Mis à jour le : 24 octobre 2019 / Publié le : 3 octobre 2019

Conférence de presse de rentrée
de Philippe Delorme, secrétaire général
de l’Enseignement catholique

Philippe Delorme, nouveau secrétaire général de l'enseignement catholique a reçu les journalistes, ce jeudi 3 octobre 2019, pour sa première conférence de presse de rentrée.

S'inscrivant dans la continuité de son prédécesseur, Pascal Balmand, il a réaffirmé les orientations de l'Enseignement catholique en matière d'ouverture à tous et d'attention aux plus fragiles, se montrant très attaché à une École catholique inclusive et soucieuse de mixité.

Il est aussi revenu sur la mise en œuvre des réformes du lycée et de l'instruction obligatoire à trois ans.

Article par Sylvie Horguelin
et Virginie LERAY

'« L’accueil de tous n’est pas un slogan ! »

« L’entre-soi, n’est ni la solution ni notre vocation ! », a déclaré d’emblée Philippe Delorme dans sa conférence de presse de rentrée qui s’est tenue au Paris, rue Saint-Jacques le 3 octobre dernier. Devant un parterre de journalistes, il a rappelé que l’accueil de tous était « au cœur du projet de l’enseignement catholique dont la source est Jésus-Christ ». S’inscrivant dans la continuité de Pascal Balmand, son prédécesseur, Philippe Delorme entend poursuivre l’engagement en faveur de la mixité sociale et scolaire, qui s’appuie concrètement sur le Plan pour les réussites, propre à l’enseignement catholique.
Cette année 96 postes y ont été affectés : 17,5 pour les dispositifs d’aide aux élèves à besoins éducatifs particuliers ; 22 pour l’ouverture de classes ou d’établissements où la mixité sociale est importante ; 14 pour l’ouverture de classes ou dispositifs d’accueil de migrants (UPE2A…) ; 42,5 pour des ULIS. Depuis dix ans, ce sont 1 300 postes qui ont abondé ce plan. Reconduit chaque année, il pourrait se renforcer si l’enseignement catholique était associé à la politique de l’éducation prioritaire du ministère de l’Éducation nationale, « une idée à laquelle Jean-Michel Blanquer s’est déclaré favorable », a confié Philippe Delorme. L'Enseignement catholique, qui compte déjà de nombreux établissements accueillant un public relevant de l'éducation prioritaire pourrait ainsi accélérer le rythme de ses ouvertures dans des lieux de grande mixité sociale, comme en cette rentrée à Villejuif et Clichy-la-Garenne.

Ce dernier a aussi souligné « l’urgence humaine » de la scolarisation des mineurs non accompagnés (MNA), en signalant l’ouverture à la rentrée d’une plateforme de ressources sur le site de l’enseignement catholique pour outiller tous les établissements qui veulent se lancer dans cet accueil.

Coup de projecteur sur le pro

Les formations professionnelles, du CAP au bac+3 et le développement de l’apprentissage ne doivent pas être oubliés pour autant. Ils sont au contraire d'autant plus à valoriser qu'ils permettent justement à certains jeunes de reprendre confiance en eux et d'avancer vers l'avenir.

Deux actes forts sont posés à cette rentrée pour valoriser ces voies de réussite : la création de l’Agence Excellence pro qui a pour mission de développer ces formations dans l’enseignement catholique, et la tenue, les 12 et 13 mars prochains, à Paris, du premier Salon Excellence pro.

 

 

Pierre Marsollier, Yann Diraison, Philippe Delorme et Jérôme Brunet (de g. à dr.) © J. Bénardeau

 

La réforme du lycée bien accueillie

Beaucoup interrogé sur la mise en œuvre de la réforme du lycée, Philippe Delorme a déclaré que les échos du terrain étaient plutôt positifs, saluant « l’investissement considérable de l’ensemble des chefs d’établissement, enseignants et personnels – notamment en matière de conception des emplois du temps- qui permet que les élèves soient accueillis correctement ».

Ainsi, il se félicite que les établissements catholiques proposent entre 7 et 40 spécialités pour un total de 149 combinaisons possibles. Il note au passage que ce large éventail de choix a été rendu possible par le développement de la formation à distance mais aussi par d’intéressantes coopérations entre établissements, au sein de l’enseignement privé comme entre lycées publics et privés.

