Mis à jour le : 13 avril 2021 / Publié le : 28 janvier 2021
Une année particulière…
La suite
Depuis la rentrée 2020, un panel de chefs d’établissement témoignent ici de leur vécu en cette période si particulière.
Après un premier trimestre effréné, où les équipes éducatives ont dû gérer de front les séquelles du premier confinement et la suite de la crise sanitaire, les équipes ont vécu un deuxième trimestre "presque normal", avant de revenir à la case continuité pédagogique.
Point de situation
Un trimestre « presque normal »
Les élèves du Lycée des Métiers Sainte Anne à Saint Nazaire ont pu travailler en présentiel jusqu’au 2 avril. Mais des projets collectifs ont dû être ajournés.
Mireille Broussous
« En cas de confinement, nous sommes prêts », déclarait Frédéric de Ravinel, chef d’établissement du Lycée des métiers Sainte Anne à Saint Nazaire, quelques jours avant l’annonce présidentielle d’un re-confinement.
Pas question pour cet établissement, réputé pour la qualité de ses formations à la restauration, de se retrouver avec des frigos pleins comme ce fut le cas lors du premier confinement. Il avait alors fallu donner en catastrophe les denrées périssables à qui en voulait au sein de l’établissement ainsi qu’à des associations avant de nettoyer les cuisines de fond en comble. « Cette fois, par précaution, nous avons bloqué les commandes auprès de nos fournisseurs », précise le chef d’établissement.
Les enseignants et les 750 élèves étaient aussi prêts à renouer avec les cours à distance. Une pratique qu’ils ont néanmoins sans doute un peu oubliée, les cours ayant été maintenus à 100 % en présentiel jusqu’au 2 avril. « La situation sanitaire a été moins compliquée que dans d’autres régions. Malgré tout, ce qui est difficile en tant que chef d’établissement, c’est d’être en veille constante pour s’adapter aux directives qui changent de jour en jour… », affirme Frédéric de Ravinel.
Prophylaxie drastique
Des mesures drastiques de prophylaxie ont été prises. 40 élèves pouvaient, quand la météo le permettait, déjeuner en extérieur sur des tables de jardin. Dans la cantine, après chaque passage d’une classe, les tables étaient systématiquement désinfectées. Une personne a d’ailleurs été recrutée pour faire face à la charge de travail supplémentaire. Les cours de sport ont eu lieu, eux aussi, en extérieur. « Nous avons pris des précautions mais nous n’avons jamais sanctionné un élève parce qu’il ne portait pas son masque. Par contre, nous avons fait beaucoup de pédagogie pour convaincre les élèves de se protéger et de protéger les autres », indique Frédéric de Ravinel. Cette politique a porté ses fruits. Aucun cluster ne s’est déclaré alors même que 150 élèves vivent à l’internat.
La vie du lycée a donc continué… « presque normalement ». La participation des élèves aux concours s’est poursuivie. « Un de nos élèves est allé jusqu’en finale d’un concours en biérologie (spécialiste de la bière), l’équipe des apprentis-barmen a réalisé un film sur leur futur métier et leurs apprentissages. Les élèves qui passent le CAP ont continué à travailler à 3 ou 4 sur leurs chefs-d’œuvre. « En pâtisserie, le thème de l’année est la mer et les bateaux. Les professeurs de français, d’arts et de pâtisserie ont travaillé ensemble », précise Frédéric de Ravinel. Cependant, un certain nombre d’activités ont dû être suspendues. Finis les moments de détente en groupe pour les internes, les voyages scolaires, la soirée des talents qui récompense les élèves investis dans des concours ou des projets humanitaires. Les élèves espèrent tout bonnement que, comme l’an dernier, l’obtention des diplômes sera basée sur le contrôle continu mais s’inquiètent aussi d’obtenir un titre un peu dévalorisé.
