Mis à jour le : 2 décembre 2021 / Publié le : 23 septembre 2021
Education prioritaire: Enfin ré-associés!
Il n’est pas d’équité sans fraternité, ni de fraternité sans équité. C’est le message adressé par Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique aux journalistes lors de sa conférence de presse de rentrée qu’il a tenue au Sgec le 23 septembre.
Il a ainsi réaffirmé l’engagement continu de l’Enseignement catholique en faveur de la réussite de tous les élèves. Engagement enfin à nouveau reconnu, puisque l'Enseignement catholique se voit ré-associé, en cette rentrée, à l'expérimentation en cours dans ce domaine.
Philippe Delorme s’est félicité de l’évolution de l’éducation prioritaire qui prend en compte désormais « des contextes locaux d’établissements et pas seulement ceux des territoires fragilisés ». Depuis la rentrée de septembre, l’enseignement catholique est à nouveau associé à cette politique. « Je remercie le ministre de nous avoir entendus », a déclaré le secrétaire général.
Six établissements catholiques participent à l’expérimentation lancée par le secrétariat d’État chargé de l’éducation prioritaire, dans le cadre des CLA (contrats locaux d’accompagnement), signés entre les rectorats et les établissements. Ces contrats allouent des moyens supplémentaires pour des projets spécifiques à des établissements qui répondent aux critères nouveaux de l’éducation prioritaire.
Cette expérimentation se déroule dans trois académies : Aix-Marseille, Lille et Nantes. Les établissements privés sélectionnés sont : les ensembles scolaires Saint-Joseph-Viala et Saint-Mauront à Marseille, le collège Saint-Benoît–Maupertuis au Mans, le collège Saint-Jacques-de-Compostelle à Nantes, le collège La Salle – Sainte-Marie et le lycée Saint-Martin à Roubaix.
Les critères selon lesquels ces établissements ont été sélectionnés sont les mêmes que pour le public, à savoir, l’indice socio-professionnel de la population scolaire, le taux de boursier, à l’exception du turn over des équipes pédagogiques qui, dans l’Enseignement catholique est bien moindre que dans le public.
Le panel d’actions engagées est très large et amené à évoluer. Il va de la maîtrise des émotions à des dispositifs de remédiation choisie, des modules d’entraînement à l’oralité ou des initiatives visant à renforcer le lien aux familles.
Les effets de cette politique seront très régulièrement évalués.
Mixité sociale et scolaire
Par ailleurs, l’enseignement catholique poursuit les actions mises en place dans les Établissements à moyens éducatifs renforcés (Emer) en faveur de la mixité sociale et scolaire. En outre, il continue d’introduire l’IPS (indice de position sociale) pour répartir ses moyens d’enseignement entre les territoires. Ainsi, a-t-il affecté cette année 100 emplois à son Plan de Réussite éducative qui redéploie en interne des postes à des établissements conduisant des projets en faveur de l’accueil de tous. Depuis 2008, 1 495 emplois ont ainsi été fléchés.
Pour prendre au mieux en compte la diversité de la jeunesse à former, l'Enseignement catholique développe aussi l'apprentissage et s'emploie à revaloriser les filières professionnelles, par le biais d'une prochaine plateforme en ligne. À noter qu'une nouvelle formation sur l'accompagnement à l'orientation démarre en novembre pour plusieurs centaines d'éducateurs – enseignants, parents ou personnels éducatifs – visant à leur faire découvrir la richesse et la diversité de ces filières souvent méconnues et ainsi ouvrir les possibilités de formation des jeunes dont ils s'occupent.
Intégralité de la conférence de presse (en replay)
Lire aussi
Un collège privé au chevet des quartiers sensibles du Mans
Le Figaro – Aude Bariéty
Publié le 17/10/21
REPORTAGE
Les contrats locaux d’accompagnement (CLA) ont été lancés à la rentrée scolaire de septembre 2021 dans trois académies: Lille, Nantes et Aix-Marseille pour réformer l'éducation prioritaire.
L'établissement catholique Saint-Benoît-Maupertuis, au Mans, dont près de la moitié des élèves sont boursiers, bénéficie de moyens supplémentaires dans le cadre d’une mesure test.
