EARS : lever les blocages

Le 29 mars dernier, à l’ECM, à Montrouge (92), s’est tenue la Journée des référents EARS (éducation affective, relationnelle et sexuelle) diocésains. Les participants ont notamment planché sur les blocages rencontrés dans les établissements.

Noémie Fossey-Sergent

« EARS en établissement : comment accompagner la communauté éducative ? » C’était le thème de la journée des référents EARS (éducation affective, relationnelle et sexuelle) diocésains organisée le 29 mars dernier dans les locaux de l’École des cadres missionnés, à Montrouge (92).

En prenant pour point de départ la préconisation de la loi de dispenser « une information et une éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d'au moins trois séances annuelles », Joseph Herveau, du pôle éducatif, pédagogique et pastoral du Sgec, qui animait la journée, a proposé d’identifier les enjeux et points de blocages à l’instauration de ces séances dans les établissements.

Pour cela, l’intervenante Maëlle Challan-Belval, conseillère conjugale et formatrice au sein de l’organisme Comytis, a fait travailler les participants (chargés de missions, chefs d’établissement, psychologues, adjoints de direction…). Grâce à un quiz portant sur des questions liées au fonctionnement du corps (est-il vrai que la fabrication d’un spermatozoïde dure 2 mois et demi ?), aux violences sexuelles sur les mineurs, à la consommation de vidéos pornographiques dans le monde…, les référents EARS ont pu mesurer parfois leur propre manque de connaissances sur ces sujets. « Les jeunes ont des lacunes abyssales sur ces questions, on est donc très légitimes dans la transmission d’informations aux élèves », a insisté la formatrice.

La formatrice a ensuite égrené à voix haute des questions posées par des élèves de 3e (comment s’attacher aux bonnes personnes ? L’amour est-il éternel ? C’est normal de ne pas être prêt à être en couple ? Doit-on sortir avec quelqu’un qu’on n’aime pas dans l’espoir d’apprendre à l’aimer ?), montrant à quel point les jeunes étaient demandeurs d’échanges et de réflexion sur la relation amoureuse autant que sur la sexualité.

« Il y a trois piliers sur lesquels s’appuyer dans les séances EARS, en a déduit la formatrice. Informer, d’abord, en transmettant des connaissances, du vocabulaire, des repères juridiques… C’est très important de savoir de quoi on parle avant de proposer le débat. Mettre en réflexion, ensuite, en prenant garde de ne pas le faire que sous le prisme de la peur, qui n’est pas toujours le meilleur moteur de discernement. Prévenir des risques, enfin. »

Rassurer et outiller...

Maëlle Challan-Belval a ensuite proposé aux participants d’identifier, en groupes, les points de blocage qui existent dans les établissements chez les jeunes, les parents et enfin les équipes éducatives à la mise en place de ces séances.

Parmi les inquiétudes des parents, les référents EARS ont cité « les contenus inadaptés », « les intervenants possiblement malveillants », d’autant plus dans un contexte post-Ciase où la parole de l’Église est prise avec méfiance. Mais aussi « la peur du message transmis à leur enfant, du décalage avec leurs croyances ou valeurs, du regard moralisateur, du réveil d’un secret ou d’une blessure familiale qui fait qu’on ne parle pas de sexualité dans la famille, du décalage de maturité entre les enfants, de la peur enfin que cela encourage les enfants à avoir des pratiques incitatives ».

Comment transformer ces peurs en leviers et rassurer les parents ? Les participants ont évoqué plusieurs pistes : organiser une rencontre avec les familles en amont pour informer de ces séances, proposer une journée Apel qui permettrait de répondre à leurs propres questions (du type : « Mes deux enfants de sexe différent et de tel âge peuvent-ils encore prendre leur bain ensemble ? »), demander un extrait n° 2 du casier judiciaire aux intervenants qu’on sollicite dans notre établissement…

L’après-midi a été consacré à la présentation et à l’expérimentation de différents outils, pour animer les séances EARS. Parmi lesquels : la malette « Au fil de la vie » du Sgec, le jeu « Amour et sexualité » et le « Jeu des besoins » de Comitys, l’outil « Travailler avec les parents » de l’Association familiale catholique et la collection « EnVie de grandir » de Médiaclap.

 

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