Moments de flottement
Dans un tel contexte, difficile d’éviter les baisses de régime. « Du côté de l’équipe comme des élèves, il y a eu des moments de « flottement » », observe Frédéric de Ravinel. En raison des risques sanitaires, les échanges étaient moins riches, les projets partagés moins nombreux. Maintenir le moral des troupes a été l’objectif permanent de Frédéric de Ravinel. «Motiver, c’est une mission essentielle. Il a donc fallu faire des choix pour préserver autant que possible la vie collective tout en protégeant les élèves, les enseignants, le personnel », assure Frédéric de Ravinel. Autrement dit, tenter de résoudre au quotidien la quadrature du cercle…
« S’adapter et innover pour garder le cap dans ce contexte instable »
À Blois, le Campus La Providence, prépare ses portes ouvertes virtuelles pour la fin mars. Caroline Guichon, chef d’établissement tire un bilan positif des expériences d’hybridation diverses conduites par ses équipes durant le 1er trimestre. Elles ont permis de poursuivre la montée en compétence sur l’enseignement distancié, d’améliorer l’accompagnement des publics plus fragiles et d’approfondir une culture de co-formation et d’échanges entre pairs.
Carole Guichon,
chef d'établissement du Campus La Providence à Blois
Pour la rentrée, nous avions intégré l’élargissement de la plage déjeuner, la concentration dans la mesure du possible des cours dans une même salle pour chaque classe, des entrées et sorties décalées… Tous ces « petits » éléments sont venus bouleverser une organisation qui roulait bien. Pour autant, la communauté éducative a su s’adapter et retrouver avec plaisir les élèves, les étudiants et les stagiaires.
Sur octobre, nous expérimentons la mise en distanciel d’une classe avec des enseignants en présentiel, puis la mise en distanciel d’enseignants avec des élèves et des étudiants en présentiel. Ces temps ont permis de constater que certaines solutions que nous avions mises en place se sont avérées lourdes au niveau de la charge de travail, de concentration des uns et des autres, de la logistique à déployer… Et puis nous avons aussi constaté que les élèves n’étaient pas aussi autonomes que ce que nous avions projeté, malgré l’expérience du 1er confinement ! Les enseignants se saisissent parallèlement de ces nouvelles expériences pour activer davantage la prise en main de la nouvelle plateforme numérique que nous utilisons.
Quand les annonces du gouvernement tombent à la Toussaint, nous optons pour une intégration progressive du distanciel avec 1 journée par semaine et le maintien sur site en présentiel des publics les plus fragiles (4ème et 3ème prépa métiers, CAP). Les objectifs recherchés sont de faire baisser le nombre d’apprenants présents sur le Campus par jour, de pouvoir absorber les nouveaux flux en restauration et, d’un point de vue pédagogique, de continuer la montée en compétence sur l’enseignement distancié.
Nous organisons une journée pédagogique mi-novembre selon 2 axes :
- Une « foire aux bonnes pratiques » pour offrir la possibilité aux enseignants de partager entre eux leurs « trucs et astuces » du distanciel.
- Un travail par équipe pédagogique pour faire le bilan du distanciel et définir des points de référence au sein d’une équipe. Il s’agit aussi de commencer à imaginer une organisation et des règles pour une bascule en 100% distanciel.
Cette étape de novembre à aujourd’hui est intéressante. Elle a multiplié les situations d’apprentissage entre distanciel et présentiel. Certains enseignants privilégient le fonctionnement en classe inversée. D’autres diversifient les activités de la séquence pour donner à l’apprenant plusieurs situations à prendre en mains et la possibilité de poser des questions en tchat ou par la visio. Certains expérimentent les escape games en ligne. Même le forum d’orientation a combiné présentiel et distanciel selon les intervenants !
L’expérience du partage en pairs reste la meilleure façon aux uns et aux autres de gagner en efficacité, d’oser se lancer sur de nouvelles pratiques.
Mais reconnaissons que tout cela ne peut trouver le chemin du succès que parce que les uns et les autres sont animés par l’envie d’accompagner les élèves vers la réussite.
