Mis à jour le : 2 mars 2021 / Publié le : 3 septembre 2018
Une rentrée dans la continuité des réformes
Lors de la conférence de presse de rentrée, le 29 août dernier à Paris, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a rappelé ses deux priorités : le primaire et la transformation du lycée, en précisant ce qui va changer en 2018-2019. Il place ainsi cette rentrée 2018 sous le signe de la continuité, la mise en œuvre des réformes engagées se poursuivant. Le point ici sur ces évolutions et leur impact sur l'enseignement catholique avec un focus sur l'agricole.
Par Sylvie Horguelin et Aurélie Sobocinski
« Nous amplifions le sillon de l’École de la confiance », a déclaré d’emblée le ministre de l’Éducation nationale aux journalistes réunis rue de Grenelle, à Paris, pour la traditionnelle conférence de presse de rentrée, avant de lister les mesures présentées au cours des mois passés. Son objectif reste le même : « Permettre à tous les élèves de mieux maîtriser les savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter et respecter autrui) et d’être mieux accompagnés vers leur avenir. »
Des évaluations en CP, CE1, 6e et 2de
Parmi les nouveautés de la rentrée, l’introduction en septembre d’évaluations diagnostiques en CE1 et en 2de, en plus de celles déjà existantes en CP (facultatives l’an dernier) et en 6e. Autre changement : une deuxième évaluation sera effectuée en février pour les CP. « Elles ont été conçues par les meilleurs esprits – Conseil scientifique, Depp, Dgesco..., a précisé le ministre, en tenant compte des critiques qui portaient sur celles de l’an dernier. » Elles permettront de mieux comprendre les difficultés des élèves en français et en mathématiques.
« Cette préoccupation est partagée par l’enseignement catholique dont certaines écoles sont déjà engagées dans des dispositifs d’évaluation-
repères conséquents, avec le risque parfois de doublons avec les évaluations nationales. C’est une invitation à entrer en dialogue avec les autorités de l’Éducation nationale lorsque des aménagements sont nécessaires », explique Marie-Odile Plançon, du
Secrétariat général de l’enseignement catholique (Sgec).
Modifications des programmes
du socle commun
Des ajustements, publiés au BO le 26 juillet dernier, ont été apportés aux programmes pour l’école et le collège, en mathématiques, français et enseignement moral et civique (EMC). Début septembre, des repères annuels de progression les complèteront, a annoncé le ministre. « En français, l’affirmation de l’apprentissage de l’écriture en même temps que la lecture va dans le bon sens », commente Marie-Odile
Plançon. Quant à l’introduction en CP des quatre opérations, elle doit se centrer essentiellement sur des problèmes et des manipulations qui contribuent à leur donner du sens. »
Poursuite du dédoublement des CP et CE1
« Les dédoublements seront deux fois plus nombreux que l’an dernier », a annoncé le ministre. Sont concernés 100 % des CP en Réseau d’éducation prioritaire (Rep et Rep+) et 75 % des CE1 en Rep+ , soit au total 4 700 classes contre 2 200 l’an dernier. Ainsi, près de 190 000 élèves de CP et CE1 en Rep et Rep+ étudient cette année dans des classes proches de douze élèves. Le ministre voit dans ce dispositif, qui concernera à terme 20 % d’une classe d’âge (soit 300 000 élèves), « la mesure concrète de justice sociale la plus importante » parmi celles prises pour favoriser l’égalité des chances. Ces dédoublements ne concernent pas l’enseignement catholique dont les écoles ne sont pas classées Rep, du fait de procédures d’inscription qui, conformément au principe de liberté de choix des familles, ne s’inscrivent pas dans la logique territoriale d’affectation mise en œuvre dans le public.
Devoirs faits continue
Le dispositif Devoirs faits, qui concerne aussi l’enseignement catholique, se poursuit. Lancé l’an dernier en collège avec environ 20 % des élèves qui en ont bénéficié, il est proposé aux familles qui en font la demande, à raison de 4 heures par semaine. Il pourrait être étendu au primaire : ce sera le cas en Outre-Mer et en Rep+ cette année, a précisé le ministre.
Le Plan mercredi
Depuis la rentrée, toutes les communes peuvent proposer le mercredi un accueil de loisirs avec une ambition éducative : activités autour du sport, de la culture ou de la nature pour les enfants de la maternelle au CM2. Une collectivité qui choisit de s’engager dans le Plan mercredi est accompagnée dans l’organisation de ces activités périscolaires grâce à un cadre juridique sécurisé et un soutien financier de l’État renforcé. Les moyens déployés sont importants : la Caisse d’allocations familiales versera 1 euro/heure/
enfant (au lieu de 0,54 euro/heure/enfant jusqu’à présent) pour les accueils labellisés Plan mercredi. Le fonds de soutien pour les collectivités restées à 4,5 jours est par ailleurs maintenu.
