Publié le : 18 novembre 2025
Retrouvez-nous au Salon des maires 2025
Du 18 au 20 novembre 2025, l'Enseignement catholique est présent au Salon des maires. Trois jours d'échanges avec des acteurs et actrices du terrain, qui font vivre au quotidien les valeurs de l'Enseignement catholique sur tout le territoire. Un temps fort pour comprendre le rôle et la place de l'école catholique dans nos villes.
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Et retrouvez ci-dessous les replays des premières tables rondes!
Confiance. Voilà le mot qu’il faudra retenir de l’allocution de Guillaume Prévost en clôture de cette première journée du Salon des maires. Une confiance dans le regard porté sur l’enfant, dans la façon de concevoir l’avenir et dans la relation avec autrui. Un mot qui donne le cap, pour le nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique : « Comment voulez-vous éduquer un enfant si votre regard est plein de défiance. Il faut lui dire : « la vie est merveilleuse ». Un message au cœur du projet éducatif chrétien, qui signifie « tu as un prix infini à mes yeux »
Concernant la mission qui lui est conférée, Guillaume Prévost en appelle à l’action collective et locale. « La réponse à la question des problématiques éducatives ne viendra pas d’en haut. Quelle immense opportunité de nous retrousser les manches, d’aller sur le terrain. L’enjeu aujourd’hui c’est comment on fait émerger un service public local de l’éducation avec les villes, les collectivités, la vie associative. Le pouvoir est un peu verrouillé, profitons-en ».
Le nouveau Secrétaire Général concède que la situation est délicate : « Nos établissements, nos personnels sont en tension, beaucoup de familles ont des difficultés… est-ce qu’il convient de s’accuser mutuellement de cette situation ? Non il ne faut pas céder à la tentation mortifère de la défiance mais s’entraider pour faire face ensemble. Partir à la rencontre de la jeunesse de ses besoins. Soutenir les enseignants, S’ouvrir aux plus vulnérables…
L’ouverture aux autres ne doit pas être un vain mot pour le secrétaire général qui a conclu : « Allons y sortons de nos murs, frappons à la porte des mairies des asso, des crèches protection de l’enfance, puisque ns sommes animés de cette immense confiance que ns donne notre foi, portons-la ».
La laïcité comme art de vivre ensemble
Monseigneur Matthieu Rougé,
spécialiste en théologie politique et Président du conseil épiscopal de l’Enseignement catholique
L'École souffre d'un manque d'autonomie et de responsabilisation
Christophe Kerrero, ancien recteur de Paris
Auteur de L'école n'a pas dit son dernier mot -
Le coup de gueule d'un recteur qui refuse de baisser les bras
Robert Laffont, mars 2025
Désavoué, il ne désarme pas. Christophe Kerrero, ancien recteur de l’académie de Paris a démissionné en 2004, lorsque Amélie Oudea-Castera, éphémère ministre de l’Éducation, avait remis en cause son travail pour la mixité sociale, l’égalité des chances dans une académie les plus ségréguée de France.
Publié au printemps dernier, son livre manifeste incite à reconsidérer le contrat social dans son ensemble pour mieux réinventer le système éducatif : « Les héritages de la Libération semble en fin de course dans de nombreux domaines comme la santé, l’école… Les pansements sur les rustines ne suffisent plus. En matière de démocratie, comme d’éducation, les Français aspirent à davantage de proximité, des modèles moins hiérarchiques qui aident à en finir avec le déterminisme social. L’école souffre d’hypercentralisation. Ses acteurs souffrent d’un manque d’autonomie et de responsabilisation."
Ces nécessaire transformations requièrent de renouer avec une vision politique de long terme qui puisse rejoindre le temps éducatif. Autre évolution urgente, selon l’ancien recteur : «lancer une véritable politique de ressources humaines qui inclue une solide formation continue, quasiment inexistante dans le second degré alors qu'à titre de comparaison les enseignants à Singapour bénéficient d'une centaine d’heure de formation annuelle !!!»
Quant aux acteurs de l’Enseignement catholique, Christophe Kerrero les a encouragés à «ne pas perdre leur âme en cédant à une logique de marché et d’entre soi » pour rester ce que lui-même a connu : un établissement qui a remis en selle le collégien en difficulté qu’il était dans le public ... et l’a mené jusqu’à l’agreg de Lettres !
