Mis à jour le : 28 mai 2021 / Publié le : 8 avril 2021
Espace scolaire: Retours sur initiatives
S’approprier les espaces scolaires, y conjuguer lieux de vie et d’apprentissage, n’est-ce pas un puissant levier pour transformer l’école et en faire le vecteur de l’éducation intégrale promue par l’Enseignement catholique ? C’est le pari posé par le cycle de rencontres virtuelles organisées courant mai par la Laboratoire national des initiatives du Sgec. Un défi stimulant à en juger par les 2000 inscriptions à cet événement et quelque 300 participants aux quatre temps de découvertes et d’échanges en live autour d’initiatives terrain sur ce thème.
Si la manifestation se clôture le 1er juin par une soirée qui élargit le prisme aux pratiques internationales, la réflexion se prolonge : un espace ressources met à disposition l’intégralité des échanges et un espace privé de mise en réseau accueille tous les acteurs désireux de poursuivre les partages sur la question des espaces scolaires.
Des classes flexibles, multi-niveaux, en plein air, des Fab Lab qui jouent le rôle de tiers lieux éducatifs où se rencontrent étudiants, professeurs, acteurs économiques et associatifs, des cours de récréation modulaires qui remodèlent les interactions entre pairs et avec les éducateurs… C’est un champ d’exploration infini qu’a ouvert le Laboratoire national des initiatives du Sgec avec quatre temps d’échanges en ligne organisés chaque mardi, du 11 mai au 1er juin. L’espace ressources met à disposition les replays, sitographies et bibliographies explorées à ces occasions et permet de poursuivre la réflexion.
Outre l’entrée par lieux : la classe aménagée, la classe éclatée, la cour de récréation et les espaces scolaires à travers le monde, qui suit le déroulé chronologique des soirées quelques axes forts peuvent structurer ces recherches :
Les classe multi-niveaux s’expérimentent déjà avec bonheur dans nombre de petites écoles mais s’invitent désormais dans les collèges, aménagements modulaires à l’appui. Preuve sur le petit collège de l’île de Groix où les espaces ont été réaménagés au profit d’une différenciation pédagogique accrue avec une répartition des élèves évolutive, au fil de la journée dans des espaces aux fonctionnalités particulières : travaux en petits groupe, espace de remédiation ou cours collectifs.
Autre exemple signifiant, au lycée Notre-Dame de Challans qui a pris acte de l’explosion du groupe classe, suite à la réforme du lycée. Les lycéens s’y répartissent en maison, nouveaux groupes d’appartenance structurés autour du tutorat, de l’intelligence collective et d’un suivi élève repensé où les entretiens conseils ont remplacé les conseils de classe à l’ancienne.
A l’école Notre-Dame de Le Hom (14), Anne Cécile Gancel expérimente avec bonheur la classe en plein air où les apprentissages informels et la reconnexion à la nature se mettent au service d’une pédagogie personnalisée du père Faure, qui s’inscrit dans l’esprit de la démarche Montessori.
Au collège Saint-Vincent d’Hendaye, c’est une flotte de vélo mise à disposition des déplacements des élèves qui permet de repenser la relation de l’établissement à l’extérieur et notamment aux parents d’élèves, partie prenante du déploiement de cette mobilité douce.
Le lycée IEC de Tourcoing, lui, s'est doté d'un cube, tout à la fois tiers lieux éducatif de rencontre avec des acteurs du monde professionnel et associatif, studio d'enregistrement audio-visuel et Fab Lab où se réinventent les pratiques d'enseignement.
La participation
Au collège Anne-Marie Javouhey de Brest, le réaménagement des locaux s’est appuyé sur une réflexion participative incluant les élèves, les enseignants et le chef de travaux de l’établissement. L’enjeux : créer un collectif éducatif qui partage le souci d’habiter et d’entretenir les espaces. Des parois végétalisées, une circulation douce, calme et quasi « sans couloir », un CDI ouvert sur la cour sont autant de nouveaux agencements conçus à partir des propositions des élèves. Côté pédagogique, l’organisation de cours en barrette se retrouve facilitée, permettant à certains élèves d’effectuer leur cycle 3 en 2 ans plutôt que trois.
Au collège Sainte-Mérie à Ornans, les élèves réinterrogent les règles tacites d’occupation de la cour entre fille et garçon, dans une démarche d’auto-production d’aménagements permettant de limiter les coûts financiers inhérents à cette réappropriation des espaces scolaires.
Réapprivoiser la notion de risque
En Bretagne, dans les écoles de Monterblanc et de la Vraie Croix, les espaces extérieurs ont été repensés comme des lieux d’expérimentation avec des structures modulaires à l’envie et des arbres à escalader. L’émergence du risque devient vecteur d’une expérimentation accompagnée par des enseignants « qui acceptent de sortir de leur zone de confort tout en veillant de ne pas basculer dans celle du danger ».
A l’école de Villeneuve-sur-Yonne, les enseignants initient les élèves à de nouveaux jeux de cour éducatifs qui ont pacifié le climat des récréations et amènent les élèves de cycle 3 à un partage apaisé des espaces extérieurs.