Mis à jour le : 6 mai 2024 / Publié le : 21 novembre 2019
La gazette du Salon – J 2
Il a beaucoup été question de prospective, ce 20 novembre, sur le stand tenu par l’Enseignement catholique au Salon des maires.
En conclusion de la série de tables rondes dédiées à sa région Gilles de Bailliencourt, directeur diocésain de Lyon a bien pointé cette « nécessité de prendre de la hauteur, tout en gérant le quotidien – souvent compliqué- des établissements ». Et donc, tout en restant enraciné de son projet, de s’extraire de ses murs pour s’inscrire dans son territoire et pour se mettre en dialogue avec l’ensemble de ses acteurs, dont les élus locaux.
S’affirmer ainsi comme un partenaire de l’action publique et être reconnu comme tel, c’est aussi l’une des missions de l’Ecole catholique. Et de nombreuses initiatives lyonnaises vont dans ce sens :
« Elles démontrent combien nous sommes invités à revisiter notre manière de vivre et de travailler, de manière plus coopérative, en réseau et en inventant de nouveaux modèles économiques et pédagogiques, comme nous y invite d’ailleurs aussi l’encyclique Laudato Si » a terminé Gilles de Bailliencourt.
- Le compte-rendu de la journée du 19 novembre, dédiée aux territoires bretons, à lire ici
- Toutes les tables rondes organisées sur le stand de l'Enseignement catholique au Salon des maires 2019 sont
sur sa chaîne YouTube
Synergie de prospective : Horizon 2030
Yann Diraison, adjoint du secrétaire général de l’Enseignement catholique
Éric Pireyre, chef d’établissement à Charles de Foucauld à Lyon
Anaïck Gallo, présidente Apel de la Drôme
Lever les yeux au-delà du budget annuel de l’état pour porter le regard à 5 ou 10 ans en se demandant où se déployer, où se retirer, comment répondre aux besoins nouveaux sans désertifier le milieu rural, en se posant la question de la viabilité économique de nos établissements les plus fragiles et des solidarités à imaginer. Voilà, telle que l’a brossée à grands traits Yann Diraison, secrétaire général adjoint de l’enseignement catholique la démarche prospective engagée par l’Enseignement catholique.
Par ce travail, à sa mesure, il participe à l’aménagement du territoire. Mais cela ne peut se faire en vase-clos, hors-sol : « Une part de cette vision d’avenir passe par des contacts avec des élus locaux et un accrochage le plus fort possible avec le monde économique. Notre présence au Salon des maires signifie aussi notre volonté de nous mettre à l’écoute des besoins scolaires de l’ensemble des partenaires et d’entrer en dialogue permanent avec eux. »
Depuis mai 2018, les diocèses de Saint-Etienne, Lyon et Belley-Ars, marqués par des situations démographiques, culturelles et socioéconomiques très contrastées ont engagé ce travail « global et collectif». Pour impliquer l’ensemble des acteurs, une assemblée représentative composée de chefs d’établissement, de parents, de tutelles et d’Ogec a défini des axes de réflexion qu’elle a déclinés en chantiers concrets : « Il s’agit ainsi pour l’ensemble des acteurs d’entrer dans une synergie, malgré des réalités différentes.
Cela consiste ensuite, en bassin de vie à mutualiser les forces, diversifier l’offre pédagogique, dans une logique de complémentarité et de coopération plutôt que de concurrence. » a expliqué Éric Pireyre, chef d’établissement à Charles de Foucauld à Lyon.
Saluant ce travail, Yann Diraison a précisé qu’hormis « l’impératif de poser un diagnostic lucide et de se fixer des objectifs », cette prospective s’engage « partout à une vitesse et des format variables, sans qu’aucune norme organisationnelle n’ait été définie ». En revanche, une enquête nationale va permettre d’en synthétiser les résultats : « Elle comporte une soixantaine de critères objectifs à renseigner concernant l’organisation territoriale (maillage, taux de remplissage, carte formation), les services rendus aux familles ( internats / garderie…) et la santé économique globale du territoire. »
En cours de collecte, cette matière permettra de dresser « une photographie nationale » de la prospective en juin prochain.
Mixité verticale quezako ?
Richard Grille, directeur de l’Assomption -Bellevue à Lyon
Paul Michenet, chef d’établissement Sainte-Thérèse - Immaculée Conception à Villeurbanne
Bruno Gabe, adjoint à la direction diocésaine de Lyon
Comment construire une école à un coût trois à quatre fois moins élevé que celui d’une école publique dans des quartiers où pression démographique se conjugue à un coût du foncier élevé ? Le tout en portant un projet social à forte valeur ajoutée ? Grâce à la mixité verticale.
Dans la métropole lyonnaise, elle s’expérimente déjà avec bonheur sur 3 sites où des écoles partagent des immeubles avec des bureaux ou des logements. C’est le cas à Notre-Dame-des-Anges, le Saint-Sacrement et à l’Immaculée-Conception à Villeurbanne. Elles sont toutes implantées dans des quartiers en pleine extension où la vétusté de leurs locaux et un besoin scolaire croissant nécessitait un projet immobiliser d’envergure.