Merci aux enseignants et personnels qui se mobilisent au quotidien et déploient beaucoup d’énergie pour trouver de nouvelles trajectoires face aux contraintes croissantes !
La fusion s'opérationalise malgré tout
Dans le Cher, à Sancerre, l’école Notre-Dame n’accueille que 33 élèves dans une classe unique mais pour elle, les contraintes sanitaires sont les mêmes que partout. Cela n’empêche pas sa directrice Cindy Rondet de poursuivre le sauvetage de son établissement En septembre dernier, la fusion avec le groupe scolaire Bourges-Centre a donné lieu à un échange gagnant-gagnant qui pérennise le maillage d’un territoire très rural. Sa mise en oeuvre concrète, certes impactée par la situation sanitaire, progresse néanmoins.
François Husson
Au quotidien, c’est bien sûr le protocole sanitaire qui occupe les esprits et ronge le temps. « Nous évoluons tous ensemble dans une classe unique, et nous mangeons tous ensemble à la cantine, pointe Cindy Rondet , directrice de l’école Notre Dame, à Sancerre (18), depuis cinq ans. Mais nous n’avons eu aucun cas cette année. On est très vigilant contre la fièvre, qui est prise tous les matins auprès de tous les enfants ». L’équipe insiste aussi beaucoup sur les trente secondes de lavage de main. Conséquence, les activités ne commence jamais avant 8 h 50, au détriment des apprentissages ou des temps de récréation. De plus, dans la classe, les petits sans masques côtoient les grands qui le portent. « Cette disparité se vit bien, commente la directrice. On a bien expliqué que c’était pour protéger les adultes. Mais seulement pour la lecture, je recule et je soulève mon masque, sinon, ils ne pourraient pas voir la position de la bouche. », admet la directrice qui ne se verrait pas faire autrement.
Mais cette année, malgré le poids supplémentaire des contraintes sanitaires, Cindy Rondet reprend son souffle. Son établissement a fusionné avec le groupe scolaire Bourges-Centre, situé à une quarantaine de kilomètres, depuis le 1er septembre. Sous l’impulsion de l’archevêque Jérôme Beau, qui ne voulait pas voir disparaître la seule école du nord du département, Notre-Dame a rejoint ses grandes sœurs Saint-Dominique et Saint-Étienne, deux écoles primaires de presque 1 000 élèves à elles-deux, et Sainte-Marie qui complète le groupe du collège au post-bac.
Une aubaine pour cette petite école rurale, qui est passée de 46 élèves à 33 à la rentrée dernière, perdant également le mi-temps d’une enseignante. « Nous sommes deux enseignantes pour une classe unique multiniveaux (cf. ECA n° 396, p26-27). La fusion nous apporte un ballon d’oxygène, ne serait-ce qu’au niveau financier, note Cindy Rondet. Cette année, les élèves sont équipés de tablettes à partir de la CE2. Ces outils appartiennent encore à l’école, mais l’année prochaine, ils pourront rapporter chez eux leur tablette. »
Autre avantage pour les CM2 sancerrois : chaque jeudi, en visio, ils bénéficient de cours de langues en même temps que leurs homologues de Saint-Étienne. Ils ont ainsi suivi l’allemand en LV2 et à partir de ce trimestre, ils apprennent à parler et écrire le chinois, une langue qu’ils pourront éventuellement approfondir à Bourges-Centres, doté d’un institut linguistique franco-chinois.
