Publié le : 9 décembre 2025
Les enseignants et la laïcité
À l’occasion de la Journée nationale de la laïcité, retour sur un temps de formation organisé le 2 mai 2025 pour les enseignants d’un ensemble scolaire de Saint-Omer (62). Une session destinée à rappeler les spécificités du concept de laïcité dans l’Enseignement catholique.
Le 2 mai dernier, à Saint-Omer (62), les 110 enseignants et personnels de l’Escap, réunissant les collèges et lycées de Saint-Bertin, Notre-Dame-de-Sion et de Saint-Denis, ont bénéficié d’une journée de formation sur la laïcité dispensée par quatre formateurs de l’IFP des Hauts-de-France.
Devant une trentaine de professeurs, Anne-France Hun, elle-même enseignante en histoire-géographie à Amiens (80) et responsable du Master Meef pour l’IFP, en a rappelé les grands principes : « La laïcité ne doit pas être vécue comme une contrainte : elle garantit au contraire que chacun puisse exercer sa foi, dans la limite du respect de l’ordre public. » Elle a présenté des repères historiques et juridiques pour faire comprendre ses spécificités dans le cadre de l’Enseignement catholique : « Du fait de notre caractère propre, nous ne sommes pas soumis à la charte de la laïcité. Bien qu’agents de l’État, les enseignants ne sont pas tenus au devoir de neutralité et peuvent partager leurs convictions, mais sans prosélytisme. Le port de signes ou de vêtements religieux n’est pas interdit, sauf mention contraire dans le règlement intérieur. Des temps de célébration peuvent en outre être organisés hors temps scolaire et proposés aux élèves qui le souhaitent », a détaillé la formatrice.
Après cette contextualisation, place au jeu réalisé par l’IFP des Hauts-de-France, à partir de problématiques vécues en établissement. « Un professeur de SVT est interpellé sur la théorie de l’évolution par des parents qui l’estiment injustifiée dans un établissement catholique… » Par groupes de cinq, les enseignants ont réagi en s’aidant de cartes bleues, vertes et rouges indiquant les points de vue de l’Église, du monde éducatif et du droit.
Une professeure de musique s’est lancée : « Les élèves doivent suivre tous les enseignements correspondant à leur niveau, nous dit le droit. Les cartes Église et Éducation vont dans le même sens. » Même réponse pour un cours de natation que des parents réprouvent du fait de la mixité entre filles et garçons : « Il faut rassurer les familles sur la présence de vestiaires séparés, insister sur le fait qu’apprendre à nager peut sauver la vie de leur enfant, tout en prenant avec délicatesse cette question de pudeur », a observé Anne-France Hun.
Concernant les demandes de repas halal, « la composition des menus relève du choix de chaque établissement », a souligné la formatrice. La problématique suivante a suscité davantage d’hésitation : « Une élève refuse de retirer son voile en classe, arguant qu’elle a le droit de le porter dans l’Enseignement catholique… Si rien n’est mentionné dans le règlement intérieur à ce sujet, elle en a effectivement le droit, d’où la nécessité de travailler ce règlement », a confirmé la formatrice. C’est justement au décorticage de règlements intérieurs que se sont employés les participants l’après-midi, pour en retirer les bonnes pratiques.
UN DÉPLOIEMENT À RENFORCER
Depuis 2022, 197 formateurs laïcité ont formé près de 7 000 enseignants du réseau de l’Enseignement catholique, en deçà de l’objectif initial, même si les demandes de formation ont augmenté en trois ans et que le taux de satisfaction atteint 88 %.
Parmi les freins, une récente enquête du Sgec pointe une méconnaissance de la formation et un sujet parfois perçu, à tort, comme une neutralisation de la dimension chrétienne du projet éducatif.
Plusieurs pistes sont envisagées pour booster le déploiement : le rappel du caractère obligatoire de la formation (arrêté du 16 juillet 2021), des modules courts de sensibilisation, la mutualisation des formateurs, une logistique facilitée et une prise en charge financière.