Ainsi, pour Notre-Dame-des-Anges, l’école sur les deux premiers étages passe de 8 à 16 classes tandis que les cinq étages supérieurs du bâtiment accueillent des logements pour personnes cérébro-lésées. Cette dimension intergénérationnelle et de sensibilisation au handicap présente une valeur ajoutée sociale et humaniste forte, rendue possible par des partenariats avec des associations comme Habitat et Humanisme du père Devert ou dans ce cas précis, l’association Simon de Cyrène.
« Ces projets participent en outre à redynamiser leurs quartiers et paroisses. À Villeurbane, l’école est même un vecteur de cohésion sociale important puisqu’elle est levier de dialogue interreligieux dans un quartier multiconfessionnel. Il est à noter que ces projets, audacieux et conçus dans le souci du bien commun, remportent facilement l’adhésion des municipalités, qu’elles soient de droite ou de gauche » résume Bruno Gabe, adjoint à la direction diocésaine de Lyon.
Pour un projet enraciné et ouvert
Valérie Gardette, élue nationale de l’Apel
Charles Loriquet, adjoint à la direction
diocésaine de Lyon
Répondre à l’appel du pape de « préserver la Maison commune » en faisant vivre concrètement l’écologie intégrale dans les établissements scolaires. C’est le pari relevé par la direction diocésaine de Lyon qui a réuni 2000 personnes sur le site de Saint Joseph en guise de point d’orgue d’Assises engagées autour de l’encyclique Laudato Si.
De ce partage de réflexions et d’expériences sont nées « les éco-béatitudes » qui, plus que des commandements culpabilisants rejoignent croyants et non croyants pour les inviter à contribuer au changement environnemental et sociétal.
« Nous travaillons aujourd’hui à un livret qui décline chacune de ces éco-béatitudes en pistes pédagogiques enfin de permettre à chaque établissement de faire vivre réellement dans les classes l’écologie intégrale et éducation au bien commun et d’y promouvoir une « pédagogie de l’émerveillement » », a détaillé Charles Loriquet, adjoint à la direction diocésaine de Lyon.
Valérie Gardette, élue nationale de l’Apel a, quant à elle, souligné combien « ce travail croise la thématique du prochain congrès de l’Apel qui explorera justement en juin prochain les liens entre cette écologie intégrale et le bien-être des élèves, dans l’esprit de Laudato Si ».
Un centre multipolaire de 15 sites et 4000 élèves
Christophe Audard, directeur du centre scolaire Notre-Dame à Villefranche-sur-Saône,
Vincent Goutines, vice-président national de l’APEL
Incroyable mais vrai, en quatre ans, c’est une cité scolaire de 4000 élèves de 3 à 21 ans, qui a poussé en plein Rhône vert, c’est-à-dire dans la région très rurale qui borde la métropole lyonnaise et dont les petites structures scolaires avaient jusqu’alors bien du mal à survivre.
Suite à l’adossement réussi de l’une d’elle à l’ensemble scolaire de Villefranche-sur-Saône, ce sont une quinzaine de structures qui sont venues s’agréger à Notre-Dame. Sans être phagocytées insiste Christophe Audard, devenu de fait directeur multi-pôles : « Le gros avantage de ce système est de mutualiser la charge administrative -paye, suivis de travaux, maintenance informatique, communication…- ce qui permet aux équipes et aux chefs d’établissements de se recentrer sur leur cœur de métier : le pédagogique, la relation aux parents. »
Au sein de cet ensemble co-existent de multiples modèles avec des établissements qui restent autonomes, d’autres qui mènent des projets pédagogiques partagés ou enfin des bi-directions avec ou non fusion d’Ogec. « Quelle que soit l’option choisie, l’enjeu est que chaque site conserve sa coloration, son pouvoir de décision, ses spécificités de fonctionnement, de manière à éviter la massification et l’uniformisation. Chacun conserve ainsi son identité mais le fonctionnement en centre scolaire permet de faciliter la continuité des parcours scolaires, d’éviter le sentiment d’isolement grâce à des échanges stimulants entre équipes différentes (lycée-collège- primaire) ou encore d’organiser en son sein, une formation maison dispensée aux entrants dans le métier. »
Cette solution inédite pour pérenniser de petites structures de proximité et donc pour garantir le libre choix des familles, a été saluée par Vincent Goutines, vice président de l’Apel. Cette dernière s’emploie d’ailleurs à favoriser tout type de mutualisations. « Notre fonds de solidarité numérique consacré à l’équipement informatique de petites écoles -2 millions d’euros en 9 ans- va d’ailleurs être réorienté sur le développement de systèmes de visio-conférences permettant d’élargir, grâce à l’enseignement à distance, l’éventail des spécialités offertes par les lycées ruraux. »
Les deux interlocuteurs ont souligné l’importance que revêtait ce type d’organisation, au vu des irrégularités constatées dans le versement des forfaits dus par les communes. Ces forfaits insuffisants - allant parfois du simple au triple- mettent en péril les écoles rurales qui accueillent souvent des élèves issus de nombreuses communes différentes. Pour résoudre ces situations, Vincent Goutines à plaidé pour que l’Apel soit systématiquement intégrée aux cellules qui négocient ces forfaits avec les communes, non pas comme technicien ni expert mais pour peser de son poids politique : « Si l’enseignement catholique représente 20% des élèves, l’Apel compte 957 000 adhérents, soit trois fois plus que la grosse fédération de parents d’élèves du public » a-t-il rappelé.