EARS : un maillage densifié et sollicité

Les 77 référents diocésains en éducation affective relationnelle et sexuelle de l’Enseignement catholique ont fait état en cette rentrée, d’un réseau de proximité de plus en plus dynamique et sollicité. Un point positif malgré la déstabilisation générée par les questions de transidentités. La relance de la formation et la réécriture d’un texte d’orientation vont les accompagner cette année, au sein d’un pôle Education « nouvelle formule » où Nathalie Tretiakow, secrétaire générale adjointe et Joseph Herveau, chargé des dynamiques éducatives, animeront leur groupe, Josiane Hamy, chargée jusque-là de cette mission étant partie à la retraite.

Force est de constater que bien peu de lycéens ont pu bénéficier des 36 séances d’éducation affective et sexuelle théoriquement inscrites à leur cursus, de la grande section de maternelle au bac… Un récent rapport de l’inspection générale de l’éducation (IGESR) rappelle ce constat, récurrent. En réponse, une circulaire du ministre de l’Education Pape Ndiaye, publiée fin septembre, demande aux établissements d’inscrire ces questions dans tous les conseils d’école et les comités d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement avant la fin de l’année 2022. Il annonce la tenue d’une enquête nationale annuelle sur la mise en œuvre de cette éducation où l’Enseignement catholique est loin d’être en reste.

Ce dossier faisait justement l’objet d’une visio avec les 77 référents diocésains pour l’éducation affective relationnelle et sexuelle de l’Enseignement catholique le 11 octobre dernier. Cette rencontre virtuelle a permis de baliser les axes de travail de l’année à venir tout en l’inscrivant dans le paysage renouvelé du Pôle Education du Sgec, avec Joseph Herveau qui y coordonne les dynamiques éducatives et Nathalie Tretiakow, adjointe au secrétaire général. Le padlet rendant compte des échanges tenus en petits groupes, nourris, permettent de mesurer les grandes avancées obtenues sur l’EARS depuis 2015. Globalement, le caractère indispensable de cette éducation est reconnu de tous, même si les acteurs de terrain ont pointé leurs difficultés à accompagner les questions d’identité de genre qui émergent en nombre dans les établissements en cette rentrée, suite à la circulaire ministérielle invitant, à l’automne 2021, à mieux accompagner ces situations.

Dans les premiers territoires à s’être dotés de référents EARS, des dynamiques de réseau fructueuses de mettent en place, fruit d’un patient travail de long terme, comme a pu en attester Delphine Hermil à Nice : « Presque tous nos établissements ont aujourd’hui nommé localement des personnes ressources EARS, certains proposent des points d’écoute aux jeunes, et, surtout, les chefs d’établissement sollicitent de plus en plus d’interventions pour un travail ciblé avec leurs équipes ou la tenue de réunions d’information et de sensibilisation avec les parents. »

De bonnes pratiques d’essaimage d’une culture de l’EARS ont été soufflées à des référents ayant endossé leur mission plus récemment et rencontrant encore des difficultés à mobiliser sur ces sujets: insertion systématique d’un sujet EARS dans les newsletters diocésaines et les réunions de chefs d’établissement ; propositions de témoignages propres à bousculer et à convaincre de l’urgence d’intégrer l’EARS aux pratiques éducatives, ou encore mutualisations inter-diocèses. Dans la Région Rhône-Alpes, le travail inter-diocèses des référents EARS s’avère particulièrement riche : Des interventions EARS vont être faites dans les Isfec auprès des candidats à l’enseignement et un parcours de formation pour les enseignants et personnels éducatif a été co-élaboré. Sa première édition en novembre prochain (deux modules par an pendant deux ans) a recueilli 35 demandes d’inscriptions pour 22 places !

 

Appétance et implication des jeunes

« Il y a une véritable prise de conscience des enjeux cruciaux que portent ces questions qui d’ailleurs suscitent aussi l’appétence des jeunes », a confirmé Christine Chelle référente EARS à la DDEC Alsace. Ce à tel point que le comité diocésain des jeunes s’est doté d’une commission EARS dans l’objectif d’élaborer une plateforme ressources faite par et pour les jeunes sur ces questions : Une initiative saluée par Joseph Herveau qui ne manquera pas de suivre les productions des jeunes qui pourraient utilement nourrir et inspirer « le travail d’écriture d’un nouveau texte d’orientation devant prendre en compte les dernières évolutions sociétales et répondre aux besoins et questionnements de la jeunesse. » IL s’est aussi félicité de voir que l’articulation de l’EARS avec d’une part, le Programme de protection des publics fragiles (PPPF) et, d’autre part, la pastorale, était de mieux en mieux pensée et permettait d’éviter une confusion dommageable entre ces différents registres.

Concernant les interpellations reçues au sujet des problématiques de transidentité, Joseph Herveau a entendu « le cri de détresse des acteurs de terrain » mais a expliqué « la difficulté politique et théologique à arrêter un positionnement dans l’urgence ». Il a aussi pris acte des interrogations des participants autour du statut et des indemnités à définir pour les personnes ressources EARS dans les établissements, courroies de transmission précieuses pour la dynamique globale. Le souci de voir la veille législative assurée auparavant de manière très réactive par Josiane Hamy, ancienne responsables EARS du Sgec partie à la retraite a aussi été relayé. Pour mieux accompagner le réseau et son maillage qui se densifie tout en se retrouvant aux prises avec des questions de plus en plus vives et délicates, Nathalie Tretiakow a annoncé « la relance d’un programme de formation spécifique qui fera la part belle à des modalités coopératives, permettant la diffusion d’outils et de bonnes pratiques déjà expérimentées avec succès dans les territoires les plus avancés. »

Partagez cet article

>