Analyse de pratique pour les psychologues de l’Anpec

Pour répondre aux difficultés rencontrées par les équipes pédagogiques, 60 adhérents de l’Association nationale des psychologues de l’Enseignement catholique ont suivi une formation de trois jours à Calais pour mieux accompagner les adultes en milieu scolaire.

Coline Léger

Assis par deux, dos-à-dos, les psychologues décrivent à leur partenaire un dessin géométrique complexe, charge à ce dernier de le dessiner. Le résultat est rarement ressemblant au modèle. « Cela montre comment l’information que l’on donne comme évidente est interprétée différemment d’une personne à l’autre », souligne Eric Waroquet, formateur d’Epsilon Mélia, pour montrer le caractère indispensable de la reformulation. Près de soixante membres de l’Anpec (Assocation nationale des pyschologues de l’enseignement catholique) ont participé du 6 au 8 octobre dernier, à Calais, à un séminaire de trois jours sur l’accompagnement des adultes en milieu scolaire. Objectif : se former à l’analyse de pratique. « Cette session doit permettre aux psychologues d’animer des séances, au cours desquelles des professionnels présentent leurs difficultés devant des pairs. Il s’agit à la fois d’apprendre à lire ces situations et de faire émerger l’intelligence collective pour trouver des pistes de travail », explique le directeur d’Epsilon Mélia.

 

120 adhérents à l’Anpec

Pour cela, rien de tel que les mises en situation. « Quels cas de figure souhaiteriez-vous jouer ? », interroge le formateur. Tirées du vécu des participants, les propositions fusent : « Comment gérer les dissensions entre les parents d’un enfant autiste et les enseignants d’une Ulis ? Comment répondre à une demande de chef d’établissement lorsque l’on sent un conflit larvé avec l’équipe pédagogique ? Comment résoudre les difficultés de communication entre une direction et l’équipe d’Atsem ?... » Scindée en quatre groupes, l’assemblée met en scène ces propositions, avec l’aide d’Eric Waroquet, de deux comédiens et d’un autre formateur d’Epsilon Mélia. « Nous sommes de plus en plus sollicités pour des prises en charge collectives, d’où cette demande de formation, souligne Marie-Agnès Brethé, présidente de l’Anpec, qui compte 120 membres, sur environ 400 psychologues dans l’enseignement catholique. Mais l’analyse de pratique permet aussi de répondre aux problématiques individuelles, comme un enseignant confronté au comportement d’un élève difficile : au-delà de la situation familiale de l’élève, le groupe classe peut avoir une incidence. L’analyse de pratique permet alors de faire un pas de côté, pour envisager des solutions. »

La crise du coronavirus, vécue depuis le printemps dernier a bouleversé les habitudes et mis à rude épreuve le corps éducatif. Le conseil d’administration de l’Anpec a profité de ces trois jours de séminaire pour revenir sur cette période, en livrant, le temps d’une soirée, son « rapport d’étonnement », à partir des témoignages de ses adhérents. « De nouveaux liens, plus personnels se sont tissés avec les chefs d’établissement et les enseignants destabilisés dans leur quotidien, ce qui a favorisé l’expérimentation et les demandes d’accompagnement », a souligné l’une des membres du conseil d’administration de l’Anpec. Cette formation est venue à point nommé. D’un territoire à l’autre, les dispositifs mis en place et leur usage ont beaucoup varié : certains diocèses ont organisé des permanences d’écoutes téléphoniques, avec plus ou moins de succès, d’autres non. Pour ce qui est de l’association, la période a été particulièrement prolifique : « Nous ne nous sommes jamais autant réunis ! Alors que nous organisions trois à quatre réunions par an, nous avons échangé par visioconférence plusieurs fois par mois », se réjouit sa présidente. Ces échanges ont donné naissance à un travail d’écrits collaboratifs mené avec des instances et des associations nationales partenaires. Des liens forts se sont tissés, commme en témoigne la venue à Calais, pour écouter le rapport d’étonnement de l’Anpec, et livrer le leur, de François Holland, directeur de la DDEC d’Arras, qui représentaient les directeurs diocésains, d’Isabelle Brunier Coulin, de l’Apel, et de Cédric Guilleman, de l’Ugsel. Dans le droit fil des innovations issues du confinement, c’est le choix de la visioconférence qu’a retenu l’Anpec pour son Assemblée générale, prévue une semaine après le séminaire. Parmi les thèmes au programme : le souhait d’organiser une journée dédiée « au psychologue de l’éducation et à sa collaboration avec les différents acteurs de l’Enseignement catholique » (voir verbatim ci-contre). Au niveau national, les bases en sont posées. Reste à les affiner.

Marie-Agnès Brethée, présidente de l'ANpec entourée de ses vice-présidentes Katherine Vernier, (à g./DDEC Morbihan) et Laetitia Lefevre, (à dte./DDEC Lille). ©C.Léger

 

« En projet : une journée
du psychologue de l’éducation
et de ses partenaires »

Marie-Agnès Brethé,
présidente de l’Anpec

 

« L’Anpec rassemble 120 adhérents, sur un total estimé à 400 psychologues dans l’Enseignement catholique. Ce chiffre n’est qu’une estimation, nous n’avons pas de chiffre officiel, cela manque. Il s’agit beaucoup de temps partiels, nous se connaissons pas le nombre d’équivalent temps plein. D’un diocèse à l’autre, les situations varient beaucoup, certains n’ayant d’ailleurs pas de psychologues. Sur le terrain, les pratiques des psychologues de l’enseignement catholique et leurs liens avec les autres acteurs de l’éducation diffèrent également. C’est pourquoi nous avons à coeur d’organiser une journée du psychologue de l’éducation et de sa collobaration avec les différents acteurs de l’Enseignement catholique, pour renforcer la compréhension entre les différentes parties prenantes. Là où des liens sont déjà tissés au niveau local, entre les psychologues et leurs partenaires, les bénéfices sont grands. Pendant le confinement, nous nous sommes rapprochés d’autres acteurs de l’éducation, tels que le département Education du Sgec, l’Ugsel et l’Apel, pour produire des écrits collaboratifs. Nous aimerions que les diocèses s'en emparent pour que le partenariat entre les acteurs de l’Enseignement Catholique soit visible sur tous les territoires et pas uniquement au sein des organisations nationales. »

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