Rallyes pédagogiques
En juste retour des choses, Notre-Dame met ses atouts à disposition de Bourges-Centre : sa situation géographique, au cœur du célèbre vignoble, et la grande taille de ses locaux (1 600 m2 doté en plus d’un parc de 3 000 m2). Les étudiants berruyers en BTS Tourisme, qui ont choisi la spécialité œnologie-tourisme vont en profiter. « Ils travaillent tous les jeudis après-midi avec un vigneron à Sancerre. Une grande salle au premier étage, au-dessus de la classe des écoliers, sera aménagée cette année pour les recevoir. Ça leur permettra d’être plus près des choses…L’intérêt pour Bourges-Centre, c’est d’avoir des locaux mais aussi une nouvelle entité pédagogique. On a rencontré les autres enseignantes. On a prévu en avril des projets à monter ensemble. Et l’année prochaine, on mettra en place un rallye commun aux trois écoles »
Ces rallyes pédagogiques sont très prisés des élèves, pour l’émulation qu’ils proposent dans différentes matières (numération, histoire, problème logique, géométrie, roman et bande dessinée). « Il s’agit de différents exercices basés sur des questionnaires établis par les enseignantes. Plus l’enfant en fait, plus il a de points, explique Cindy Rondet. C’est efficace pour la dynamisation de classe. En histoire, on utilise beaucoup la collection « Quelle histoire », qui donne les essentiels sur des thèmes de la matière. » Notre-Dame s’appuie fortement sur la dimension ludique de l’apprentissage, qui se déploie avec bonheur et réussite dans sa classe unique. Cindy Rondet voudrait à terme convaincre les autres écoles des bienfaits du décloisonnement. Mais, faute de temps, elle ne peut assister aux directoires prévus à Bourges chaque semaine qu’une fois par mois, pour y débattre avec les autres équipes des perspectives, idées, consignes et ajustements à mettre en place dans le groupe scolaire.
« Pour l’instant la fusion est opérationnelle, mais pas active, constate-t-elle. Je me sens à moitié englobée dedans, mais il faut un peu de temps pour cesser de se sentir isolée. »
En attendant, Notre-Dame profite de son identité rurale et du grand espace qu’elle possède en installant un poulailler. L’enclos est en cours de réalisation avec les enfants, impatients d’accueillir les poules !
« Faire en sorte que l’énergie revienne chez chacun vaut toutes les peines ! »
Caroline El Janati, chef d’établissement du collège et coordonnatrice de l’ensemble scolaire Jeanne d’Arc au Kremlin-Bicêtre (94).
Aurélie Sobocinski
Ce qui rend la situation le plus difficile, c’est la fermeture de l’établissement en raison du protocole sanitaire -notamment aux parents. Or ces derniers ont bien pris l’habitude d’y entrer ! Comment faire en sorte malgré tout de garder le lien ?
Au cours de ces dernières semaines, les tensions, les difficultés, se sont accumulées et l’Ecole est restée l’un des seuls lieux de rencontre possible, de quasi normalité au quotidien -pour les plus jeunes comme les plus grands. Ma porte est plus que jamais ouverte pour les professeurs, épuisés par le port du masque, par tout ce qui se vit depuis l’an dernier et par l’énergie qu’ils doivent déployer pour remettre les élèves en confiance. Elle l’est aussi pour les parents -parmi lesquels certains ont eu besoin de venir me rencontrer pour exprimer leurs difficultés personnelles. Sans oublier les jeunes !
Dans ce contexte, il est essentiel de maintenir tout ce qui peut l’être au sein de l’établissement, et de le réinventer si besoin autrement. L’idée est de tout faire pour que l’énergie revienne et à mes yeux, cela vaut toutes les peines !
Les réunions parents-enseignants par exemple ont eu lieu en distanciel. En inversant le principe habituel : ce sont les professeurs qui ont choisi les parents ! Il a été demandé aux professeurs principaux d’appeler tous les parents de leur classe pour faire un bilan de l’évolution de leur enfant ainsi qu’aux professeurs des matières qui en ressentaient le besoin.
Au final plus de parents ont été contactés qu’aux réunions classiques auxquelles certains ne participent jamais. Le mode visio a été refusé par les professeurs qui redoutaient des captations ou une accession à leur intimité. Cela a frustré d’abord les parents, mais in fine très contents de la qualité des échanges et de leur durée moins limitée qu’en présentiel où la file derrière la porte oblige à avancer. Si rien ne remplace le format en présentiel – qui reprendre dès que possible, cette nouvelle modalité sera conservée pour ramener vers l’école les parents que l’on a du mal à rejoindre.
