Publié le : 16 janvier 2020
L’avenir des congrégations sous le signe de la fidélité créatrice
Les 7 et 8 janvier derniers, à Montreuil (93), l’Urcec (Union des réseaux congréganistes de l’enseignement catholique) a tenu sa session annuelle sur le thème : « Responsables les uns des autres ».
Aurélie Sobocinski
La session annuelle de l’Urcec (Union des réseaux congréganistes de l’enseignement catholique), organisée au Palais des congrès de Montreuil (93) les 7 et 8 janvier derniers, a voulu offrir un nouveau cadre de partage et de réflexion à ses 250 participants venus de toute la France malgré les mouvements sociaux. Pour la première fois, les responsables en proximité des réseaux et instituts congréganistes (chefs d’établissement, conseillers de tutelle, directeurs des centres de formation, responsables de la pastorale, de la communication, de la gestion) ont été invités à participer aux côtés des autorités et délégués de tutelle à ce rendez-vous national, manière très concrète d’entrer dans le thème retenu pour ces deux journées : « Responsables les uns des autres ».
Suite aux rencontres régionales organisées à l’automne dernier, où l’Urcec et ses acteurs ont marqué leur volonté de prendre part à la démarche prospective engagée dans l’enseignement catholique, cette session avait pour ambition d’aller plus loin sur ce sujet crucial, via la mise en œuvre d’une réelle responsabilité en partage. « On ne peut plus se contenter d’être dans un côte à côte. Il y a un tournant crucial, global à prendre et à construire ensemble dans la manière de penser la mission et d’exercer la tutelle pour que nos traditions puissent continuer d’irriguer l’enseignement catholique sur nos territoires, a souligné le président Jean-Noël Charmoille, dans son discours d’introduction. N’ayant plus les mêmes moyens qu’hier pour faire vivre celles-ci, comment s’organise-t-on dans une interdépendance féconde ? »
Retrouver l’audace des fondateurs
Dans un format collaboratif facilité par Jean-Jacques Erceau, secrétaire général de l’Urcec, et Yves-Armel Martin, fondateur du Bureau des possibles, les participants – par équipe de huit – ont été invités à requestionner la raison d’être des réseaux et leur capacité à répondre aujourd’hui aux besoins et aux attentes des territoires.
Selon l’économiste Elena Lasida, l’un des grands témoins de ces journées, il y a nécessité aujourd’hui d’« innover », c’est-à-dire « de retrouver la capacité d’audace de vos fondateurs, c’est là qu’est la fidélité à la mission ! Pour inventer du nouveau, il faut sortir de l’entre soi et vous avez la chance dans votre réseau d’être déjà un lieu d’entre deux où coexistent religieux et laïcs ! », a-t-elle souligné.
Du partage d’expériences au travail de diagnostic autour des réalités difficiles vécues dans certains réseaux mais aussi des richesses et points d’appui ouvrant à d’autres manières de faire et de s’organiser, jusqu’au voyage prospectif proposé pour imaginer l’enseignement congréganiste en 2040, la session, en invitant à un dialogue accru et à une pédagogie de l’action collective, visait à faire émerger des pistes concrètes d’action communes pour les années à venir.
La question de la place des laïcs
« Tout l’enjeu aujourd’hui est de créer des liens et des lieux avec l’envie de s’engager dans cette société qu’il nous est demandé d’aimer », a pointé Dominique Quinio, présidente des Semaines Sociales de France et autre grand témoin de cette session. Trois chantiers ont été identifiés, parmi lesquels celui de l’établissement comme lieu de mission et non plus comme une finalité en soi.
« Il y a chez les acteurs une prise de conscience : la tutelle n’est pas là pour délivrer des brevets de conformité, mais pour soutenir la fécondité ! Ce point d’ancrage nouveau invite à requestionner son exercice en proximité ainsi que sa capacité à favoriser l’engagement de tous les acteurs », se réjouit Michel Bertet, directeur de la formation pour l’Urcec.
Dans ce mouvement, la question de la place des laïcs devient essentielle, avec des pistes nouvelles à explorer ensemble (fondation de tutelles canoniques dont le responsable est un laïc, associations publiques de fidèles autour d’un charisme). Autre défi : celui de l’approfondissement de la collaboration inter-réseau en matière de formation, de recherche et d’approfondissement des enjeux et pratiques liés à l’acte éducatif, ainsi que d’accompagnement des communautés éducatives. L’Urcec doit désormais veiller à la mise en œuvre de ces chantiers et à leur appropriation au sein des territoires, via l’organisation de nouvelles rencontres régionales dans le prochain semestre. « On voudrait que cela débouche sur la création de vrais outils au service de cette responsabilité de partage. Beaucoup de choses sont à inventer ! », indique Jean-Noël Charmoille.