Mis à jour le : 22 avril 2024 / Publié le : 1 avril 2024
L’Enseignement catholique questionné
En octobre 2022, la publication d’indicateurs de l’éducation nationale a montré que l’écart social se creuse entre les familles du privé et du public. L’Enseignement catholique a entrepris des efforts pour rester ouvert à tous. À quelques jours de la parution d’un rapport parlementaire, La Croix reprend les principaux reproches à ce sujet pour mieux cerner la réalité.
Relations entre l’Enseignement catholique, l’État et les collectivités locales ; une mixité scolaire en recul… Découvrez cette enquête La Croix, en trois volets sur le sujet, complétée par une question : l’enseignement catholique n’est-il pas victime… de son succès ?
École privée catholique : un enseignement élitiste ? (1/4)
La Croix
Isabelle de Gaulmyn
24/03/2024
"L’école catholique est-elle élitiste ? La réalité est plus nuancée, même si l’enseignement catholique, s’il veut s’il veut rester fidèle aux principes de l’Évangile, doit se reposer la question de son positionnement social.
En France, le système éducatif qui laisse une partie de nos jeunes en chemin connaît une crise profonde. L’enseignement catholique, qui se veut présent au monde, ne peut fermer les yeux sur cette réalité.
Ce que l’enseignement catholique appelle l’éducation intégrale
(…) doit être accessible à tous."
"les établissements de Versailles peuvent supporter un taux d’encadrement moins favorable que, par exemple, les établissements de l’académie d’Amiens où les IPS sont plus bas que la moyenne. "
Yann Diraison
Adjoint au Sec. Gal de l'Ens. Catholique
« On ne peut que buter sur la mixité quand les élèves du public qui voudraient nous rejoindre perdent certaines aides et doivent, notamment, payer 7 € un repas qui pourrait être gratuit dans le public »
Jérémy Torresan,
président du SNCEEL
École privée catholique : un enseignement sous contrat mais hors contrôle ? (2/4)
La Croix
Bernard Gorce
Le 25/03/2024
"L’enseignement catholique rappelle que les collectivités locales assistent de droit aux conseils d’administration de clôture des comptes. « Pour les lycées et les collèges, les régions et les départements se déplacent, constate Bernard Roux, directeur diocésain de Poitiers. Mais pour les écoles, les municipalités qui sont invitées sont rarement représentées. »
Bernard Roux,
directeur diocésain de Poitiers
Les quelque 5 000 Ogec, ces associations qui gèrent les établissements forment un réseau très structuré aux niveaux départemental et régional, qui assure un contrôle interne.
Pierre-Vincent Guéret
président de la Fnogec
Enseignement privé catholique : une autre école, d’autres valeurs ? (3/4)
Héloïse de Neuville et Emmanuelle Lucas
La Croix, le 26/03/2024
« On a affaire à tout un panel de familles : de celles qui ne nous trouvent pas assez catho à celles qui trouvent qu’on en fait toujours trop. Saint François de Sales nous a montré la voie pour composer avec les uns et les autres : proposer à tous sans jamais rien imposer à personne »
La Providence à Saint-Malo
« Notre but est qu’un élève qui sorte de chez nous connaisse et ait pu faire l’expérience de la vision chrétienne de l’homme que nous portons. En revanche, que les enfants croient ou pas, je n’ai pas à en juger »
Olivier Hautier.
Chef d'établissement de Saint-Joseph à Reims
« On a le sentiment que certains voudraient faire de l’enseignement catholique, une école publique comme les autres avec option caté, or ce n’est pas ça ! L’enseignement catholique, c’est tout un projet éducatif inspiré de l’Évangile. Il faut faire attention à la volonté ambiante d’uniformiser le climat scolaire. »
Mgr Benoît Rivière, évêque
d’Autun et psdt du Conseil épicopal
pour l’enseignement catholique
« Notre-Dame de Bellegarde est un établissement écolabellisé dont tout le projet pédagogique est irrigué par l’encyclique Laudato si’.« Nous l’avons décliné en trois axes : apprendre à prendre soin de soi, des autres et du bien commun », liste Catherine Redon. De là ont germé des tas de projets pédagogiques : relaxation, yoga, mais aussi visites de la synagogue et de la mosquée voisines, « afin de connaître l’autre ». Sans compter divers projets solidaires : cross pour financer une école à Ouagadougou, pyramide de boîtes de conserve pour les Restos du cœur, ou carnaval avec les résidents d’un hôpital gériatrique…
Tout cela est possible grâce à l’autonomie des chefs d’établissement du privé. (...) Cette souplesse pédagogique est jugée « intéressante » par le neuropsychologue Johannes Ziegler, membre du conseil scientifique de l’éducation, qui confirme ce côté foisonnant. « Il est vrai que les enseignants du privé sont facilement partants pour mener des expérimentations dans leur classe. C’est stimulant », estime-t-il.
Ces questions, qui traversent la communauté éducative, ne semblent pas entamer la confiance des familles, qui plébiscitent l’école de leurs enfants, comme le montre encore le sondage de l’Apel. Les récentes polémiques qui ont porté, par exemple, sur Stanislas à Paris, n’y ont rien changé. « Certains parents sont agacés, d’autres peut-être en colère, mais l’immense majorité ne reconnaît absolument pas l’école de leurs enfants dans la caricature qui en est faite », juge Gilles Demarquet, le président de l’Apel. »