Le goût des religions
Chystèle Beaumont,
directrice de l’école Fénelon Vaujours (93)
Du collectif pour valoriser le métier d'enseignant
Nathalie Tretiakow, Secrétaire générale adjointe
Xavier MANCEL, Chef d’établissement de Françoise Cabrini
Christian Jacquemin, Directeur Régional Nord-Ouest chez Apprentis d'Auteuil
« Est-ce qu’on va arrêter de dire que les enseignants ne font rien et sont toujours en vacances pour enfin reconnaitre leur place essentielle dans notre société ? » regrette Christian Jacquemin, Directeur Régional Nord-Ouest chez Apprentis d'Auteuil lors de cette dernière table ronde de la matinée du 18 novembre.
Invité à débattre au sujet de la condition enseignante avec Nathalie Tretiakow, Secrétaire générale adjointe de l’Enseignement catholique et Xavier Mancel, Chef d’établissement de l’ensemble scolaire de Françoise Cabrini, à Noisy-le-Grand (93), il se désole de la dépréciation de l’image des enseignants depuis cent ans : « Auparavant, ils avaient une place singulière et tout le monde reconnaissait leur valeur. Aujourd’hui on les réduits à un nombre d’heures et aux vacances. C’est dommageable pour eux et pour les jeunes. »
Même son de cloche du côté de Xavier Mancel qui déplore un profond manque de reconnaissance, couplé à un sentiment d’isolement propre à la profession : « quand j’entre dans ma classe, je suis seul face à mes élèves, au sens propre. C’est le cœur de mon métier, donc la culture professionnelle de l’enseignant s’est construite sur cette idée. Il est grand temps de construire du collectif dans nos établissements, que ce soit par les dynamiques de formation entre pairs, ou encore par la création de temps de convivialité… ». Au-delà du collectif, l’intervenant souligne l’importance de soutenir les enseignants qui, souvent confrontés à des situations sensibles, que ce soit par la lourdeur administrative ou dans la relation avec les parents d’élèves, « les tensions sont réelles pour beaucoup d’enseignants. C’est au chef d’établissement de les gérer, d’accueillir les parents et de leur rappeler que tout n’est pas possible. Il est primordial que les chefs d'établissement confortent les enseignants ».
Une idée que partage Nathalie Tretiakow, « le cœur du métier d’enseignant, ce ne sont pas juste des tâches, ce sont d’abord des relations, avec les jeunes notamment, dont il nous faut garantir la qualité. Mettre au centre la condition enseignante c’est prendre soin des adultes pour qu’ils s’occupent bien des enfants. »
Quand les moyens alloués par l’État sont insuffisants, restent les formations ou les initiatives, comme le café des parents pour renforcer les liens dans la communauté éducative, ramener de la joie dans l’école et y réinclure les parents. Pour Xavier Mancel, l'un des leviers pour améliorer la condition enseignante est de créer « les conditions d’un collectif qui permet de s’entraider de s’apporter de créer de la relation, de la joie, convivialité », tandis que Nathalie Tretiakow insiste sur le sentiment d'appartenance qu'il faut renforcer, mais surtout, conclut Christian Jacquemin : « il ne faut pas négliger la responsabilité de l'État sur le sujet pour réévaluer les rémunérations ».
Pour un lycée pro vecteur d’égalité des chances
Dylan AYISSI, directeur général de Une voie pour tous
Franck Talleu, délégué général de l'Enseigenment catholique pour la formation professionnelle
Christophe Gautier-Bernard, Chef d’établissement, du lycée l'Initiatives (75019)
« Plus de 50% des élèves de lycée pro déclarent avoir subi leur orientation. Or une orientation non choisie risque de fracturer le rapport des jeunes à la société et au travail . » L’analyse de Dylan Ayissi, jeune directeur général du collectif Une voie pour tous qui milite pour redonner leurs lettres de noblesses aux filières pro, dont il est lui-même issu.
