Mis à jour le : 30 janvier 2025 / Publié le : 24 janvier 2025
Scolarisation des jeunes migrants : un accueil indispensable
Ce vendredi 24 janvier célèbre la journée mondiale de l'Education. Un droit fondamental, que l'OIEC (et à travers elle, le Sgec) entend rendre accessible à toutes et tous, notamment à travers des initiatives présentées le 16 janvier lors d'un webinaire «Education et migration», organisé par le comité «Questions migratoires» de la conférence générale des ONG du Conseil de l'Europe. Zoom sur l'une d'entre elles : l'intégration de mineurs isolés dans des établissements scolaires de Loire-Atlantique (44).
L'Office international de l'Enseignement catholique (OIEC) est présent dans 110 pays du monde, pour
210 000 écoles et près de 68 millions de jeunes, dont des jeunes migrants.
Mustafa, Rodrigue et Salah ont tous les trois été accueillis dans l'Enseignement catholique après leur arrivée en France. Une chance pour ces jeunes de s'intégrer et d'obtenir un diplôme mais pas seulement. «Quand un jeune arrive dans une classe, cela booste l'ensemble de la classe car ils sont vraiment très très motivés», témoigne Isabelle Tissier, directrice adjointe du lycée Saint-Félix–La Salle à Nantes. C'est également ce que soulignait Louis-Marie Piron, secrétaire général du Comité européen pour l'Enseignement catholique (CEEC), intervenant lors du webinaire : «Cet accueil est très utile, voire indispensable, pour ces jeunes migrants en termes d’intégration et d’apprentissage. Nous leur devons au titre de l’application de la Charte sociale européenne, et également au nom du respect de leur dignité. Cet accueil est aussi utile, voire nécessaire, pour nos établissements et pour nos élèves. Il leur apporte une ouverture à l’autre différent et il leur apprend à vivre cette ouverture sans crainte. Ceci est essentiel dans un monde qui se crispe, qui se replie sur lui-même, qui se ferme, un monde qui inquiète et qui peut faire peur…»
Autre retour d’expérience partagé lors de ce webinaire suivi par 45 participants de différents pays : celui d’Anne Munro, qui dirige un établissement catholique dans le secondaire près de Glasgow, en Écosse. Elle y accueille depuis plusieurs années de jeunes élèves ukrainiens, ghanéens, philippins… en travaillant particulièrement la notion de communauté. Emanuella Victor-Asia, jeune Nigérianne scolarisée dans son établissement, a témoigné de l’accueil qu’elle a reçu. Celui-ci a « profondément façonné ma perspective sur la diversité, l'inclusion et le pouvoir de la communauté, a-t-elle insisté. La communauté scolaire s'est surpassée pour que je me sente la bienvenue. Les enseignants ont pris le temps de comprendre mon parcours et m'ont encouragée à partager ma culture avec mes camarades de classe. Ce n'était pas seulement une reconnaissance de mes différences. C'était une invitation à les célébrer. »
En Autriche, une autre cheffe d’établissement de l’enseignement catholique a expliqué comment son pays accueillait les jeunes amenés par les différentes vagues migratoires. Après avoir scolarisé de nombreux migrants venus du Moyen Orient depuis 2015, l’Autriche voit arriver depuis 2022 de jeunes réfugiés ukrainiens. Nombre d’entre eux sont scolarisés gratuitement dans le réseau catholique et bénéficient d’un parcours administratif allégé grâce à une bonne collaboration avec l’État et les autorités religieuses. Pour permettre leur intégration, l’École catholique autrichienne mise beaucoup sur la médiation et l’apprentissage par les pairs, impose l’allemand en 2de langue, réalise un important travail avec les parents. Par ailleurs, chaque élève suit un cours d’éducation religieuse selon sa confession ou d’éducation chrétienne s’il n’en n’a pas et participe à des projets interreligieux et interculturels afin que se créent « des ponts entre les différentes cultures » mais aussi une « culture commune ».
Enfin, une initiative originale et facilement duplicable a été présentée par Pierre Klein, d’ATD Quart monde. Il s’agit des groupes Tapori, des cercles de paroles et d’actions pour les 6_12 ans. Il en existe une quarantaine dans 18 pays du monde. Issus de différentes cultures, ces jeunes se réunissent entre eux pour débattre de sujets divers : justice, environnement, pauvreté… et s’ils le souhaitent monter des actions. « Leurs échanges leur permettent de prendre conscience de la richesse de leur culture tout en se familiarisant avec celle des autres et du pays dans lequel ils vivent désormais. Pour des enfants erythréens, notamment, qui vivent beaucoup en communauté, ces groupes sont des espaces de paroles importants. »
En conclusion de ce webinaire, Daniel Guéry, vice-président du Comité des questions migratoires, a salué cette opportunité pour les jeunes migrants d’accéder à cet espace d’expression, « chemin privilégié pour pouvoir prendre confiance en soi et grandir dans une société qui leur est encore inconnue ».
Le prochain webinaire Education et Migration aura lieu le jeudi 3 avril de 17h à 19h. il aura pour thème la Formation universitaire, professionnelle et non formelle