Des établissements acteurs de transformation

Maison des familles, fermes pédagogiques, patronages, espaces intergénérationnel, cantines partagées et accueil de séniors et de personnes en situation de handicap… des établissements précurseurs diversifient leurs activités À la clé : un élargissement de leurs missions éducatives, des services répondant aux besoins des territoires et du tissu économique local et de nouveaux modèles économiques, plus solides.

Des écoles de vie misent sur l’intergénérationnel

Pierre Lainé, président de l’Ogec du Bassin chartrain et des “écoles de vie”

Hervé Flichy, chef d'établissement du lycée Franz-Stock et Saint-Jacques-de-Compostelle

Jean-Marie Darras, vice-président des “écoles de vie”

À Chartres et sur la commune avoisinante de Mignières, des projets conjoints, inspirés par la dynamique Prospective de l’Enseignement catholique, sont en pleine germination. Ils sont nés d’un constat largement partagé sur le territoire : « Beaucoup de nos petites écoles disposent de réserves foncières mais éprouvent des difficultés à maintenir économiquement leurs structures. Elles gagneraient à être soutenues par le bénévolat des séniors, dont la pyramide des âges pose partout la question de l’accompagnement. L’idée est de mettre au point puis de partager une boîte à outils juridique et financière qui aide les établissements à diversifier leurs activités, en s’appuyant notamment sur la carte de l’intergénérationnel », explique Pierre Lainé, président de l’Ogec du Bassin chartrain, devenu depuis septembre Ogec du Bassin chartrain et des écoles de vies. En effet, l’école Saint-Ferdinand, basée en cœur de ville chartrain ainsi que le lycée agricole Franz Stock et le collège Saint-Jacques de Compostelle, tous deux situés à Mignères ont lancé en septembre dernière l’association des Ecoles de vies pour conduire un projet qui pourrait voir le jour à l’horizon 2027. Dans les deux cas, il s’agit de d’ouvrir les établissements à un nouveaux publics sans qu’ils ne perdent pour autant leur autonomie. Ainsi, l’école de Saint-Ferdinand a commencé à former son équipe à accueillir des seniors qui interviendraient en renfort bénévole sur la pause méridienne et pour de l’aide aux devoirs. A Mignières, surnommé la commune des 3000 pour ses 1000 habitants, 1000 salariés et 1000 apprenants répartis pour ces dernier dans le collège de Saint-Jacques de Compostelle et le lycée agricole privé Frantz Stock. L’internat, les filières de service à la personne et les 2 hectares de terrain de ce dernier pourraient servir à héberger un pôle petite enfance et un accueil pour personnes dépendantes qui offriraient un terrain d’apprentissage grandeur nature aux lycéens. Un projet qui répond si bien aux besoins de la commune que celle-ci est facilitatrice pour toutes les acquisitions foncières et démarches administratives requises. Les acteurs de ses projets prennent aussi modèle sur l’espace saint-Julien de Laval qui a ouvert, sur le site d’un ancien hôpital, propriété congréganiste, une résidence senior, une résidence étudiante, un accueil périscolaire, un internat de collégiens et lycéens scolarisés en ville, une micro-crèche, un café solidaire tenu notamment par des personnes en situation de handicap, ainsi qu’une maison de santé. Ou encore sur le « micro-village » édifié autour du lycée agricole des Buissonnets (lire ici). « Nous sommes convaincus que l’école a un rôle à jouer dans la restauration de liens durables dont notre société a besoin. Il s’agit de lutter contre l’individualisme ambiant, de s’ouvrir aux plus vulnérables et, ce faisant, de répondre aux attentes éducatives grandissantes des parents et à des défis comme la lutte contre le harcèlement, par exemple ».  Bref, il s’agit, comme y invite le pape François à travers son Pacte éducatif mondial, « d’ouvrir de nouveaux horizons » habités par l’hospitalité, la solidarité intergénérationnelle et la valeur de la transcendance.

Maire et chef d’établissement

André Larralde, chef d’établissement de l’institut Jean-Errecart et maire de Saint-Just-Ibarre (64)

Vincent Destais, Directeur diocésain des Pyrénées-Atlantiques

Il n’y a pas de place pour la politique politicienne dans les petites communes où c’est le bien du territoire qui sert de boussole à tout le monde ! C’est le cas notamment dans les vallons verdoyants du Pays basque, à Saint-Just-Ibarre. Fort de sa double casquette de maire et de chef d’établissement de l’institut Jean-Errecart basé sur sa commune, André Larralde administre naturellement le tout comme un écosystème interdépendant. Son lycée agricole comporte des classes de 4e et 3e, des filières générales et professionnelles, que complète un pôle post-bac doté de cinq BTS, dont un GPN (Gestion et protection de la nature) et d’un institut de soins infirmiers. « Non seulement, l’institut contribue au dynamisme démographique mais il s’adapte en permanence aux besoins du tissu économique local avec lequel il est en prise directe », affirme André Larralde.

Depuis vingt-cinq ans, une association assure également l’accompagnement des entreprises locales en les aidant à trouver des débouchés ou à recruter, en soutenant leurs efforts de communication et en créant du lien entre elles. Cette sorte d’incubateur local intègre évidement l’institut Jean-Errecart dans son action et conduit les entreprises à endosser un rôle éducatif : « Les entreprises accueillent nos élèves en stage, interviennent auprès des lycéens pour présenter leurs activités ou entraîner les jeunes à passer des entretiens d’embauche, les conseiller pour rédiger leurs CV… En contrepartie, chaque année, de nombreux projets sont menés par l’établissement avec la maison de retraite et des entreprises et associations locales, de manière à répondre aux besoins des uns et des autres », détaille André Larralde, fier du rayonnement conjoint de son village et de son lycée ! Pour Vincent Destais, le directeur diocésain, ce dynamisme, qui garantit le maintien de la présence d’Église dans la ruralité, est également un motif de grande satisfaction.

Campus François d’Assise

Stéphane Chassard-Guillard, Directeur diocésain de Bordeaux

Un bâtiment sur quatre niveaux et 9000 m2 consacré majoritairement  à éducation chrétienne a poussé, en quatre années, dans le nouveau quartier Euratlantique de Bordeaux, théâtre de la rénovation d’une ancienne friche industrielle. Ce campus est né du constat d’une sous-représentation de l’Enseignement catholique dans le paysage post-bac girondin et du souhait de regrouper sur un même site l’ensemble des services centraux de l’Enseignement catholique -DDEC, Apel, Udogec, Ugsel, Mutuelle Saint-Christophe, Formiris…

Le campus accueille donc un panel varié de formations supérieures dotées d’équipements innovants -fablab ou salles de co-working- et une résidence étudiante de 80 logements. S’y côtoient ainsi aujourd’hui les futurs enseignants de l’Isfec, les étudiants de l’école d’ingénieur Junia et de jeunes décrocheurs intégrés à l’école de la seconde chance administrée par l’Afept, émanation de de la Fondation Apprentis d’Auteuils. Une belle diversité de publics amenés à se croiser puisque la moitié des espaces intérieurs étant des lieux partagés, à l’image de l’atrium, vaste hall central où trône un amphithéâtre ouvert dont les conférences et spectacles peuvent ainsi profiter au plus grand nombre.

Un deuxième lot, en cours de livraison, devrait comporter des espaces sportifs et accueillir une annexe de la Catho de Toulouse.

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