Notre forum des métiers et de l’orientation annuel pour les élèves de 4e et 3e ( 6 classes soit 180 élèves) a aussi été réinventé. Il a eu lieu à la rentrée des vacances de la Toussaint via une plate-forme numérique permettant la création de salles virtuelles où chaque parent professionnel et chaque représentant d’établissement accueillait les élèves. Une vingtaine de métiers et une quinzaine d’établissements étaient représentés -soit autant que les années précédentes. Les élèves ont eu à choisir trois représentants de chaque catégorie. On leur a donné rendez-vous par petits groupes de quatre -ce qui limitait à la fois leur nombre face au professionnel et facilitait la prise de parole de chacun. Cette prise de rendez-vous en amont est la grande nouveauté par rapport à la formule en présentiel proposée jusqu’ici. Avant les élèves savaient qui ils pouvaient rencontrer. Là ils savaient qui ils allaient voir. Cela a permis d’éviter beaucoup d’hésitations, de donner plus de souplesse dans l’organisation de la journée et surtout ils ont pu davantage anticiper leurs questions. On voudrait garder ce principe à l’avenir.
Tous nos événements ou propositions d’ateliers périscolaires ont aussi été maintenus -dans le respect des règles sanitaires. Du rendez-vous traditionnel des élèves de 6e avec un conteur au petit déjeuner anglais dans la cantine réaménagée, de la représentation théâtrale pour les 5e organisée cette année sous le préau à la lecture d’histoires par les collégiens aux petits de maternelle. Tout a été fait en particulier dans cette période de l’Avent pour que chacun puisse profiter de l’esprit de Noël. Le concours de crèches a eu lieu. Le marché de Noël a été transformé en un lieu de partage virtuel sous la forme d’un padlet avec des propositions d’activités ludiques à vivre en famille (lien). Un concours de salles de classe décorées a même été lancé -qui a créé une dynamique d’établissement assez formidable ! Il fallait voir les élèves arriver à la grille le cartable chargée de toutes les décorations qu’ils avaient pu ramener de la maison !
Pour les élèves qui restent fragilisés par le confinement du printemps dernier et ont du mal à reprendre confiance en leurs capacités, j’ai décidé de mettre en place un dispositif d’études complémentaire à celui de Devoirs faits. A côté de ce dernier qui réunit une vingtaine d’élèves autour d’un professeur de l’établissement, il s’agit de proposer à ceux qui le souhaitent, moins autonomes, l’accompagnement d’un étudiant qui les coache en petits groupes de cinq. N’étant pas un enseignant, l’enjeu est différent. La séance d’une heure est au tarif de 10€ l’heure d’un à quatre jours par semaine -c’est à la carte et moins cher qu’un tuteur à l’extérieur avec la possibilité de financement gratuit pour ceux pour lesquels cela pourrait être un frein. Autre avantage : un retour très clair du travail de chaque élève et des difficultés rencontrées est fait aux professeurs tous les trimestres. Une trentaine d’enfants aujourd’hui est concernée.
« L’évaluation, une vraie question qui redeviendra une priorité »
Le premier confinement a commencé à faire bouger les lignes sur l’organisation des conseils de classe. Comment partir davantage de l’élève ? Au printemps dernier, nous avions initié des enquêtes en ligne en amont des conseils auprès des élèves et de leurs familles pour recueillir leur conception du trimestre. Elles n’ont pas été réitérées pour ce premier trimestre. Les conseils de classe ont eu lieu en présentiel avec les enseignants et les élèves délégués mais sans les parents en raison des modalités du 2e confinement.
Ces derniers ont bien sûr été quand même écoutés ! Des rendez-vous ont été pris par les représentants de chaque classe avec le professeur principal en amont du conseil pour lui faire remonter les questions des familles et celui-ci les a rappelés à l’issue du conseil pour leur faire part des réponses apportées et de ce qui a été exprimé par les élèves délégués et les professeurs sur la classe.
