, la question de l’évaluation se pose à frais nouveaux pour les équipes éducatives, au sein du lycée en particulier. Dans un webinaire diffusé le 2 novembre dernier, les pôles collège et lycée du département Education du SGEC proposent plusieurs jalons et pistes d’action pour repenser sa place.

Aurélie Sobocinski

Comment faire de l’évaluation non pas une fin en soi, mais bien au-delà, un outil au service d’une formation intégrale de la personne ? Plus qu’un moyen de contrôle, un moteur essentiel du parcours de formation des jeunes ? « La question, essentielle, se pose avec une acuité nouvelle au niveau du lycée en particulier, au vu de l’importance donnée au contrôle continu dans le cadre de la réforme du baccalauréat et après l’expérience d’enseignement à distance qui s’est vécue lors du premier confinement au printemps dernier », explique Benoit Skouratko, coordinateur des pôles collège et lycée du SGEC dans un webinaire diffusé le 2 novembre dernier.

Tâche complexe, sa mise en œuvre suscite encore beaucoup de craintes et de confusions au sein de l’Ecole. « On l’a vu avec la réforme du collège et les fortes demandes de formation qui ont émergé dans toutes les disciplines -à l’exception de l’EPS, des SVT et des langues où la dynamique était déjà bien ancrée- pour réfléchir ensemble à des pratiques d’évaluation régulières et des changements de posture qui soient en adéquation avec les compétences des élèves et pas seulement les exigences des établissements », souligne Benoit Skouratko.

 

Vers une relecture qui inclut
autoévaluation et coévaluation

Alors que le lycée s’engage à son tour dans ce changement de logique, un vaste chantier s’ouvre pour les équipes. « L’enjeu est décisif : il s’agit de faire advenir la personne, pas uniquement de produire de bons résultats au baccalauréat, en rendant les élèves capables de se connaitre, de se donner des stratégies pour mettre en œuvre les compétences abordées, de les compenser si besoin, et de réussir à s’adjoindre celles des autres », poursuit le responsable.

Cela nécessite de repenser en équipe la conception des périodes d’enseignement et d’apprentissage. « L’évaluation doit reposer sur un contrat didactique clair avec les élèves qui explicite les compétences préalables nécessaires et celles visées à l’issue de la période ; et qui établit des critères précis permettant aux jeunes d’identifier concrètement où ils se situent dans leurs acquisitions », précise Benoit Skouratko.

Le processus demande aussi de prendre du temps. Face à des calendriers d’épreuves et à des programmes qui imposent souvent une course contre la montre, l’évaluation appelle une mise à distance collective des impératifs et une distinction nécessaire dans les pratiques entre l’évaluation certificative de l’évaluation formative voire formatrice, dont les formats peuvent être très diversifiés (exemples ?) et qui permet un travail de construction de compétences et de réelle progression.

Il s’agit aussi d’embrasser bien plus large que le « savoir savant » : l’évaluation doit permettre d’intégrer pleinement dans les parcours de formation les compétences psychosociales. A cela s’adjoint une réflexion nécessaire au sein des équipes sur la façon d’appréhender l’oral, sa pratique et son évaluation, avec en ligne de mire la nouvelle épreuve du grand oral en fin d’année de terminale.

« Ce que réinterroge l’évaluation c’est la nature même de l’accompagnement », reprend Benoit Skouratko : pour aider les élèves à entrer dans une démarche réflexive sur leur parcours de formation, elle appelle à développer un travail d’explicitation et de relecture, comme c’est de plus en le cas déjà en classe de seconde avec le choix des enseignements de spécialité ; et à donner une place plus importante à l’autoévaluation voire à la coévaluation.

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