« Elles constituent en effet, notamment avec l’apprentissage, de véritables moteurs de l’ascenseur social », confirme Christophe Gautier-Bernard, chef d’établissement de l’Initiative, lycée catholique du 19e arrondissement de Paris. Il a choisi l’Enseignement catholique pour la liberté qu’il permet et ses possibilités d’adapter le système aux jeunes plutôt que de les faire souffrir. « IL y a deux ans, j’ai créé une passerelle entre les classes de 3e et de 2nde pour éviter les orientations subies vers le lycée pro. L’an dernier sur 23 élèves, tous ont repris leurs études sauf une élève qui a décroché… »
Franck Talleu a salué cette manière de « prendre le temps de rendre les jeunes acteurs de leur orientation. C’est facilité dans l’apprentissage où les jeunes cherchent et découvrent un contrat, s’impliquent réellement. Ces filières incitent aussi à approfondir le dialogue entre monde éducatif et monde professionnel qui est une clé pour toute l’Ecole.
Pour Dylan Ayissi, ce dialogue doit aussi interroger l’incohérence entre des filières proposées aux jeunes menacés de décrochage, essentiellement dans le tertiaire alors que ce secteur est faiblement insérant ». Il a par ailleurs salué l’intérêt que l’Enseignement catholique manifeste aux élèves les plus vulnérables.
La nécessaire alliance éducative
Virginie Becourt, présidente du Synadec
Gabriel Fraga, vice-président de l’Association nationale des directeurs de l’éducation des villes de France (Andev)
Un échange à deux voix autour de l’alliance éducative ouvre la session de table-ronde de l’après-midi du 18 novembre, avec Virginie Becourt, présidente du Synadec, et Gabriel Fraga, vice-président de l’Association nationale des directeurs de l’éducation des villes de France (Andev). Dans le privé comme dans le public, tous deux rappellent que le lien entre acteurs éducatifs est essentiel, et qu’il dépasse largement les murs de l’école.
« En France, nous avons une vision très scolaro-centrée du système éducatif. Pourtant, le temps scolaire représente 860 heures par an, soit 24 heures sur 36 semaines, alors que les temps extra-scolaires totalisent près de 1900 heures », souligne Gabriel Fraga. Il insiste sur les multiples ruptures qui rythment la journée d’un enfant : passage de la maison à l’école le matin, temps du déjeuner, accueil du soir, sans oublier les activités sportives ou culturelles. « Nous avons besoin d’une vision déconcentrée, qui fédère tous les acteurs. »
Pour Virginie Becourt et Gabriel Fraga, cette cohérence éducative ne peut se construire sans les collectivités et sans les familles. « La cohérence éducative est primordiale dans le développement des temps éducatifs. Il est important de parler d’alliance : nous travaillons en partenariat avec les familles. La charte de confiance, propre à l’Enseignement catholique, nous permet de collaborer efficacement et d’instaurer un cadre de dialogue commun », explique la présidente du Synadec. Un outil précieux pour prévenir les tensions et déminer les incompréhensions entre parents et enseignants.
Dans le secteur public, la charte de confiance trouve son équivalent dans le Contrat de confiance. Un outil similaire, qui « s’inscrit dans un Projet éducatif de territoire (PEDT) et réunit autour de la table l’ensemble des acteurs éducatifs intervenant auprès des familles et des enfants. Il s’agit d’un contrat d’engagement partagé entre tous les acteurs, y compris les parents, autour de l’enfant », résume Gabriel Fraga. Le PEDT, institutionnalisé au niveau territorial, devient ainsi un véritable vecteur de coopération.
Si les deux intervenants s’accordent sur la nécessité d’un dialogue constant entre privé et public : " l’éducation ne peut jamais être un sujet de concurrence ", ils rappellent aussi combien leurs interactions sont indispensables au quotidien : mutualisation des équipements, usage des gymnases, continuité éducative sur un même territoire.
Et Gabriel Fraga de conclure : « Un territoire qui fonctionne bien est un territoire où l’on se reconnaît et où l’on s’accorde sur la direction à prendre. Il faut tout un village pour éduquer un enfant : si nous partageons les mêmes valeurs et la vision de ce que nous voulons lui transmettre, alors nous pouvons avancer ensemble. »