Publié le : 25 septembre 2025
Ce qui se cache derrière le TDAH
Didier Chaulet, psychomotricien a donné des éléments de compréhension des élèves TDAH aux psychologues de l’Anpec, réunis pour leur session annuelle, les 16, 17 et 18 septembre derniers, à Chevilly-Larue, en banlieue parisienne.

Comment gérer les élèves TDAH (Troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité) ? La question est souvent au centre des préoccupations des enseignants, tant leur comportement, caractérisé par le triptyque trouble attentionnel-impulsivité-hyperactivité, peut être déboussolant.
Invité à la session annuelle de l’Anpec (Association nationale des psychologues de l’Enseignement catholique), le 16 septembre dernier, à Chevilly-Larue (94), le psychomotricien Didier Chaulet a donné des éléments pour aider les psychologues à guider les enseignants dans leur accompagnement de ces élèves dont le comportement, a-t-il rappelé, n’est jamais volontaire.
Le TDAH, dont le diagnostic ne peut se faire avant l’âge de 6 ou 7 ans, est en hausse ces dernières années, résulte d’un déficit au niveau des neurotransmetteurs, qui entraîne un seuil de vigilance plus bas que pour les autres enfants.
« L’agitation de l’enfant serait pour lui une façon de se tenir en éveil », explique Didier Chaulet. Plus précisément, ce besoin de rechercher les stimulis externes pose la question de l’accès de ces enfants à leur monde intérieur. « On observe chez ces jeunes une carence des processus de mentalisation. Ils manquent de représentations psychiques suffisamment riches pour s’y poser. »
Pour ces derniers, l’immobilité est ainsi vécue comme dévitalisante, voire mortifère. « Bouger, titiller l’autre est pour eux un moyen de se sentir exister et le corps ne fait qu’exprimer un chaos intérieur », appuie Didier Chaulet, qui souligne que ces enfants sont d’ailleurs souvent friands de manèges ou de balançoires, pour le mouvement et le contenant qu’ils leur offrent et, paradoxalement, le répit et le calme qu’ils y trouvent.
À la différence de leurs camarades qui parviennent à se recentrer sur eux, lors d’un rappel à l’ordre de l’enseignant, en coupant mentalement avec l’environnement extérieur, les élèves TDAH peinent à rentrer en eux pour retrouver le calme. Le psychique n’est pas pour eux un espace de ressourcement, « l’autre est une bouée de sauvetage », observe le professionnel pour qui ce défaut d’intériorité pourrait aller de pair avec des histoires personnelles marquées par des ruptures familiales, ou des disparitions ou à l’indisponibilité des parents.
Comment faire alors ? « Il faut soutenir chez ces enfants leur capacité à être seuls et à être bien seuls », encourage Didier Chaulet, qui plaide pour une approche psychodynamique et comportementale du trouble plutôt qu’à sa médication. Cela passe notamment par une bonne distance relationnelle à trouver avec eux, ni trop loin au risque qu’ils se sentent abandonnés, ni trop près pour ne pas faire intrusion dans leur espace. Pour les jeunes TDAH qui ont du mal avec la relation directe, le jeu est un outil intéressant. Il permet d’ouvrir le dialogue avec eux, en prenant soin de définir quel pion représente qui. Dans la lignée du psychopédagogue Serge Boimare, Didier Chaulet recommande aussi de travailler autour des récits mythologiques avec ces enfants, car leur pouvoir symbolique peut les aider à nourrir leur imaginaire et à mettre en ordre leurs représentations psychiques. Ces récits agissent comme des médiums pour aborder des thèmes universels tels que le courage, la peur tout en évitant l’aspect direct des apprentissages scolaires classiques. Ils permettent aux enfants de s'identifier aux personnages, de voir leurs propres émotions reflétées dans des récits symboliques, et de traiter leurs angoisses de manière détournée.