Mis à jour le : 19 février 2025 / Publié le : 19 février 2025

Mayotte : après le cyclone, l’éducation en état d’urgence

Deux mois après le cyclone de Chido, mi-décembre, Mayotte a fait une rentrée scolaire difficile, à partir de la fi n janvier, avec 30 % des établissements scolaires très endommagés ou détruits. Parmi eux, ceux de la Fondation Apprentis d’Auteuil, qui lance un appel aux dons.

Photo de groupe 2 - LEA (1)

« Tous nos enseignants étaient là pour les élèves. C’était un moment très beau, avec une belle énergie, qui a fait du bien à tous, le moral restant très éprouvé », raconte Gwenola Coulange, directrice d’Apprentis d’Auteuil-Mayotte. Ce n’est que le 3 février dernier que le lycée d’enseignement adapté L’Espérance, situé à Mamoudzou, le chef-lieu mahorais, a pu faire sa rentrée. Avec trois semaines de retard. Au vu des ravages causés par le cyclone Chido à la mi-décembre, c’est un premier soulagement pour cet établissement géré par Apprentis d’Auteuil. Surtout, sur un effectif de 215 élèves, seuls une quarantaine manquaient à l’appel, car repartis aux Comores, déplacés ailleurs sur l’île ou réaspirés dans l’économie de survie de Mayotte, peuplé pour moitié d’immigrés clandestins vivant dans un dénuement extrême.

« La soif et la faim, des problématiques habituelles pour les Mahorais, sont exacerbées, malgré l’aide humanitaire dont on appréhende l’arrêt prochain »

Mais la reprise scolaire n’a rien d’un retour à la normale. Mayotte reste envahi de décombres. « Le lycée fonctionne sans son second étage, dont la toiture a été arrachée. Il ne redeviendra opérationnel que dans deux mois. Pire, la soif et la faim, des problématiques habituelles pour les Mahorais, sont exacerbées, malgré l’aide humanitaire dont on appréhende l’arrêt prochain », décrit Gwenola Coulange. Autre coup dur : le petit internat, qui hébergeait une trentaine de jeunes lycéennes de L’Espérance, est également à reconstruire, tandis que l’école maternelle, inaugurée cet été dans une zone de « bangas » (bidonvilles), ne pourra pas rouvrir : « Elle était dotée de quatre postes. Deux d’entre eux vont venir renforcer l’équipe du lycée et les deux autres sont mis à disposition de l’enseignement public, qui manque de professeurs », explique Philippe Brault, directeur diocésain de La Réunion, qui a rencontré le recteur de l’archipel sur place, début février.

À la prochaine rentrée, ces deux postes devraient être repositionnés sur un dispositif d’enseignement mobile, sur le modèle des camions-écoles utilisés auprès des communautés des gens du voyage. Une solution onéreuse mais adaptée à la précarité du public mahorais : « Nous étudions, comme le rectorat, des partenariats avec l’association Bibliothèques sans frontières, qui propose des véhicules équipés d’outils pédagogiques et informatiques. Cela de développerait encore notre activité “d’aller vers ” », espère Gwenola Coulange, préoccupée par la casse sociale et éducative générée par Chido. Le système scolaire, saturé, n'accueillait déjà les élèves qu’en rotation à la demi-journée pour scolariser un maximum de jeunes. Aujourd’hui, 30 % des établissements de l’île sont endommagés ou détruits… alors que les besoins socio-éducatifs sont accrus par la catastrophe.

Appel à solidarité

« La reconstruction de Mayotte sera longue. Il faudra soutenir sur le long terme les jeunes et leurs familles, traumatisés par ce sinistre, rebâtir nos établissements et accompagner les équipes qui traversent cette crise », témoigne Jean-Baptiste de Chatillon, directeur général d'Apprentis d'Auteuil pour inciter à répondre à l’appel aux dons lancé en faveur de Mayotte.

Au-delà des structures scolaires, 200 éducateurs d’Apprentis d’Auteuil accompagnent en effet à l’année quelque 4 000 jeunes entre 11 et 25 ans : accueils de jour, maraudes, alphabétisation et activités de prévention. Alors que les travaux et les Algéco promis n’arrivent pas, les rayonnages des magasins restent vides, la population glisse de la tristesse à une colère nourrie d’un profond sentiment d’abandon. L’urgence est donc d’aider et de rétablir le lien.

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