S’agissant des élèves, je les reçois tous aussi en individuel pour la remise des bulletins. Ces échanges permettent de constater qu’ils ont une très bonne analyse de leur propre évolution et que le conseil de classe confirme ce qu’ils ont à me dire. Idéalement, il faudrait commencer par les écouter avant que celui-ci ait lieu. Mais les événements de cette année freinent cette volonté. Cela redeviendra une priorité lorsque cela sera possible pour les enseignants. Il n’est pas question aujourd’hui de multiplier les projets alors qu’ils sont déjà en mode survie, donnant leur maximum devant les élèves pour que les enseignements restent les plus joyeux et vivants possibles !
Objectif présentiel
Dès la rentrée de septembre, les réunions entre le chef d’établissement et les diverses parties prenantes du lycée des Métiers Sainte Anne de Saint-Nazaire se sont enchaînées afin d’assurer la continuité pédagogique tout en mettant en place des outils de prévention. Le présentiel qui a été privilégié tout au long du premier trimestre, a contraint la direction de l’établissement et l’équipe à être créatives, astucieuses et souples…
Mireille Broussous
Tous les restaurants de France sont fermés hormis… le restaurant d’application du lycée des Métiers Sainte Anne de Saint-Nazaire et peut-être quelques autres dans les établissements qui forment aux métiers de bouche. « Bien sûr, nous n’accueillons plus de clients extérieurs. Du coup, tous les jours, 80 élèves se régalent des plats préparés par les apprentis cuisiniers », explique son chef d’établissement Frédéric de Ravinel. Les apprentissages se poursuivent ainsi pour le plus grand bonheur des 750 lycéens qui accèdent au restaurant à tour de rôle. Quand ils n’y sont pas conviés, certains s’installent à l’extérieur sur les tables de pique-nique qui ont été ressorties dès septembre. Une bonne façon pour les lycéens de profiter du soleil automnal tout en observant les règles de distanciation durant les repas servis sur une plage horaire étendue allant de 11h00 à 13h30. « Les stages ont été annulés. Les élèves présents dans l’établissement sont bien plus nombreux que d’habitude. Il fallait trouver des solutions », précise Frédéric de Ravinel.
Impératif de souplesse
Avant les vacances de la Toussaint, 3 personnes – des adultes - avaient été contaminées par le Covid-19. Malgré tout, l’option des cours en distanciel n’a pas été retenue. « Il y a 140 internes dans l’établissement. Faire du distanciel sur les matières générales et du présentiel lors des travaux pratiques n’a pas de sens. Nous avons donc choisi le présentiel à 100 % », raconte le chef d’établissement. Le conseil de direction, les enseignants, les élèves, l’Apel ont tous été sollicités pour débattre de cette option et la valider. Et, il a fallu mettre en place un dispositif sanitaire adéquat. Gel hydroalcoolique dans toutes les salles, désinfection des bureaux et des laboratoires, sens de circulation : du grand classique. Mais d’autres pistes ont été initiées. Pour que les élèves ne se regroupent pas le matin dans la cour, ils ont eu le droit d’accéder dès leur arrivée à leurs salles de classe. Responsabilisés, rien n’a jamais été détérioré. Une réflexion a aussi été conduite avec les enseignants autour des cours d’éducation physique durant lesquels les élèves ne peuvent porter le masque. Décision a été prise de faire pratiquer le sport à un demi groupe, l’autre moitié participant avec la documentaliste du CDI et des professeurs à une réflexion autour de l’éthique dans le monde sportif. Enfin, un mail hebdomadaire a été adressé aux parents afin de les tenir informés de la situation sanitaire au sein de l’établissement. Transparence oblige.