À noter : 85 % des communes en cette rentrée repassent aux 4 jours de classe par semaine.
L’an I de la réforme du lycée
Des précisions ont été apportées sur les premières évolutions de la classe de 2de. Comme annoncé ci-dessus, un test de positionnement est mis en place en septembre. Il comportera deux séances de 50 minutes, l’une sur les acquis en français, l’autre sur ceux en mathématiques. « Les établissements volontaires peuvent aussi procéder à une évaluation de l’expression orale de leurs élèves », précise le ministère. L’objectif est d’ajuster plus finement les 2 heures d’accompagnement personnalisé hebdomadaire et les 54 heures annuelles qui peuvent être consacrées à l’orientation selon les besoins. « La volonté annoncée de mieux accompagner l’élève dans un parcours de formation et d’orientation est réaffirmée avec force. Il semble que l’on s’émancipe de la seule logique de l’égalité pour aller davantage vers l’équité », analyse Benoit Skouratko, du Sgec.
Une orientation accrue vers la voie professionnelle
Le ministre a annoncé une augmentation des vœux d’élèves vers la voie pro à cette rentrée (+ 5,6 %) par rapport à l’an dernier. En sortie de 3e, 12,1 % des vœux 1 vers la voie pro portent sur les formations en apprentissage, soit une augmentation de 3,2 % des candidatures comparativement à 2017.
« La mise en avant plus explicite de toutes les possibilités de poursuite d’études vers le supérieur après le bac pro constitue sûrement un levier d’action décisif pour lever les appréhensions des familles vis-à-vis d’une entrée dans la voie professionnelle, analyse Jean-Marc Petit, délégué général de RenaSup. Il faut continuer à valoriser ces dispositifs. »
Le pré-recrutement des enseignants
« Il y aura bien une réforme de la formation initiale des professeurs, qui sera réfléchie en amont du
master et en aval avec notamment un accompagnement spécifique des néo-titulaires », a confirmé Jean-Michel Blanquer, qui annonce son inscription dans la nouvelle loi sur l’École qui officialisera, début 2019, l’obligation de scolarisation à partir de 3 ans. À compter de la rentrée 2019, le ministère proposera aux étudiants, dès leur 2e année de licence, de participer à des activités pédagogiques dans les classes.
Autres nouveautés
Le ministre a annoncé un renforcement du soutien aux familles avec une augmentation des bourses des collégiens de 25 % et la présentation prochaine du plan de lutte contre la pauvreté. Un plan internat devrait également faire suite à la publication « imminente » d’un rapport sur le sujet. Un autre chantier de taille est ouvert : aller vers une évaluation des établissements scolaires, avec la création au premier trimestre 2019 d’une instance d’évaluation de l’Éducation nationale. Parallèlement, se prépare au ministère la fusion des deux inspections générales (IGEN-IGAENR).
L'enseignement agricole privé:
un protocole enfin signé avec le ministre de l'Agriculture
Après un an de négociations tendues avec le ministère de l’Agriculture, un protocole d’accord sur les montants des subventions de fonctionnement versées par l’État aux établissements du Conseil national de l’enseignement agricole privé (Cneap) pour la période 2018-2022 a été signé le 30 juillet dernier.
« Nous n’avons pas réussi à obtenir une plus grande équité de traitement avec l’enseignement agricole public comme l’établit la loi Rocard qui reste, pour nous, l’unique base de la relation contractuelle avec l’État. Mais ce protocole protège nos établissements sur la durée de son exécution en affectant de manière certaine les fonds nécessaires à leurs activités », tempère le président du Cneap François Paliard. Par rapport au protocole de 2012, la subvention globale du Cneap est passée de 127 millions d’euros à 131,7 millions d’euros, ce qui, conjugué à la baisse des effectifs dans les établissements (- 6,9 % par rapport à la période quinquennale précédente), va relever le taux moyen de la subvention par élève.
Au-delà du plan financier, la question de la pertinence du maillage territorial du réseau privé – et public – est posée par le ministère, au risque de procéder lui-même à la mise en application de l’optimisation des moyens alloués d’ici 2022... « Cela veut dire que des fermetures administratives de classes pourraient être prononcées (ce que le ministère ne faisait pas jusqu’à présent) si nous ne nous saisissons pas en régions de ce déclin de la formation par voie scolaire comme une chance de redéploiement dans l’esprit de service qui anime notre projet », souligne
Philippe Poussin, le secrétaire général du Cneap qui estime aujourd’hui à 12 (sur 180) le nombre d’établissements en grande fragilité économique.
A. Sobocinski