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L'argumentaire d'Alain Bentollila, ci-dessous et le Flyer à télécharger ici

Tout se passe aujourd’hui comme si un nombre de plus en plus grand d’élèves éprouvaient le sentiment d’une immense lassitude scolaire. Ils ne se sentent pas rejetés par l’école, ils doutent simplement de l’intérêt d’y être et plus encore de la légitimité des efforts qu’ils sont censés y fournir.
C’est alors que la tentation de « laisser tomber » peut les inciter à rejoindre, de plus en plus nombreux, la tribu des décrocheurs. Pour la plupart d’entre eux, ce n’est pas l’envie de savoir qui est éteinte, c’est le désir d’apprendre qui a disparu. Cette distance nécessaire entre savoir et apprendre est aujourd’hui mise en cause par certains réseaux sociaux qui célèbrent la
connivence au lieu d’expliciter les différences et qui n’invitent plus au dialogue, mais enferment dans un « entre-soi » parfois délétère.
Le désir d’apprendre de ces élèves ne sera attisé que s’il peut se nourrir de la capacité de l’enseignant de proposer à la singularité de chacun la démarche pédagogique qui correspond à ses capacités, répond à ses besoins, convient à ses attentes. C’est sans doute la meilleure façon
de développer son envie de comprendre et d’apprendre. N’être pas traité comme n’importe qui, savoir qu’il compte pour quelqu’un, qu’il est reconnu, qu’il n’est pas une charge anonyme mais une promesse de continuité, tel est le message que porte une pédagogie différenciée. Celle qui distingue, et ne banalise pas, celle qui encourage au lieu d’écarter. Au-delà de combler l’envie de savoir des élèves, l’intelligence artificielle (IA) doit servir au mieux la volonté magistrale de former l’intelligence de chaque élève de façon singulière. En permettant à l’enseignant d’analyser le profil des compétences de chaque élève, en révélant sa façon parfois inattendue de résoudre un problème, elle fera que le plaisir d’enseigner rencontre le désir d’apprendre.
Chaque élève prendra conscience que l’effort de précision et de rigueur qu’il consent lui donnera plus de liberté de penser par lui-même et plus
de force pour se faire comprendre. Et c’est bien cette conscience commune de « l’élévation scolaire » qui amènera élèves et enseignants à accepter, voire chérir, l’effort d’apprendre et l’engagement à enseigner.