Après les vacances de la Toussaint, aucun cas de contamination n’a, fort heureusement, été à déplorer. Au cas où un cluster se serait formé, un plan était déjà prêt. L’établissement aurait fermé et tous les enseignements auraient basculé sur Teams. Les professeurs récemment arrivés y avaient été formés afin de ne pas être pris au dépourvu. Les autres avaient eu l’occasion de se roder à cette plateforme de téléenseignement durant le premier confinement. À la moindre contamination, il était prévu que les élèves de seconde viennent en cours une semaine puis ceux de première la suivante, etc. « Tout au long de ce trimestre, chaque semaine, nous nous sommes posé la question : où en est-on ? Que fait-on ? C’était éprouvant pour tout le monde», reconnait Frédéric de Ravinel.
Côté salariés, des personnels Ogec ont opté pour le télétravail. « Certains ont choisi dans un premier temps de télétravailler puis ont décidé de revenir en novembre. Bien sûr, cela a été possible. Nous n’avons rien voulu figer. Nous avons plutôt cherché à mettre en place un dispositif souple», conclut Frédéric de Ravinel.
La bouffée d’oxygène du semi-distanciel
Avec une rotation hebdomadaire des effectifs depuis la Toussaint, Notre-Dame de Challans a retrouvé un peu de recul et de hauteur qui permet aux équipes de mettre l’accent sur la préparation du grand oral.
Au lycée Notre Dame de Challans, 1500 élèves, le choix a été fait, la semaine de la rentrée de la Toussaint de basculer en semi-distanciel. Les effectifs ont été répartis en semaine A et semaine B avec des binômes ou des trinômes d’entraide pour que les élèves restent bien en prise avec le lycée durant leur semaine de distanciel. Certains cours sont filmés et retransmis en ligne en direct, un plan de travail à la semaine est communiqué aux élèves qui travaillent depuis chez eux. Le bénéficie des vacances de Toussaint et l’efficacité des groupes restreints en présentiel a permis à tous de prendre ce nouveau rythme avec bénéfice, selon le directeur adjoint du lycée, Olivier Denis : « Cela a apporté un bouffée d’oxygène bienvenue alors que nous étions dans une course effrénée depuis la rentrée de septembre, avec des horaires modifiés pour organiser quatre pauses méridiennes et des sens de rotation ubuesques alors que notre établissement est justement organisé pour décloisonner au maximum les filières générales, technologiques et professionnelles ! Nous avons retrouvé un peu du temps nécessaire pour prendre du recul, à défaut de pouvoir réellement se projeter… »
Les ajustements Covid du Bac ont été aussi accueillis avec soulagement même si le poids du contrôle continu angoisse un peu les élèves et que des inquiétudes demeurent sur les épreuves de spécialités : « même avec deux sujets au choix, s’ils sont définis au national, cela ne garantit pas que les élèves tombent sur des notions effectivement travaillées car le premier confinement a ouvert un retard dans les apprentissages qui n’est pas encore comblé », estime Olivier Denis.
Le poids du grand oral, a priori maintenu, est également valorisé. « C’est une bonne chose car il contribue à la construction de l’être. Nous multiplions les mises en situation, vidéo à l’appui, durant les cours mais aussi durant les prises de parole, instituées dans notre Vie lycéenne structurée en Maison, groupe d’appartenance qui se substitue aux groupes classes devenus fluctuants depuis la réforme du lycée général. Un conseil pédagogique dédié au grand oral a permis aux équipes de formaliser un ruban pédagogique de tous les événements qui, dans toutes les disciplines, concourent à préparer cette épreuve très transversale. »
Les inscriptions en ligne de mire
Début février commenceront les inscriptions qui ont beaucoup souffert l’an dernier de l’impossibilité de recevoir les familles. « Le travail de constitution des classes a été très pénalisé par ce manque dans la connaissance du jeune » témoigne Olivier Denis qui espère pouvoir mieux anticiper cette difficulté cette année. Ce d’autant plus que l’établissement a vu ses effectifs augmenter, de nombreuses familles préférant jouer la carte de la proximité plutôt que celle de l’internat à Nantes.