Une nouvelle ère pour l’Institut catholique de Paris

Ouvert au grand public lors des Journées européennes du patrimoine, le 16 septembre 2017 (sur inscriptions), le nouveau campus de l’Institut catholique de Paris (ICP) vaut le détour ! Présenté à la presse le 9 septembre dernier, ce lieu dont l’histoire remonte aux Médicis, a été adapté aux exigences d’un enseignement de qualité par le talentueux architecte Jean-Marie Duthilleul.

Première surprise, l’entrée ne se fait plus par la rue d’Assas mais par la rue de Vaugirard, « comme c’était le cas en 1875 », lors de la fondation de cette université au sein de l’École des Carmes, a rappelé le recteur Philippe Bordeyne. Un emplacement qui permet d’admirer l’alignement de trois dômes prestigieux : celui de l’église Saint-Joseph des Carmes (attenante à l’ICP), celui du Sénat et enfin celui de la chapelle de la Sorbonne, a souligné le recteur. « C’est une entrée par le sud, par la lumière, symbole de la connaissance que l’on vient chercher ici », a complété Jean-Marie Duthilleul.

Autre réussite : l’auditorium de 400 places (qui peut être divisé en deux) creusé sous la cour d’honneur. Lors des travaux, les ruines d’un village gallo-romain (daté entre 40 et 60) ont été découvertes dont quelques unes des pierres taillées figurent désormais dans le sol pour en faire mémoire. Éclairé par la lumière naturelle, meublé de tables et chaises rabattables en chêne clair, doté d’une excellente acoustique, cet auditorium pourra accueillir des colloques nationaux et internationaux.

D’autres aménagements pour favoriser l’innovation pédagogique ont aussi été pensés. 200 m2 divisés en quatre espaces vont permettre désormais d’enseigner autrement dans l’esprit des Fablab et Learning center. Au centre de ce plateau, figure le « Forum », composé de gradins placés en face à face (voir photo). Il pourra accueillir quarante étudiants pour des concours d’éloquence, des exposés avec projection d’images, des serious games… Tout autour, on trouve un « Laboratoire » au mobilier connecté et modulable, un « Studio » permettant la captation et le montage audiovisuel et une salle de projection pour visionner des travaux ou un film. De quoi satisfaire en partie la génération Z façonnée par la culture digitale...

Enfin, les salles de cours qui donnent sur la cour d’honneur (soit 4000 m2) ont été rénovées : meilleure couverture wifi sur tout le campus, installation de tableaux blancs sur lesquels projeter des images, mobilier mobile propice au co-working, insonorisation, éclairage sous forme de LED, volets en bois écologiques…

Il aura fallu 20 millions d’euros, financés par un emprunt eainsi qu'une campagne de levée de fonds, et deux ans de travaux (sans fermeture du campus) pour mener à bien ce projet ambitieux. « Cette transformation immobilière va de pair avec une transformation académique » a insisté le recteur Philippe Bordeyne avant de présenter les nouveautés de la rentrée. Proposant près de 165 parcours d’études, et accueillant 10 000 étudiants chaque année (avec une augmentation de ses effectifs d’environ 3 % par an), l’ICP innove dans le domaine des sciences humaines et sociales. Avec une priorité : promouvoir les Humanités dans tous les cursus parce qu’elles se centrent sur « l’apprentissage du métier d’Homme par les langues, les arts et la culture » et « développent le sens si nécessaire de la gratuité », précise le dossier de presse.

Parmi les nouvelles propositions à découvrir sur le site de l’ICP, figure, dans le domaine des sciences de l’éducation, un master en humanités numériques qui accueillera ses premiers étudiants à la rentrée 2018. Il préparera des professionnels qui maîtriseront les technologies du numérique pour l’enseignement, capables d’accompagner des équipes pédagogiques autour de projets. Toujours en sciences de l’éducation, on retiendra la poursuite de l’expérimentation dans le champs du numérique. Ainsi, à l’automne 2017, les étudiants en Master Actions éducative internationale, en Master Géopolitique et relations internationales et en Master Solidarités et action internationales vivront le parcours d’un migrant grâce à la réalité virtuelle. Ils expérimenteront Quand je suis parti…, une expérience immersive qui permet d’aborder les questions des droits de l’Homme et des frontières de manière inédite. Pour Corinne Valasik, doyenne de la faculté de Sciences sociales et Économiques à l’initiative du projet : « C’est un pas de plus dans la construction de la réflexion éthique sur l’image et le numérique des étudiants et des chercheurs ».