Autre aspect qu’il juge encourageant : une enquête interne à l’enseignement catholique (dont les résultats portent pour l’instant sur 50% des établissements) montre que la logique des filières est en partie cassée puisque seuls 38% des élèves ont opté pour une combinaison de spécialités exclusivement scientifique alors que 58% des lycéens de l’enseignement catholique suivaient une filière S l’an dernier.

Il a précisé que l’Enseignement catholique apporterait une vigilance particulière à la question de l’orientation et à l’usage des 54 heures qui y sont dédiées. Son souci: qu'au-delà des choix de filières et de spécialités cet accompagnement permettre à chaque jeune "de découvrir sa vocation, au sens large, et d’exercer sa liberté".

Concernant l’évaluation et l’organisation du contrôle continu, grande nouveauté de cette année, il s’est déclaré serein, son expérience comme chef d’établissement dans l’enseignement agricole lui ayant démontré que ce système pouvait fonctionner de manière fluide et contrôlée -lorsqu’un écart de notation important est constaté dans un établissement- ».

Philippe Delorme a déclaré comprendre que  tout changement puisse susciter « des inquiétudes et des questions », a fortiori « un dispositif nouveau et révolutionnaire – cette réforme étant l’une des plus grandes que les lycées aient connu depuis des années-»
Il a néanmoins plaidé pour prioriser l'installation de la réforme et le suivi attentif des élèves, avant d'en tirer le bilan.

Les forfaits perçus pour les maternelles

« Si les communes devaient accueillir les élèves des maternelles de l’enseignement catholique dans les écoles publiques, cela leur coûterait de toute façon plus cher » a lancé Philippe Delorme pour désamorcer les fantasmes alimentés par « le tas d’or » des forfaits qui seront perçus au titre de l’abaissement de la scolarité obligatoire. Il a aussi rappelé que la Cour des comptes soulignait régulièrement que la parité – gage du respect du principe de la gratuité de l’enseignement- était très rarement effective.

« Globalement le montant des compensations qui seront versées par l’État aux communes au titre de l’abaissement de la scolarité obligatoire sera de l’ordre de 50 millions » a-t-il indiqué, tout en précisant que le coût global de cette réforme – et notamment le reste à charge pour les communes- ne serait connu que d’ici deux à trois ans, et ce pour plusieurs raisons :

Tout d’abord, « cette estimation repose sur le coût moyen d’un élève dans le public, une moyenne qui cache de grandes disparités entre communes, certaines d’entre elles n’ayant d’ailleurs pas calculé précisément ce coût ».
Par ailleurs, si le conseil constitutionnel a  décidé que les communes qui versaient déjà un forfait aux maternelles de l’enseignement catholique ne recevraient aucune aide de l’Etat, le décret précisant les modalités d’application de ce mécanisme n’est pas encore paru.

D’ores et déjà, Philippe Delorme a assuré les communes qui seraient mises en difficulté que des possibilités d’étalement sur 2 à 3 ans seraient recherchées dans un climat « de confiance apaisée », l’enseignement catholique espérant ne pas avoir à recourir aux arbitrages préfectoraux.

Interrogé sur l’usage des nouveaux forfaits perçus, Philippe Delorme a fait valoir « qu’ils serviront en priorité l’accueil des plus fragiles- notamment les élèves en situation de handicap ». Ils permettront en outre de réaffecter les contributions des familles – parfois attribuées par nécessité à des frais de fonctionnement- à leur destination première : le caractère propre et l’entretien de l’immobilier.

 

Sur les classes de grande section à 24 élèves

Concernant la décision ministérielle de porter à 24 élèves maximum l’effectif des classes de grande section de maternelle, « l’Enseignement catholique s’inscrit dans cette dynamique mais le rythme de mise en application nous appartient. Elle sera nécessairement progressive  - comme dans le public, d’ailleurs. En lien avec notre plan pour les réussites, nous privilégierons les lieux accueillant un public plus en difficulté, à qui de petits effectifs seront plus profitables ». Pragmatique, l’Enseignement catholique devra aussi privilégier les lieux « où les locaux permettent cette configuration, « cette problématique immobilière étant aussi une problématique financière puisque cette charge repose entièrement sur les établissements et les familles » a rappelé Philippe Delorme.

