Dans les interstices de la psyché

Claire Messager a passé le relais à Maris-Agnès Brethé, à la tête de l’association des psychologues de l’enseignement catholique, lors de leur session annuelle qui s’est tenue du 19 au 22 septembre, à Nouan-le-Fuselier sur le thème de « l’inter-dit de penser ». L’occasion aussi d’échanger sur leur pratique et de questionner leur rôle d’interface et de reliance.

L’  « Inter » dit de penser. C’est le beau sujet de réflexion proposé à la session d’étude annuelle de l’association nationale des psychologues de l’enseignement catholique (Anpec) par la délégation de la Région Centre. Du 19 au 22 septembre, elle a réuni une soixantaine de psychologues de l’éducation à Nouan-le-Fuselier. Il a bien sûr été question des facteurs psycho-affectifs inhibant les apprentissages, mais aussi des limites qui autorisent le refoulement et l’accès aux savoirs ainsi que tout ce qui se joue dans les interstices du langage ou de la psyché. Un panel d’intervenants varié a permis de croiser des approches psychanalytiques, cognitives et même philosophiques.

 

Autant d’interventions stimulantes, ponctuées par le refrain de France Gall « Débranche ! », jingle adapté à l’ambiance conviviale de ce temps annuel de ressourcement toujours très attendu : « Nous travaillons en établissement ou dans les directions diocésaines, au sein d’équipes de tailles variables ou bien de manière isolée, selon des modalités très diverses, d’un territoire à l’autre… C’est pourquoi les membres de l’Anpec sont très attachés à cette occasion de partage d’expériences », explique Marie-Agnès Brethé, nouvelle présidente de l’Anpec. En succédant à Claire Messager qui achevait un mandat de cinq ans, cette psychologue de l’inter-diocèse Berry-Loiret, ancienne membre du bureau, entend tout d’abord relever le défi de pérenniser ce temps de formation de qualité, qui vient utilement nourrir les pratiques.

 

Le psychopédagogue Serge Boimare a par exemple détaillé comment restaurer la transmission qui fait défaut aux « enfants empêchés de penser » à propos desquels les enseignants sollicitent toujours davantage l’éclairage des psychologues.

Alors que la question de l’accueil d’enfants migrants se pose également de manière de plus en plus prégnante, l’exposé de Marie-Rose Moro, chef de file de la clinique transculturelle en France, sur les moyens de transformer la potentielle fragilité du métissage en richesse profitable à tous, a également suscité un grand intérêt. Ce d’autant plus que le « Plan d’action en faveur du bien être et de la santé des jeunes », qu’elle a remis en novembre 2016 à la présidence de la République insistait sur l’importance du rôle des psychologues en milieu scolaires. Importance d’ailleurs confirmée, dans l’enseignement public, par la récente refonte du statut des psychologues de l’éducation nationale.

 

À Nantes, Nathalie Allain, de la DDEC 44 atteste ainsi de l’ampleur croissante des missions confiées à son service, fort d’une quinzaine de psychologues: « Nous organisons des points d’écoute dans tous les établissements qui en font la demande, nous jouons un rôle important en matière d’école inclusive comme pour l’accueil des jeunes migrants et nombres de responsables font appel à notre expertise en matière de médiation, de règlement de conflit, d’aide au discernement ».
Pour autant, Florence Nicot, membre du bureau de l’Anpec travaillant dans un établissement parisien, regrette que la reconnaissance de la plus-value des psychologue de l’éducation soit inégale sur le territoire : «  Nous sommes sollicités en cas de gestion de crise mais pas associé, faute d’être en effectifs suffisants, à des politique de prévention qui seraient menées en amont… »

 

Pleinement conscient des enjeux en terme de climat scolaire, pour les élèves comme les personnels, Jérôme Brunet, adjoint au secrétaire général de l’enseignement catholique a salué « la richesse d’une posture professionnelle particulière, au croisement de ce que vivent les enfants, les parents et les équipes ». Un rôle d’interface précieux également souligné par Martine Carré, représentante de l’Apel, « soutien inconditionnel des psychologue de l’Éducation ».

Jérôme Brunet a conclu que « si la définition réglementaire d’un statut mieux ajusté relevait des instances concernées, le Sgec, à sa mesure, travaille en lien étroit avec l’Anpec et certaines DDEC pour valoriser la participation des psychologues aux travaux et réflexions en cours, sur les difficultés de comportement, sur la prise en charge des personnes fragiles –dont les victimes de pédophilie ou encore sur l’éducation affective relationnelle et sexuelle. » Autant de chantiers aussi sensibles qu’essentiels.

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