Mis à jour le : 10 juillet 2020 / Publié le : 13 mai 2020
Des élèves engagés
Le lycée professionnel Albert-de-Mun, à Paris, fabrique des masques en tissu, en partenariat avec la mairie du VIIè arrondissement qui se charge de les distribuer. Thibault, 17 ans, en 2nde Arts appliqués, participe à cet atelier animé par des élèves de la filière Mode. Une expérience réussie qui lui a donné envie de changer d’orientation…
Propos recueillis par Sylvie Horguelin
Il y a plus d’un mois, le directeur de mon lycée, M. Hauchard, a écrit aux parents d’élèves en les informant qu’il ouvrait deux ateliers : l’un pour fabriquer des masques, l’autre pour préparer des repas pour les soignants. Mon père m’a montré le mail et j’ai tout de suite dit oui. J’y suis allé dès le lendemain ! C’était les vacances de Pâques et je tournais en rond dans notre appartement. L’idée de sortir et de me rendre utile m’a motivé. Depuis, tous les matins, je me rends à pieds à Albert-de-Mun, près du métro Duroc. Je préfère ne pas prendre les transports en commun.
Je marche 40 mn en écoutant de la musique. C’est agréable ! Dès que j’arrive, je monte directement dans les salles de couture où nous produisons environ 350 masques par jour. On doit être en tout une cinquantaine, jeunes et adultes, parmi lesquels des habitants du VIIè arrondissement. Mais comme c’est sur la base du bénévolat, chacun vient quand il veut. Moi, j’y suis tous les jours, de 10h30 à 18h, cela m’occupe.
« C’est très important que nous soyons bénévoles »
On porte des masques bien sûr et toutes les heures, on se lave les mains ou on utilise du gel hydro-alcoolique. En revanche, on ne met pas de gants car pour coudre, c’est difficile. Quand il fait beau, on déjeune dans la cour ; quand il pleut, comme ces derniers jours, on s’installe à la cantine en laissant un mètre de distance entre nous. Ce sont les élèves en filière pro cuisine et hôtellerie qui préparent nos repas avec ceux des soignants.
Nos masques sont 100 % coton et en double épaisseur. On suit un patron. Ce sont des carrés de 20 cm sur 20 cm. On les surfile à la main et on les plie d’une certaine façon. On se répartit les tâches : moi, je suis à la machine à coudre, c’est le plus fun ! D’autres cousent les ourlets pour glisser les élastiques ou repassent. On n’est pas encadrés par des professeurs : ce sont les élèves de la filière pro mode qui apprennent aux autres comment faire.
« Plus tard, j’aimerais dessiner des vêtements »
M. Hauchard passe nous voir dans la journée et il déjeune avec nous. C’est lui qui nous fournit le tissu et les élastiques. De son côté, la mairie vient chercher les masques et se charge de les donner aux hôpitaux, aux SDF ou aux habitants. Rachida Dati est venue nous féliciter. J’ai été filmé en train de lui remettre notre production du jour. Et trois chaînes d’information, BFMTV, CNews et TF1, sont venues faire un reportage. C’est très important pour moi que ces masques soient distribués gratuitement et que nous soyons bénévoles. Surtout dans un tel moment !
J’ai appris à coudre rapidement. Cela me plaît. Et parmi la quinzaine de jeunes que je retrouve tous les jours, j’ai des amis, dont une fille en BTS Mode. Le chef Thierry Marx est aussi venu pour soutenir les cuisiniers. C’est valorisant ! Je suis cette année en 2 nde Arts appliqués mais j’aimerais passer à présent en 1è bac pro Mode. Pour suivre cette filière, il faut des bases de couture que je viens d’acquérir. Plus tard, j’aimerais dessiner des vêtements, imaginer, créer. Plutôt pour les hommes, dans le style des boutiques Sandro, un peu luxe mais pas haute couture.
La solidarité à Albert de Mun,
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