« Les jeunes sont heureux si les adultes qui les accompagnent le sont »

Autre pour point d’attention en cette rentrée : les bonnes conditions d’exercice du métier des personnels. Deux mesures touchent les chefs d’établissement. Premièrement la mise en œuvre d’un statut unique pour les chefs d’établissement du 1er et 2nd degré, adopté par le Cnec en 2017. Il a pour conséquence d’améliorer la rémunération des responsables du primaire, quelle que soit la taille de l’établissement (+ 700 euros nets par mois). « Les petites écoles ne pouvant faire face à cette hausse seront aidées par les autres établissements, via des dispositifs de solidarité locaux. Lancée il y a deux ans, cette recherche de l’équité sera atteinte dans trois ans », a précisé Philippe Delorme. La deuxième mesure prévoit des temps de formation communs pour les chefs d’établissement du 1er et 2nd degrés.

Du côté des enseignants, le secrétaire général appelle de ses vœux une revalorisation salariale et une redéfinition de la structure même de la rémunération dans le cadre de la réforme des retraites. Dénonçant les écarts de salaires entre les suppléants du public et du privé (qui peuvent s’élever à 400 euros nets par mois en moins pour ces derniers), Philippe Delorme souhaite que le ministère comble ce différentiel, après un premier pas effectué il a deux ans. « C’est une question de justice ! », s’est-il exclamé avec vigueur.

Autre signe fort de l'engagement de l'enseignement catholique en faveur de la bientraitance éducative: le Programme de protection des publics fragiles (PPPF) qui entend lutter contre le harcèlement et toutes les formes de violences pouvant s'exercer à l'école, à l'encontre des jeunes comme des adultes. Depuis son lancement en 2018, ce programme ne cesse de s’enrichir de nouveaux documents et fiches aidant les équipes à répondre de manière concertée et cohérente à toute situation. résultat, 80 % des directions diocésaines sont désormais dotées d’un référent PPPF et des formations sont mises en place pour les chefs d’établissement à l’École des cadres missionnés (ECM) afin de diffuser cette culture de bientraitance.

© J. Bénardeau

 

Pour une écologie intégrale

Soucieux de mettre en œuvre les orientations votées par le Cnec en juin dernier qui invitent à vivre pleinement « la responsabilité en partage », Philippe Delorme a conclu sur la nécessité de prendre soin des personnes et de « notre maison commune ». Une façon de répondre au pape qui invite, dans son encyclique Laudato si’, à « une conversion des esprits et des cœurs » afin que le souci écologique ne soit pas dissocié de celui du développement des personnes et de la justice sociale.

Cette préoccupation – thème du congrès de l’Apel de juin prochain, est déjà au cœur du projet de nombreux diocèses et établissements, partout en France.

© J. Bénardeau

Une rentrée à effectifs constants

L’enseignement catholique enregistre une stabilité globale de ses effectifs en cette rentrée (avec 101 élèves de moins que l’an dernier), dans les établissements relevant de l’Éducation nationale.

La hausse régulière dans le 2nd degré (+ 9 500 élèves) ne compense pas, en effet, la baisse dans le 1er degré (- 9 600 élèves). Pour le secondaire, les collèges devraient enregistrer la plus forte augmentation (+ 6 000) et les formations professionnelles perdre environ 1 500 élèves, comme les années précédentes, ce que devrait confirmer l’enquête statistique de novembre prochain. Pour le 1er degré, la publication des chiffres du public permettra de savoir si cette diminution est due à la démographie.

Par ailleurs, dans les établissements qui relèvent du ministère de l’Agriculture, l’enseignement catholique perd environ 579 élèves, soit deux fois moins que l’an dernier. Enfin, l’enseignement supérieur (BTS, classes prépa, licences pro…) gagne 1 800 élèves.

Du côté des académies, les résultats sont contrastés : Bordeaux, Créteil, Lyon, Nice, Paris, Rouen, Strasbourg, Versailles et La Réunion voient leurs effectifs progresser tandis que Lille, Caen, Rennes, Clermont-Ferrand, la Guadeloupe et la Martinique enregistrent les pertes les plus fortes. À noter : depuis 2009, l’enseignement catholique a enregistré une hausse de 93 000 élèves.

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