Point d’étape sur la réforme du lycée pro

Un milliard d’euros supplémentaire, une carte des formations remaniée, des stages plus longs et indemnisés, une rémunération accrue pour les enseignants qui accepteront certaines missions de suivi des élèves et d’organisation, la réforme de la voie professionnelle suit son cours.
En ce premier trimestre les bureaux des entreprises ont ouvert dans les lycées pro où les chantiers de l’accompagnement à l’insertion professionnelle via le dispositif Avenir Pro et de la création de formations à bac + 1 vont aussi bon train.

Miser sur la bac + 1

Quelque 200 acteurs des lycées professionnels, des branches et fédérations professionnelles ou des entreprises ont été réunis le 18 octobre dernier à Paris par Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels pour réfléchir au développement de formations complémentaires en un an après un bac pro. Actuellement, seuls 4 000 jeunes – sur 160 000 élèves en terminale pro – suivent les mentions complémentaires proposées par l’Éducation nationale, qui seront rebaptisées « certificats de spécialisation » au 1er janvier 2025. Or, la réforme de la voie pro prévoit d’ouvrir 10 000 places en bac+1 l’an prochain et 20 000 en 2025. D’où l’idée d’inviter les entreprises à exprimer leurs besoins de recrutement et à élaborer avec les acteurs de lycées pro de nouvelles propositions de spécialisations. Celles-ci pourraient passer aussi par des titres professionnels du ministère du Travail qui se préparent par l’apprentissage ou des CQP (Certificats de qualification professionnelle) de branches, qui pourraient devenir éligibles à l’apprentissage. Pour encourager ces coopérations, un livret édité par le ministère du Travail liste les partenariats à bâtir entre établissements scolaires et monde de l’entreprise via des actions de découverte des métiers, la formation continue des enseignants de lycée pro… ou en sollicitant l’ouverture de spécialisations répondant à des difficultés de recrutement et aux besoins de secteurs en réindustrialisation ou transformation.

« Avenir Pro »

Le dispositif « Avenir Pro » a été mis en place en 2021, par l’Éducation nationale et Pôle emploi, afin d’accompagner les élèves des lycées professionnels dans leur recherche d’emploi ou la poursuite de formations en alternance.

Ce dispositif, qui a déjà profité à 8 500 élèves de CAP ou de bac pro de 340 lycées professionnels depuis 2021, est étendu cette année à 700 nouveaux établissements publics et privés sous contrat.

Il se présente sous la forme de trois modules de deux heures dispensées, à partir de janvier, par des prestataires sélectionnés par Pôle emploi et sera généralisé en 2024-2025.

Cette expérimentation est évaluée par une équipe de recherche de Sciences Po Paris qui mènera une enquête auprès de l’ensemble des élèves de dernière année de bac pro et CAP des lycées pro publics et privés sous contrat, qu’ils aient ou non bénéficié du dispositif.

Afin de permettre la participation des établissements privés à cette seconde phase, les secrétaires généraux de Caec se rapprocheront des équipes académiques chargées du pilotage d’Avenir Pro.

Bureau des entreprises

 

enseignement supérieur

Concernant la mise en œuvre du BDE, les établissements sous contrat disposent d’une large autonomie leur permettant d’adapter la configuration et le dimensionnement du bureau au contexte de l’établissement, à savoir les missions déjà accomplies par ailleurs et les moyens existants. Une circulaire du 24 mai 2023  rappelle qui la constitution des BDE se situe à la limite du périmètre de contractualisation des établissements et de la vie scolaire, où s’exerce pleinement l’autonomie éducative des établissements de l’Enseignement catholique.

Un courrier de la Direction des affaires financières adressé aux recteurs d’académie le 23 juin dernier précise les missions de ces BDE, leur mise en œuvre dans l’enseignement privé sous contrat et les possibilités de financement.

Concernant les moyens, il convient de rappeler les Bureau des entreprises en établissement privé sous contrat ne peuvent se constituer, comme dans le public, par préemption de personnel administratif (de l’Etat ou des collectivités) ou par l’embauche de contractuels de droit public.

Outre le Pacte, les modalités de financement envisageables pour le privé sont à trouver via la renégociation des conventions financières signées entre les établissements scolaires et les CFA pour les apprentis ou via la renégociation du forfait d’externat.

Il convient de préciser que cette revalorisation a posteriori du forfait d’externat, sur la base du surcoût lié à la mobilisation d’emplois pour l’enseignement public, semble peu opérationnelle car elle n’interviendrait que dans un délai de deux ans et ne pourrait que difficilement être fléchée spécifiquement sur les lycées professionnels.

Or, l’enjeu de la mise en œuvre du bureau des entreprises est important dans un contexte de nécessaire évolution des cartes de formation et du développement essentiel de la voie professionnelle. C’est pourquoi les établissements ont su faire preuve de créativité pour mettre en œuvre, dès la rentrée, un BDE adapté à la réalité de leur structure et de leurs moyens.

Il convient néanmoins de rappeler que la circulaire de mai n’est pas transposable en l’état au privé comme l’atteste le courrier de la Daf et que les sources de financement effectives des BDE dans le privé consistent à :

  • Mobiliser des moyens complémentaires via la renégociation des conditions financières des conventions signées avec les CFA, le BDE bénéficiant aux élèves, quel que soit leur statut
  • Utiliser tout ou partie des missions existant déjà au sein de l’établissement (DDFPT, personne dédiée…)
  • Recourir à la mission du pacte « Accompagnement vers l’emploi », dont l’objet rejoint les missions du BDE

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