«L'Enseignement catholique, ce ne sont pas que des familles bobos dans des établissements en pierre de taille!» Difficile de classer le groupe scolaire manceau Saint-Benoît-Maupertuis dans cette catégorie. 49,58 % de boursiers, 43 % d’élèves issus des quartiers est de la ville, considérés comme «sensibles», et 30 % d’élèves «en difficulté dans les apprentissages», selon une estimation de la direction: le collège Saint-Benoît fait face à des défis de taille. Après avoir réclamé de l’aide pendant des années, l’établissement a signé en ce début d’année scolaire un contrat local d’accompagnement (CLA) avec le rectorat de Nantes, dans le cadre d’une expérimentation menée dans trois académies. En tout, six établissements de l’enseignement catholique ont été sélectionnés. Fort de moyens financiers supplémentaires accordés pour trois ans, le directeur de Saint-Benoît, Jean-François Chauvin, salue «une bouffée d’oxygène» qui lui a permis de mettre en place plusieurs mesures très concrètes «dont (il) voit déjà les effets».
Première innovation: des séances hebdomadaires «coups de pouce» en français et mathématiques. En ce lundi, Stéphanie Hubert, professeur de lettres, anime une séance pour des élèves de sixième. «On est là parce que la dernière évaluation finale n’a pas été très réussie. L’objectif, c’est de comprendre vos erreurs pour ne pas les refaire, et d’avoir plus confiance en vous», lance la trentenaire à Yanis, Ilyès, Rihab, Camélia et Maïssa. Sérieux, concentrés, les cinq élèves répondent à chaque question du contrôle à l’aide de leur enseignante, qui insiste sur la méthodologie. «C’est bien d’être pas beaucoup, car la prof a le temps de nous expliquer», commente Yanis. «Pour se concentrer, c’est mieux qu’en classe, parce qu’il y a moins de bruit», abonde Camélia. Les professeurs sont enthousiastes. «La meilleure récompense, c’est quand les élèves nous disent qu’ils ont mieux compris», sourit Stéphanie Hubert. «On a l’impression d’être utiles, de donner une chance supplémentaire aux élèves», complète sa collègue Amel Aounti.
Saint-Benoît a aussi mis en place des temps d’aide aux devoirs le soir, une préparation au brevet pendant les vacances, des ateliers de confiance en soi animés par une kinésiologue, une formation aux premiers secours pour les troisièmes. Le directeur a embauché une personne à mi-temps, en renfort des équipes de vie scolaire. «Elle prend en charge des élèves exclus de cours pour des problèmes de comportement. Elle assure un suivi scolaire, les écoute, fait en sorte de les ramener rapidement vers leur classe pour éviter tout décrochage», explique Marie Giraud, responsable de la vie scolaire. L’établissement souhaite renforcer le lien avec les familles par le biais d’ateliers de parents le soir, avec une formation aux outils en ligne permettant de suivre les retards, absences, résultats des élèves. Un défi numérique et linguistique, de nombreux parents ne parlant pas français.
«Une attention à chaque jeune»
«Le lien avec les parents est essentiel. Ces familles, modestes dans leur grande majorité, souvent issues de l’immigration récente, nous confient leurs enfants avec l’espoir qu’on puisse leur donner des valeurs, les faire grandir, leur offrir un avenir meilleur. On essaie d’apporter une attention à chaque jeune», insiste le directeur, qui reçoit au moins une fois par an chacun des 250 élèves avec son professeur principal pour «faire le bilan». Christelle, mère d’un adolescent de 13 ans scolarisé en quatrième et qui cumule les difficultés, apprécie cet accompagnement. «J’ai décidé de mettre Maël à Saint-Benoît pour le cadre qu’offre l’établissement. Dans le public dont nous dépendons, je pense que je l’aurais perdu… L’avantage, c’est que c’est un petit collège. Les professeurs cherchent à connaître l’histoire de chaque élève, et je trouve ça très bien. Mon angoisse, c’était que Maël finisse par être renvoyé, mais toute l’équipe se bat pour lui, tout le monde veut l’aider à s’en sortir.» Séances «coups de pouce», aide aux devoirs, ateliers «confiance en soi», renfort en vie scolaire: le jeune garçon bénéficie de quatre des mesures mises en place dans le cadre du CLA. Autant de dispositifs qui seront évalués au cours de l’année.